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Prolongement de la ligne bleue: craintes et espérances pour les commerçants

Photo: Archives Métro

Le prolongement de la ligne bleue du réseau du métro de Montréal donne beaucoup d’espoir aux commerçants de la rue Jean-Talon Est, qui appréhendent néanmoins les impacts des travaux à venir sur leur chiffre d’affaires.

«J’espère que ça va être pour de vrai cette fois-ci parce que Saint-Léonard a besoin d’un petit boost pour ramener ça comme c’était avant», confie à Métro Robert Spiridigliozzi, propriétaire du Café Buongiorno, situé sur la rue Jean-Talon Est, dans l’arrondissement de Saint-Léonard. 

Le gouvernement fédéral a confirmé jeudi sa participation financière, qui s’élève à 1,3G$, au projet de prolongement de la ligne bleue sur une distance de 5,8 km de la station de métro Saint-Michel jusqu’à Anjou.

«C’est très positif. C’est seulement qu’avec l’élection fédérale qui s’en vient, est-ce que c’est un engagement ou une promesse?» Paul Micheletti, président de la Société de développement commercial Jean-Talon Est

Selon les estimations du ministère des Transports du Québec, ce prolongement, attendu depuis une quarantaine d’années, permettrait de générer la création de 8700 emplois dans la zone entourant le tracé en plus de stimuler la construction potentielle de 12 000 logements.

«D’après moi, c’est positif. On va voir moins de trafic et ça va changer la démographie. Avec la construction de logements, ça va amener de la nouvelle clientèle», estime M. Spiridigliozzi. 

Un constat que partage Nick Fiasche, courtier immobilier et ancien président de la Chambre de commerce de Saint-Léonard.

«En général, c’est sûr que ça va être un atout. On va faire venir plus de personnes. Saint-Léonard va devenir plus central», souligne-t-il, notant que le prolongement de la ligne bleue vers l’est permettra de permettre l’accès direct à l’arrondissement en métro. 

Inquiétudes
Dès cet été, la Société de transport de Montréal (STM) tiendra des travaux d’arpentage et des études géotechniques, qui impliquent des forages et des levées sismiques, le long du tracé du prolongement de la ligne bleue en prévision des travaux de construction des stations, qui s’échelonneront de l’hiver 2021 à l’automne 2026.

«Dès qu’on parle de travaux majeurs sur une rue, on se questionne à savoir si les commerçants vont être capables de survivre et on se demande comment on peut les aider à survivre», confie à Métro le président de la Société de développement commercial (SDC) de la rue Jean-Talon Est et propriétaire d’un magasin d’équipements sportifs sur cette artère routière, Paul Micheletti. 

Le prolongement de la ligne bleue a d’ailleurs «mis sur la glace» un projet de réaménagement de 2,1 km de l’artère routière évalué à 15M$ que la Ville de Montréal prévoyait entamer l’an dernier. Les travaux devaient notamment permettre de verdir davantage la rue Jean-Talon Est et d’aménager des places publiques sur cette artère, qui compte de nombreux espaces commerciaux vacants.

«On ne peut pas attendre à 2026, ça va être un désastre», ajoute M. Micheletti, qui demande à la STM de s’asseoir aux côtés de la SDC pour bien «planifier» les travaux à venir et ainsi éviter que des commerces ferment leurs portes pendant ceux-ci. 

«C’est sûr qu’il va y avoir un temps d’ajustement quand ils vont commencer à faire des trous dans les rues. Il va y avoir des détours et des gens qui vont souffrir», prévient Nick Fiasche. 

La STM affirme pour sa part être «sensible aux préoccupations du milieu». Son porte-parole, Philippe Déry, note par ailleurs que des «mesures de mitigation efficaces» seront mises en place pendant les travaux, en collaboration avec la SDC de la rue Jean-Talon Est.

«Des plans de maintien de circulation seront établis, en collaboration avec la Ville de Montréal et les arrondissements concernés, pour minimiser les impacts sur les déplacements dans le secteur tout en couvrant les besoins pour assurer le déroulement efficace des travaux», ajoute M. Déry.

 

Prolongement de la ligne bleue

Congestion routière
Selon des «données préliminaires» de l’Autorité régionale de transport métropolitain (ARTM), les cinq nouvelles stations de la ligne bleue devraient transporter 87 000 passagers par jour et entraîner une réduction de plus de 5000 voitures des routes quotidiennement.

«La réalité, c’est que la ligne bleue va surtout améliorer les déplacements des citoyens des autobus vers le métro», souligne pour sa part le chargé de cours Pierre Barrieau, qui enseigne la planification du transport dans plusieurs universités québécoises.

Contacté par courriel, le porte-parole de l’ARTM, Simon Charbonneau, indique par ailleurs que les analyses des impacts du prolongement de la ligne bleue sur l’engorgement de la ligne orange du métro «sont en cours d’actualisation» et ne sont donc «malheureusement pas disponibles».

«La ligne bleue nous amène encore plus de gens sur la ligne orange […] Il va falloir construire des lignes de métro ou de tramway supplémentaires parce que le réseau actuel ne permet pas de répondre à la demande.» Pierre Barrieau, chargé de cours

Le président de l’organisme Trajectoire Québec, François Pepin, note pour sa part que les impacts du prolongement de la ligne bleue sur l’engorgement de la ligne orange pourraient être limités par l’arrivée dans les prochaines années d’autres alternatives en transport en commun, comme le service rapide par bus sur le boulevard Pie-IX ainsi que le Réseau express métropolitain, qui croisera la ligne bleue du métro à la station Édouard-Montpetit.

La facture du projet, d’abord évaluée à 3,9G$, devrait atteindre 4,5G$, notamment en raison de dépenses supplémentaires reliées aux expropriations, selon les dernières estimations du gouvernement Legault.

 

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