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«Blitz de surveillance» contre les immobilisations de véhicules dans les bandes cyclables

Un camion se tenant dans une voie cyclable peut causer de sérieux dangers, disent élus et organismes. Photo: Facebook

Le Service de police de la Ville de Montréal (SPVM) lance ce mois-ci un «blitz de surveillance» contre les automobilistes qui immobilisent temporairement leur véhicule dans une bande cyclable. Cette infraction bien connue des cyclistes dans la métropole aurait fait l’objet de sérieuses discussions entre des élus municipaux et les autorités policières.

«C’est un fléau, c’est un irritant, voire même un frein à l’utilisation du vélo pour certaines personnes», condamne la conseillère du district De Lorimier, Marianne Giguère, en entrevue avec Métro. Elle déplore que si l’aménagement des bandes cyclables n’est pas bien protégé, «c’est très facile pour des livreurs ou des taxis de s’y stationner, plutôt que d’aller chercher un espace libre un peu plus loin.»

Or, pour un cycliste, immobiliser la voie se révèle «particulièrement dangereux», surtout quand la piste se trouve dans des routes à sens unique pour la circulation automobile, mais à double sens pour les vélos.

«C’est le cas sur Laurier-Est, entre Papineau et Saint-Laurent. Le cycliste se voit obligé de s’engager face aux voitures qui viennent devant lui. Le matin, avec des enfants, c’est super risqué. C’est un turn off.» -Marianne Giguère

D’autant plus qu’à Montréal, le SPVM et les cyclistes ont un dialogue à reconstruire, convient Mme Giguère, qui fait elle-même du vélo sur une base quasi-quotidienne. «Les policiers ont mauvaise presse chez les cyclistes, qui ont souvent l’impression qu’on s’acharne sur eux. Même si le dialogue est amorcé, il y a encore des liens de confiance qui sont brisés», analyse-t-elle.

Faire la démonstration, dans ce contexte, que les autorités policières sont vivement préoccupées par la sécurité des vélos «aide à rétablir le lien», poursuit-elle, soulignant que la «vraie solution» serait toutefois de «mettre à niveau le réseau cyclable pour transformer ces bandes en pistes protégées», par l’installation de bollards par exemple.

Interventions ciblées
Pour assurer l’efficacité de ses interventions, la police de Montréal a ciblé une douzaine de bandes cyclables considérées comme les plus «à risque», de concert avec des citoyens, des élus et des organismes.

«Sans vouloir amenuiser les problèmes aux extrémités de l’île, c’est sûr que la situation n’est pas la même sur le Plateau ou dans les quartiers centraux, explique à Métro le chef aux communications du SPVM, André Durocher. La densité de la population et la concentration de cyclistes doit être prise en compte.»

«Depuis quelques années, la Ville a vraiment élargi le circuit des pistes et des bandes cyclables. Ça créé plus d’infractions possibles. Certains automobilistes le font volontairement, mais d’autres ne connaissent tout simplement pas les règles. D’où l’importance d’en parler.» -André Durocher

Le SPVM entend d’ailleurs «donner d’autres blitz» cet été «en fonction du secteur» pour avoir le maximum d’impact. «C’est une problématique qui risque de s’accroître si on n’y voit pas», reconnaît M. Durocher.

Sur le Plateau-Mont-Royal, les axes Laurier, Saint-Urbain et Des Pins seront ciblés. Dans Rosemont-La-Petite-Patrie, les rues Bellechasse et Saint-Dominique le seront aussi. C’est l’arrondissement de Ville-Marie qui est toutefois le plus touché, avec les pistes sur McGill College, Viger, Saint-Antoine et Président-Kennedy qui seront surveillées. Dans Ahuntsic, les rues Gouin et Lajeunesse feront aussi l’objet d’une supervision plus accrue.

Mobilisation citoyenne
Sur le groupe Facebook #dansmapiste, plus d’un millier de cyclistes à Montréal témoignent de l’abondance de cette infraction, photos à l’appui, depuis quelques années. «Classique coin laurier/Chambord. Blocage de la piste en sens inverse, pas moyen pour les voitures de voir si des piétons ou cyclistes approchent… Bordel instantané», y écrivait hier une internaute.

«Ce groupe-là a été un vrai succès pour avoir un impact et se rendre compte à quel point le stationnement dans les bandes cyclables est un problème majeur», explique à Métro le porte-parole de Vélo Fantôme Montréal, Alain Deschamps.

Ce «blitz» tombe à point, d’après lui.

«C’est quelque chose qu’on attendait avec impatience. La réponse systématique des automobilistes, quand ils s’immobilisent, c’est de dire que ça ne prendra que deux minutes. Moi, je leur réponds toujours que deux minutes, ça peut coûter une vie.» -Alain Deschamps

Plus qu’un manque de courtoisie pour les cyclistes, le geste «met directement la personne à vélo en conflit avec l’automobiliste», renchérit M. Deschamps. «Ça devient une question d’égalité en quelque part, raisonne-t-il. On est très contents de voir que le SPVM est plus à l’écoute du problème que ça pose.»

Même son de cloche pour la présidente de Vélo-Québec, Suzanne Lareau, qui voit l’initiative d’un très bon oeil. «Il faut sensibiliser les automobilistes au fait que les bandes cyclables, ce n’est pas du stationnement», clame-t-elle. Elle estime que «sur des rues passantes», la Ville devrait considérer l’aménagement «plus fréquent» de clôtures de béton ou de protections physiques «pour rassurer les cyclistes».

Les automobilistes qui se stationnent dans des voies cyclables s’exposent à des contraventions de 170$.

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