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Bisexuel, il craint la déportation après que son amant a été tué

Ehimiaghe Presley Ayeni (à droite), un homme bisexuel du Nigéria, ainsi que sa femme
Ehimiaghe Presley Ayeni (à droite), un homme bisexuel du Nigéria, ainsi que sa femme sont menacés de déportation. Photo: François Carabin/Métro

Après avoir fui le Nigéria par peur de représailles envers son identité bisexuelle, un réfugié canadien tente maintenant d’éviter la déportation. Lui et sa famille ont obtenu mardi une révision judiciaire devant la Cour fédérale.

En 2010, Ehimiaghe Presley Ayeni a été surpris en compagnie de son amant, un homme, au Nigéria. Après que son partenaire a été tué, M. Ayeni a pris le chemin des États-Unis, puis du Canada, en 2016. Il a déposé une demande d’asile ici.

Il souhaite désormais rester au pays avec sa femme et ses deux enfants. Celui qui vit à Montréal craint des représailles dans son pays d’origine, qui a passé en 2014 une loi anti-LGBTQ+.

«Le danger pour mon client et sa famille au Nigéria est extrême, a avancé l’avocat de la famille, Stewart Istvanffy, en marge de l’audience de mardi. Ça a toujours été une place très difficile pour les gays. Il y a un problème: on est en train de mélanger le nationalisme africain avec l’homophobie en Afrique de l’Ouest.»

«Mon partenaire a été tué. Un blogue l’a rapporté et m’a identifié comme homosexuel. J’ai peur de subir le même sort que mon amant.» – Ehimiaghe Presley Ayeni

«Si je retournais, ce serait très difficile de me retrouver un emploi, a poursuivi M. Ayeni. Les enfants, ils ont commencé l’école ici. Ce serait dur pour eux de retourner au système nigérian.»

Demandes d’asile

M. Ayeni, 47 ans, a essuyé de nombreux revers juridiques avec sa famille depuis sa première demande d’asile, en 2016. Après avoir reçu un refus de la part de la Section de la protection des réfugiés (SPR) du Canada, la famille s’est butée au même mur lors de ses procédures d’évaluation des risques avant renvoi et lors de ses demande pour considérations d’ordre humanitaire.

Une déportation prévue a été suspendue au mois de mars. Mais Stewart Istvanffy plaidait mardi devant la cour pour tenter d’obtenir une décision à plus long terme.

L’avocat avance que les deux dernières décisions en défaveur de la famille se sont appuyées «aveuglément» sur la décision finale de la SPR. La SPR avait d’abord offert une réponse négative aux quatre demandeurs d’asile en raison de preuves «insuffisantes».

«Pour des demandes humanitaires ou des demandes d’ERAR, c’est l’enfer, a lancé M. Istvanffy. Le Canada ne veut pas corriger des erreurs de vie ou de mort.»

Preuves «suffisantes»

Me Istvanffy a avancé mardi devant la cour que les preuves disponibles étaient «substantielles».

Il a entre autres présenté des articles journalistiques et des entrées de blogues qui pourraient porter préjudice à son client s’il était déporté, selon l’avocat. Ces documents identifient M. Ayeni comme étant gay. Cela pourrait s’avérer «dangereux» dans un pays qui peut condamner les membres de la communauté LGBTQ+ à 14 ans de prison.

L’avocat a aussi attiré l’attention du juge Michel Shore vers le certificat de décès de l’amant de M. Ayeni. Se sont ajoutées des lettres signées par des membres de la famille de M. Ayeni. Ces lettres font état des dangers qu’il pourrait rencontrer en retournant au pays.

«J’ai confiance que mon dossier est très, très fort. Ce serait une violation de la Charte [canadienne des droits et libertés] et du droit international si on nous disait non», a affirmé l’avocat après son plaidoyer.

Me Istvanffy agit également dans le cas d’un homme guinéen menacé de déportation qui a reçu une suspension temporaire au début du mois d’août.

Opposition

En contrepartie, l’avocate de Justice Canada, Me Lazaroff, a réitéré les raisons pour lesquelles les demandes d’asiles avaient précédemment été rejetées: des erreurs d’orthographes, des contradictions dans les témoignages de certains membres de la famille et des articles qui auraient difficilement atteint un public au Nigéria.

L’avocate demande à la cour de «refuser» cette révision juridique. Il n’y a pas, selon elle, «assez de preuves» pour que les demandent suivent leur cours.

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