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Terrebonne: une gestion financière «non viable à long terme», dit la VG

L'hôtel de ville de Terrebonne Photo: Jean Gagnon/Wikimedia Commons

La gestion des fonds publics de Terrebonne laisse à désirer, selon la vérificatrice générale Sonya Guilbault. Dans un rapport publié mardi, elle soutient que la gouvernance de la Ville n’a «pas favorisé une situation financière viable à long terme» au cours des dernières années.

Mme Guilbault déplore un manque d’analyses et d’évaluations crédibles de la part de l’administration du maire Marc-André Plante.

«Le contexte du secteur municipal et public fait face à plusieurs enjeux, dont le vieillissement de la population. Il y a donc des besoins changeants, ce qui implique de s’ajuster et d’avoir du lousse, de l’excédent au niveau des finances. À Terrebonne, ce n’est pas le cas», explique-t-elle en entrevue à Métro.

La VG, qui a réalisé deux audits d’optimisation des ressources l’an dernier, note dans son rapport que «peu de mécanismes ont été mis en place pour suivre et contrôler» la situation financière problématique de l’administration municipale. Le manque de vision, d’objectifs et de «cibles financières établies» empêcherait actuellement la Ville de bien gérer ses finances.

«Dans les outils qui sont en place au moment où on se parle, il n’y a rien qui permette de s’assurer qu’on gère avec clarté et responsabilité la viabilité de la Ville. C’est ça le constat.» -Sonya Guilbault, VG de Terrebonne

Un constat que partage le directeur général de Terrebonne, Alain Marcoux, disant toutefois travailler fort pour renverser la tendance.

«Cet automne, c’est notre priorité de créer une politique de gestion financière fixe. À l’heure actuelle, c’est vrai: on n’a rien pour définir nos besoins en investissements, nos manières aussi d’investir ou bien ce qu’on fait avec les excédents, le déficit», avoue-t-il.

Une nécessité

Montréal et Québec ont mis sur pied de telles politiques depuis plus d’une dizaine d’années. À Terrebonne, seuls un «plan d’investissements» et un budget de la masse salariale de la main-d’œuvre ont été adoptés en juin.

«Au prochain rapport de la VG, je peux vous assurer que ce ne sera pas les mêmes remarques. On travaille fort à redresser la situation.» -Alain Marcoux, DG de la Ville de Terrebonne

Le budget de 240 M$ à Terrebonne contraste avec la dette cumulée d’environ 500 M$, selon M. Marcoux.

«Dans les grandes villes, on vise à avoir une dette inférieure au budget. Ici, notre dette est à 216% de notre budget, alors il faut se donner un plan. On ne peut passer d’une dette de 500 M$ à 240 M$ en quelques années seulement», observe Alain Marcoux.

L’enjeu serait que Terrebonne est une ville «en plein développement» qui demande des investissements récurrents.

«Cette situation-là va perdurer pendant au moins 25 ans encore», juge le directeur général.

Le problème de l’eau

Dans son rapport, la VG blâme aussi la Ville pour «l’absence d’une vision formalisée» en matière de financement à long terme des services de l’eau. Elle déplore notamment que la Ville n’effectue aucune analyse de la consommation en eau potable des compteurs d’eau installés dans les commerces et les industries l’an dernier.

Aucun ajustement de tarification ne serait donc possible, d’autant plus que l’administration applique une taxe unique sur l’eau, fixée par unité de logement, «sans pour autant tenir compte des excédents ou des déficits», insiste Sonya Guilbault.

«On prend note de ça, mais on parle de sommes beaucoup moins importantes ici, constate pour sa part M. Marcoux. On a du travail à faire, on le sait, mais ça reste du perfectionnement.»

Malgré tout, la vérificatrice reconnait que les choses seraient sur le point de changer.

«Plusieurs morceaux commencent à se mettre en place et on voit que la Ville se prend en charge», conclut-elle.

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