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Profilage social: les inspecteurs de la STM seront mieux formés

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Un inspecteur de la STM Photo: Josie Desmarais/Métro

Les inspecteurs de la Société de transport de Montréal (STM) recevront bientôt une formation en désescalade pour mieux intervenir auprès des personnes en situation de crise ou sans-abri, a appris Métro.

Depuis plus de deux ans, le syndicat qui représente les inspecteurs de la STM milite auprès de la direction afin d’obtenir cette formation, que reçoivent déjà les policiers de Montréal. Celle-ci leur permet d’adopter les bons comportements et le bon langage lorsqu’ils interviennent auprès des personnes vulnérables ou en situation de crise.

«Comme nous faisons face à plus de personnes en situation d’itinérance, notre syndicat a réclamé à la STM l’accès à des formations spécialisées sur l’intervention avec des personnes en situation de crise ou vulnérables. La STM a malheureusement refusé», indique une lettre ouverte envoyée jeudi à Métro par le vice-président de la Fraternité des constables et agents de la paix de la STM, Pierre-Yves Bélanger. 

«Ça nous a été refusé du revers de la main dès le départ en prétextant que ces formations-là s’adressent aux policiers», a renchéri M. Bélanger en entrevue téléphonique. 

La situation serait toutefois en voie de changer alors que la STM a indiqué à Métro qu’elle donnera finalement suite à cette demande.

En effet, au cours des «prochaines semaines», trois lieutenants responsables de la supervision des inspecteurs «recevront une formation spécialisée à cet égard», a indiqué un porte-parole par courriel.

«Ces lieutenants seront, par la suite, chargés de former l’ensemble des inspecteurs», a-t-il ajouté. 

Actuellement, les inspecteurs de la STM ne sont pas considérés comme des policiers, mais plutôt comme des fonctionnaires publics qui doivent suivre une formation de 14 semaines à l’École nationale de police du Québec.

M. Bélanger voit d’ailleurs d’un bon oeil le changement de statut à venir des inspecteurs de la STM vers celui de constables spéciaux. Ceux-ci seront alors «plus imputables» de leurs gestes, estime-t-il.

«On va faire exactement le même travail, mais j’ose croire qu’avec ce statut-là, on va être mieux outillés, mieux formés et mieux encadrés.» -Pierre-Yves Bélanger, vice-président de la Fraternité des constables et agents de la paix de la STM

De nombreuses plaintes

Dans les dernières semaines, plusieurs organismes et élus ont déploré la hausse du nombre d’amendes émises par des inspecteurs pour des infractions associées au mode de vie des personnes itinérantes. Celles-ci concernent notamment l’interdiction de se promener pieds nus ou de se coucher sur un banc.

Selon M. Bélanger, cette augmentation est attribuable au fait que la STM a décidé d’assigner «de façon plus constante» les inspecteurs dans les stations où le nombre de plaintes de la part des usagers est le plus élevé. Il s’agit notamment des stations Berri-UQAM, Bonaventure et Place-des-Arts.

«Puisque les plaintes étaient grandissantes, la STM nous a demandé d’être plus présents dans certaines stations pour intervenir auprès de ces personnes», a précisé M. Bélanger. 

Plus d’interventions

Le nombre d’interventions des inspecteurs de la STM auprès des sans-abri a par conséquent grandement augmenté dans les dernières années. Simplement en ce qui a trait à l’interdiction de se coucher sur un banc, leur nombre est passé de 3482 en 2016 à 5968 l’an dernier. Et plus de 6000 interventions en ce sens ont eu lieu depuis le début de l’année, a indiqué M. Bélanger.

«Ce que je constate, c’est une hausse des personnes itinérantes dans le métro. Naturellement, si on est plus en contact avec une clientèle qui est parfois problématique et qui est de plus en plus présente dans le métro, ça se peut qu’il y ait une hausse du nombre de constats d’infraction», a-t-il ajouté. 

Néanmoins, seulement une «infime partie» des interventions des inspecteurs «se terminent avec des constats d’infraction», a-t-il précisé. En effet, sur les 4214 interventions menées en lien avec l’interdiction de s’étendre sur un banc en 2017, 68 ont mené à la remise d’amendes.

M. Bélanger a par ailleurs nié que des inspecteurs utilisent la remise de constats d’infraction comme «outil d’intervention», comme l’ont déploré des organismes consultés par Métro dans les dernières semaines.

«Ce n’est pas un outil d’intervention et ça n’en sera jamais un […] On applique le règlement de façon équitable pour tous les usagers», a-t-il dit. 

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