Encadrement des circulaires: des journaux locaux vont «disparaître», prévient l’IEDM
Plusieurs journaux locaux risquent de «disparaître», prévient l’Institut économique de Montréal (IEDM). L’organisme s’en prend à la volonté de la Communauté métropolitaine de Montréal (CMM) de mettre en place un système de distribution volontaire des circulaires comme le Publisac
En janvier dernier, la CMM, qui représente les 82 municipalités du Grand Montréal, a adopté un projet de modification du Plan métropolitain de gestion des matières résiduelles. Ce document propose entre autres que les circulaires soient distribuées selon une approche «volontaire plutôt que systématique».
«Les journaux locaux en arrachent déjà au Québec. On peut présumer que plusieurs vont disparaître avec ça», prévient le chercheur et économiste Germain Belzile, de l’IEDM. Dans une note publiée jeudi, l’expert estime que «le modèle d’affaires» de plusieurs hebdomadaires sera affecté si une telle mesure est mise en place.
Actuellement, les circulaires sont distribuées devant toutes les portes, sauf celles sur lesquelles est collé un logo rouge qui indique le refus de les recevoir. Si la recommandation de la CMM se concrétise, le système sera inversé. Ce qui signifie que seules les personnes qui en font la demande recevront des circulaires.
Selon M. Belzile, cela viendrait réduire la distribution des circulaires. Par conséquent, les finances de plusieurs hebdomadaires locaux insérés dans celles-ci en écoperaient.
«Se retourner de bord»
L’auteur d’une pétition réclamant la tenue d’une consultation publique sur l’encadrement des circulaires à Montréal, Charles Montpetit, s’est montré sceptique devant les arguments de M. Belzile.
«Si une publication n’est pas capable de survivre avec la clientèle actuelle de Publisac, ce n’est pas de changer la couleur d’un logo sur les portes qui va changer quelque chose», a-t-il réagi à Métro.
Selon M. Montpetit, les journaux locaux qui seront affectés par ces changements auront toujours la possibilité «de se retourner de bord» et d’«adopter un nouveau modèle d’affaires» afin d’assurer leur survie.
En mars dernier, Charles Montpetit a obtenu les 15 000 signatures requises nécessaires au déclenchement d’une consultation publique sur l’encadrement des circulaires. Celle-ci est d’ailleurs «prévue à l’automne», a indiqué à Métro l’attachée de presse du comité exécutif, Laurence Houde-Roy.
«Effet invisible»
Le chercheur de l’IEDM critique également le nouveau règlement animalier de la Ville de Montréal. Entré en vigueur le premier juillet, celui-ci oblige les animaleries à s’approvisionner en chats, en chiens et en lapins dans des refuges ou dans des cliniques vétérinaires et non plus auprès d’éleveurs.
Cette décision politique, qui est actuellement contestée devant la Cour, pourrait toutefois avoir un «effet invisible» imprévu par la Ville, prévient M. Belzile. Selon ce dernier, les refuges disposent d’animaux «plus vieux» qui ne répondent pas aux besoins des familles. Plusieurs d’entre elles risquent donc d’opter pour l’achat d’animaux en ligne, une pratique qui n’est pas encadrée, souligne-t-il.
«Il va y avoir une prolifération des usines à chiots et à chatons, estime le chercheur. Il y a aussi plus de personnes qui vont élever toutes sortes de races chez eux et vont les vendre.»
«Il y a des animaleries qui vont faire faillite.» -Germain Belzile, chercheur à l’Institut économique de Montréal
Éviter les euthanasies
La directrice générale de la Société pour la prévention de la cruauté envers les animaux (SPCA) de Montréal, Élise Desaulniers, estime qu’un tel règlement est essentiel pour éviter que des animaux soient euthanasiés, faute de places dans les refuges.
«À l’échelle canadienne, il y a encore 20% d’euthanasie chez les chats et 10% sur des chiens», a-t-elle souligné. Elle précise néanmoins que ce taux est nettement plus bas à Montréal en raison de la popularité des refuges auprès de la population.