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Déception et inquiétudes à Montréal après l’adoption de la loi sur la laïcité

Valérie Plante
La mairesse de Montréal, Valérie Plante. Photo: Josie Desmarais/Métro

Tant la mairesse de Montréal Valérie Plante que l’opposition officielle à l’hôtel de ville ont fait part lundi de leur déception et de leurs inquiétudes à la suite de l’adoption du projet de loi 21 sur la laïcité des employés de l’État, ce week-end.

«Je pense que c’est un jour sombre pour le Québec et Montréal en particulier. On vient de légitimer une discrimination basée sur une minorité», a réagi lundi le chef d’Ensemble Montréal, Lionel Perez, quelques minutes avant le début de l’assemblée du conseil municipal. 

Dimanche soir, le gouvernement de la Coalition avenir Québec (CAQ) a fait adopter le projet de loi 21 sur l’interdiction des signes religieux en ayant recours au bâillon, une mesure exceptionnelle qui permet au gouvernement de limiter la durée du débat afin d’accélérer l’adoption d’une motion ou d’un projet de loi.

«C’est décevant parce que le but de cet exercice en chambre, c’est de pouvoir améliorer un projet de loi, d’apporter des préoccupations et des nuances», a souligné la mairesse de Montréal, Valérie Plante. 

Respecter la loi
À la mi-avril, l’administration municipale et l’opposition ont uni leurs voix dans une déclaration commune pour une «laïcité ouverte» à Montréal, sans toutefois réclamer explicitement que la métropole soit exemptée de l’application de cette loi.

«Ce qu’on a souhaité depuis le début, c’est d’amener des éléments qui vont influencer l’entièreté du projet de loi», a rappelé Mme Plante, déplorant que le gouvernement ait inclus une clause de dérogation dans sa loi pour contourner certains articles de la Charte canadienne des droits et libertés. 

La loi adoptée ce dimanche prévoit l’interdiction du port de signes religieux par tout employé de la fonction publique en situation d’autorité, ce qui comprend entre autres les professeurs du réseau public, les juges, les policiers et les gardiens de prison.

Elle prévoit toutefois une clause de «droit acquis» qui permet aux employés de la fonction publique déjà en poste d’être exemptés de celle-ci. L’interdiction du port de signes religieux ne s’applique également pas aux élus municipaux.

«J’ai de grandes réserves, de grandes préoccupations. Je m’inquiète pour la population montréalaise. À mon avis, c’est une loi qui répond à un faux problème. Ceci étant dit, c’est une prérogative du gouvernement du Québec et je vais la respecter», a ajouté Mme Plante. La loi concerne toutefois les agents de la paix du Service de police de la Ville de Montréal (SPVM) ainsi qu’«une dizaine d’employés» du service du greffe, a indiqué la mairesse de Montréal.

Valérie Plante a aussi fait part de ses inquiétudes sur la manière dont sera appliquée cette loi, qui autorise l’application de mesures disciplinaires à l’égard des employés d’État qui dérogeront à celle-ci.

«Ce qu’on veut éviter, ce sont des dérapages. On veut éviter que la population applique la loi en fonction de sa compréhension.» Valérie Plante, mairesse de Montréal

Montréal plus affectée
Lundi, une étudiante musulmane et diverses organisations ont fait part de leur intérêt de faire appel aux tribunaux pour contester cette loi.

«Malheureusement, on va faire face à des cas qui vont être médiatisés et qui vont marginaliser certains groupes et on va justement s’attaquer à cette cohésion sociale pour un problème qui, à la fin de la journée, n’existe pas», a déploré Lionel Perez.

Ce dernier craint que ce projet de loi n’incite des immigrants à s’établir dans une autre province, ce qui affecterait directement Montréal, qui accueille annuellement la grande majorité des nouveaux arrivants du Québec, a-t-il rappelé.

La mairesse Plante a pour sa part indiqué qu’elle allait continuer de «porter ses préoccupations» à Québec afin de «défendre ceux qui sont affectés par ce projet de loi, entre autres les femmes».

La Ville n’entend toutefois pas user des tribunaux pour contester cette loi.

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