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École Félix-Leclerc: la CSDM réclame 7,7 M$ à un entrepreneur

L'école Félix-Leclerc, dans le quartier Côte-des-Neiges, fait des travaux d'aggrandissement. Photo: Josie Desmarais/Métro

Alors que les travaux s’éternisent et que des problèmes de moisissure dans le nouveau gymnase de l’école Félix-Leclerc forcent la démolition de celui-ci avant même que des élèves aient pu y mettre les pieds, la Commission scolaire de Montréal (CSDM) souhaite se faire entendre en Cour supérieure pour réclamer près de 8M$ à l’entrepreneur responsable de ce chantier, a appris Métro.

La CSDM a fait parvenir récemment une demande introductive d’instance à la Cour supérieure pour demander à cette dernière de condamner le promoteur immobilier Socam, qui a obtenu en 2014 le contrat d’agrandissement de cette école primaire du quartier Côte-des-Neiges, à lui remettre 7 700 037$, «le tout avec les frais de justice».

Cette demande en Cour supérieure vient ainsi s’ajouter à une poursuite d’un demi-million entamée il y a quelques mois par la CSDM à l’égard du Groupe Socam pour sa mauvaise gestion du chantier, qui comprend notamment l’ajout d’un nouveau gymnase.

«C’est une saga qui va se poursuivre tant qu’il n’y aura pas eu une enquête sérieuse pour faire la lumière sur toute cette affaire.» -Imane Allam, commissaire représentant le comité de parents à la CSDM

Imprévus
Les travaux, entamés à l’été 2014, ne devaient au départ durer qu’un an. La CSDM n’avait toutefois pas prévu que ce chantier rencontrerait autant d’embûches, notamment en raison de la vétusté du bâtiment existant, construit dans les années 1950, qui en fait l’école la plus vétuste de son parc immobilier.

«En raison de l’instabilité du gymnase existant auquel devait se rattacher le nouveau bâtiment, différents travaux non prévus au contrat ont dû être exécutés afin de sécuriser et de consolider le gymnase existant», explique la CSDM dans sa demande introductive d’instance, que Métro a pu consulter.

Une inspection du chantier par une firme spécialisée permet ensuite de constater dès janvier 2016 que de l’eau s’infiltre dans la toiture du nouveau gymnase en construction. La CSDM demande alors au Groupe Socam de «refaire la toiture au complet à ses frais», mais celle-ci refuse, ce qui entraîne «une détérioration des ouvrages bâtis», souligne la requête en justice, qui note par ailleurs que la toile protectrice installée plus tard par le promoteur pour capter les égouttements d’eau n’était «pas étanche».

«De plus, Socam a fait défaut, pendant cette période, de prévoir les protections adéquates à la structure de bois de la toiture de sorte qu’un problème de moisissure pouvant menacer la santé des futurs occupants est apparu dans l’ensemble du bâtiment», souligne la CSDM au sujet des différents rapports d’inspection qui feront d’abord état de la présence de moisissure dans le toit, puis sur les poutres du gymnase, dont la démolition est ensuite recommandée par «divers experts» en août 2017.

En plus des coûts de démolition et de reconstruction du gymnase, qui totalisent plus de 3,1 M$, la CSDM demande également au promoteur d’assumer les frais de 2,3 M$ reliés à la «location de classes modulaires», les quelque 360 élèves de l’école primaire ayant été relocalisés dans une école de La Petite-Patrie depuis l’hiver 2016 après que la proximité du chantier de l’ancien établissement ait été jugée problématique. Une pénalité de retard de 166 000$ est par ailleurs réclamée, parmi d’autres frais.

Selon le plus récent échéancier de la CSDM, la reconstruction du nouveau gymnase devrait commencer cet automne.

«Ça dure depuis 2014. Le pont Champlain a été construit entre temps et nous, on est toujours au stade zéro.» -Mustapha Hadash, membre du conseil d’établissement de l’école Félix-Leclerc 

Métro a tenté jeudi d’avoir une réaction de la présidente de la CSDM, Catherine Harel Bourdon, et d’autres commissaires scolaires, en vain.

«Les employés des directions de services ainsi que du bureau de la présidente sont actuellement en congé. ll ne nous sera pas possible de commenter le dossier de l’école Félix-Leclerc», a indiqué par courriel le porte-parole de la plus grande commission scolaire du Québec, Julien Archambault.

Le président du Groupe Socam, François Chevrier, n’a pas rappelé Métro

«C’est très désolant de voir que l’argent du trésor public est aussi mal géré et investi.» -Annie Lavoie, membre du conseil d’établissement de l’école primaire depuis sept ans. 

Inquiétudes
Plusieurs parents, qui ont déploré à Métro «le manque de transparence» de la CSDM, s’inquiètent d’ailleurs pour la santé de leurs enfants.

«On ne sait pas jusqu’à quel point la CSDM a eu à coeur la sécurité des enfants sur le chantier de construction à l’époque où les écoliers cohabitaient avec les travaux», a soulevé Annie Lavoie, membre du conseil d’établissement de l’école primaire depuis sept ans. 

Pendant deux ans, avant que les classes soient relocalisées, les élèves de l’école Félix-Leclerc pourraient avoir été en contact avec des contaminants émis par le chantier voisin du nouveau gymnase.

«Il y a des parents qui soupçonneraient que des enfants aient développé des problèmes respiratoires en lien avec la poussière et la moisissure à l’école Félix-Leclerc», a soulevé Imane Allam, la commissaire représentant le comité de parents à la CSDM. 

Alors que la CSDM refuse de leur fournir des informations sur les tests de la qualité de l’air à l’intérieur de l’école réalisés entre 2014 et 2016, plusieurs parents envisageraient de se faire entendre devant la Cour.

«On a fait des démarches qui vont nous permettre de faire bouger les choses. On est à l’étape où on pense faire des recours en justice pour avoir des informations», a confié la présidente du conseil d’établissement de l’école Félix-Leclerc, Nadege Edouard. 

 

 

 

 

 

 

 

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