Congestion routière: plus de transport en commun nécessaire pour réduire l’usage de la voiture
Malgré les désagréments causés par la congestion routière, plus de la moitié des résidents du Grand Montréal continuent d’opter pour la voiture pour se déplacer quotidiennement, selon un récent sondage. Une preuve, selon des experts, que plus d’investissements en transport en commun sont nécessaires.
L’Association canadienne du transport urbain (ACTU) a publié mardi un sondage réalisé en avril par la firme Léger, qui a recensé les opinions de plus de 2800 citoyens de six grandes villes canadiennes, dont Vancouver, Toronto, Montréal et Québec, afin d’en savoir plus sur leurs habitudes de déplacement.
Alors que 54% des répondants du Grand Montréal ont affirmé que leur mode de transport principal est la voiture, plus de 80% des quelque 500 citoyens sondés ont indiqué que la congestion routière est problématique.
«La congestion est un problème, dans le centre-ville, mais aussi dans l’ensemble de la région», a souligné à Métro le président-directeur général de l’ACTU, Marco D’Angelo, qui a rappelé que les coûts sociaux et environnementaux de la congestion routière dans la région métropolitaine sont évalués annuellement à «plusieurs milliards de dollars».
Bien que 93% des répondants de la région estiment que le transport en commun contribue à réduire la congestion routière, plus de la moitié des résidants du Grand Montréal sondés ont indiqué qu’ils se déplacent principalement en voiture. En comparaison, 36% des gens interrogés privilégient avant tout le transport collectif.
Une situation qui démontre que l’offre en transport collectif est insuffisante pour «couper dans la congestion», dont l’ampleur est grandissante dans le Grand Montréal, estime le chargé de cours Pierre Barrieau, qui enseigne la planification du transport dans plusieurs universités de la province.
«Actuellement, vivre dans le Grand Montréal sans voiture, c’est très difficile […] Souvent, le transport en commun n’est pas compétitif dans les secteurs où les gens se déplacent», a déclaré l’expert en parlant de la banlieue.
«La voiture est de plus en plus utilisée parce que l’augmentation du service de transport collectif est insuffisante. Donc, en ce moment, c’est la voiture qui gagne», a renchéri M. Barrieau, qui estime que les différents paliers de gouvernement doivent «aller plus vite en termes d’investissements en transport collectif», particulièrement dans les secteurs de la région moins bien desservis.
Rapidité et fréquence
Selon le président de Trajectoire Québec, François Pepin, pour que plus d’automobilistes acceptent de prendre l’autobus pour se rendre au travail, il faut que cette alternative «soit rapide», ce qui implique d’aménager plus de voies réservées et d’augmenter la fréquence du transport collectif.
«Dans les quartiers résidentiels en banlieue, le premier arrêt d’autobus peut être loin», a illustré M. Barrieau.
Dans une déclaration écrite envoyée à Métro, le responsable de l’urbanisme et de la mobilité au comité exécutif, Éric Alan Caldwell, a affirmé que son administration travaille «ardemment» à bonifier le réseau de la Société de transport de Montréal, qui a récemment fait l’objet d’un investissement de 1,7 G$ visant à améliorer les infrastructures du métro d’ici 2025.
Ce sondage indique par ailleurs qu’environ 20% des résidents du Grand Montréal considèrent que le transport en commun est sous-développé dans leur région.
«Ça dépend des secteurs. Les gens du Plateau-Mont-Royal vont dire que c’est bien développé, mais c’est sûr que les gens en banlieue vont avoir l’impression que le transport en commun est déficient», a commenté François Pepin.