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Chantiers: Montréal refuse «une demande sur deux» pour améliorer la circulation

Escouade mobilité chantiers
Photo: Josie Desmarais/Métro

Afin de permettre une meilleure mobilité aux Montréalais à l’aube de la saison estivale, l’administration Plante choisit cette année de refuser une demande sur deux pour des permis de construction au centre-ville. Une proportion «record» depuis les années 80, d’après le responsable des infrastructures routières au comité exécutif, Sylvain Ouellet.

«On a dû faire des choix et en évaluant l’ensemble des impacts, c’est le constat qu’on fait. Il ne faut pas que le centre-ville soit complètement englué dans les chantiers», a-t-il plaidé jeudi, soulignant que le «niveau de tolérance» des Montréalais avait été atteint. Quelque 400 chantiers sont en cours actuellement.

La Ville investira ainsi quelque 766 M$ dans des travaux, dont 388 M$ seront consacrés au réseau de l’eau pour refaire plus d’une centaine de kilomètres de conduites d’égout et d’aqueduc et 306 M$, à la voirie. Une somme de 72 M$ sera aussi réservée à l’aménagement des rues; un peu plus de 275 km de chaussée ainsi que 13 ponts ou tunnels doivent être remis à neuf.

«Ce n’est pas une situation agréable, mais on ne peut pas juste rien faire», a laissé tomber M. Ouellet.

La métropole revient selon lui «de très loin» en matière de construction. «Lors des fusions municipales en 2001-2002, on avait évalué que, pour l’île au complet, 20 M$ étaient investis dans le réseau routier. Ce sont des peanuts, a-t-il illustré. On avoisine aujourd’hui le demi-milliard et on sait qu’il y a encore des besoins.»

Ce «laisser-aller épouvantable» des dernières années est, aujourd’hui, «subi par tous les Montréalais», qui ont vécu au fil des dernières années une augmentation fulgurante des chantiers. Ce pourquoi il faut, d’après M. Ouellet, retrouver un certain «équilibre».

«On n’est pas tout le temps obligé d’éventrer la rue. En surface, ça coûte moins cher et il y a moins d’impacts pour le citoyen. Autant que possible, on le fera, sauf sur des chantiers comme Sainte-Catherine où les tuyaux à remplacer datent d’avant la Confédération canadienne» –Sylvain Ouellet

Cette saison, la Ville a ciblé une dizaine de chantiers «prioritaires» auxquels elle compte d’abord s’attaquer. Parmi ceux-ci, on compte le réaménagement de la rue Saint-Grégoire, la revitalisation du quartier Griffintown, les travaux sur la rue Sainte-Catherine, celui du SRB Pie-IX ou encore les chantiers des rues Saint-Hubert et Peel.

Nouvelle charte, nouvelle escouade
Après l’Escouade mobilité en août dernier, Montréal créé l’Escouade des chantiers, avec pour objectif «d’en avoir pour son argent» auprès de ses partenaires.

La nouvelle équipe, formée de 6 employés, fera des visites surprises sur les chantiers pour déterminer si les exigences de la Ville y sont respectées, autant par l’entrepreneur que par le surveillant. «C’est simplement de s’assurer qu’on ait la qualité de ce qu’on demande. Il y a des erreurs qui ne sont pas faites de mauvaise foi, mais qui sont là quand même», a illustré le responsable.

Une nouvelle Charte des chantiers cherchera de plus à s’attaquer à l’uniformisation des mesures de mitigation. «On veut limiter la nuisance, on le fait déjà beaucoup, mais ce n’est pas écrit, ce n’est pas formalisé. C’est ce qu’on veut faire», a illustré M. Ouellet.

La charte, qui s’appliquera dès 2020 à tous les partenaires de la Ville, promet aussi de s’attarder à l’accessibilité universelle à proximité des chantiers. Des meilleures méthodes de communications avec les citoyens ainsi qu’un usage «plus optimal de matériaux respectueux de l’environnement» seront aussi mises de l’avant.

L’opposition furieuse
Le chef d’Ensemble Montréal, Lionel Perez, était tout feu tout flamme après l’annonce de la Ville. «Si on avait besoin d’une preuve irréfutable du fait que l’administration Plante promet trop et ne livre pas, on l’a aujourd’hui», a-t-il martelé.

Il déplore que la Ville avait promis l’an passé, dans son budget, de livrer 1,2G$ en infrastructures, mais que la réalité soit toute autre aujourd’hui.

«Tout d’un coup, l’investissement pour 2019 est passé à 762M$. C’est presque la moitié de l’investissement en un an. Que s’est-il passé? Ils ont réalisé qu’ils n’étaient pas capables de livrer» -Lionel Perez, chef de l’opposition

Il s’en est aussi pris à la réduction du nombre de chantiers, estimant «qu’il y a plusieurs autres solutions, comme le fait de se donner plus de leviers et d’imposer davantage de pénalités financières» aux contracteurs.

Le comble, selon lui, est que le Charte des chantiers était une idée que son parti avait proposé à la fin de l’année 2017.

«On était arrivés avec un exemple de la charte qu’on proposerait. L’administration nous a répondu que c’était une mauvaise idée, que sa priorité, c’était l’Escouade mobilité», a-t-il soutenu, ajoutant que cette dernière «n’a pas les résultats escomptés».

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