Hippodrome: Montréal réduit ses ambitions
La Ville de Montréal revoit à la baisse ses ambitions pour le site de l’ancien hippodrome en prévision de la consultation publique à venir cet automne. Elle envisage maintenant d’y construire 6000 logements, soit 2000 de moins qu’en campagne électorale.
En 2017, la chef de Projet Montréal, Valérie Plante, s’était engagée à construire 8100 logements sur cet immense site de 43 hectares. Environ 60% d’entre eux auraient été des logements familiaux de trois chambres et plus.
La mairesse de Montréal a depuis revu à la baisse ses ambitions, qui auraient impliqué des dépenses majeures, notamment en matière de gestion des égouts.
«On trouvait que 6000, c’était plus près de ce qui était réaliste pour en faire un quartier complet où on y travaille, où on se divertit et où on y habite», a justifié Mme Plante en conférence de presse vendredi.
Le conseiller du district de Snowdon, Marvin Rotrand, estime toutefois que ce nombre d’unités est encore trop élevé pour permettre la présence d’un nombre suffisant de commerces de proximité et les services publics nécessaires sur ce site.
«Il faudrait que ce quartier soit extrêmement dense», a-t-il soulevé. L’élu a également déploré l’absence d’estimation financière pour la conversion du site de l’ancien hippodrome.
Mme Plante a par ailleurs assuré que ces unités respecteront au «minimum» son nouveau règlement d’inclusion, qui entrera en vigueur en 2021. Celui-ci obligera les promoteurs immobiliers à inclure un minimum de 20% de logements sociaux dans leurs projets de même que des logements abordables et familiaux.
Ensemble Montréal n’a pas voulu commenter.
«Quartier carboneutre»
En prévision de la consultation de l’Office de consultation publique de Montréal (OCPM) prévue cet automne, la Ville propose par ailleurs de faire de l’ancien site de l’hippodrome Blue Bonnets un «quartier carboneutre». Elle entend pour ce faire s’inspirer de quartiers aménagés notamment en Allemagne, au Pays-Bas et en Suède.
«On veut avoir une faible empreinte écologique au niveau des voitures. J’aime dire que ce quartier-là, on va principalement y circuler à pied et à vélo. On peut aussi imaginer qu’il pourrait y avoir une ligne d’autobus électrique qui traverse le quartier», a évoqué Mme Plante.
Afin de faciliter ce transfert modal, la Ville propose de miser sur un réaménagement des abords de la station de métro Namur, située aux abords du site. On pourrait par exemple y retrouver des stationnements réservés à l’autopartage et des bornes de recharge pour les véhicules électriques.
«Pour que le site devienne sans voiture, ça prendrait au moins une nouvelle station de train [sur la ligne de Saint-Jérôme]. Cela n’est pas dans les plans de l’ARTM en ce moment», a soulevé M. Rotrand.
«Je ne veux absolument pas que ce projet, ce soit une porte, une voiture.» -Valérie Plante, mairesse de Montréal
Mixité et verdissement
La Ville entend aussi proposer en consultation un quartier qui comprendra de nombreux espaces verts afin de réduire les îlots de chaleur de même que des garderies, des écoles et des épiceries, entre autres.
Elle espère ainsi éviter de répéter les erreurs commises à Griffintown. Dans ce quartier du Sud-Ouest, les administrations précédentes ont négligé de réserver des espaces pour des parcs et des écoles avant de laisser le champ libre aux promoteurs immobiliers.
«Les gens veulent une communauté viable. Ils ne veulent pas avoir à subir beaucoup de stress pour amener leurs enfants à l’école et être pris dans le trafic», a illustré la mairesse de Côte-des-Neiges–Notre-Dame-de-Grâce, Sue Montgomery.
La date du début de la consultation publique sur ce secteur, situé à la croisée des autoroutes Métropolitaine et Décarie, n’a pas été dévoilée. Le comité exécutif a toutefois mandaté officiellement mercredi l’OCPM afin qu’elle organise celle-ci.
Un long processus
Après avoir tenu des courses de chevaux pendant plus de 135 ans, l’Hippodrome a fermé ses portes pour des raisons financières en 2009. La Ville, qui a pris possession de l’immense site en 2017, a entamé l’an dernier la démolition des bâtiments qui s’y trouvaient.
Afin de conserver une parcelle de l’histoire de ce site, la Ville entend préserver la figure de l’anneau du site afin de rappeler que des courses de chevaux s’y tenaient autrefois. Elle ignore toutefois actuellement quelle vocation elle souhaite donner à ce symbole.
La Ville prévoit entamer la construction de ce nouveau quartier en 2023. À l’instar du site de la Molson, le réaménagement complet de ce secteur pourrait prendre une dizaine d’années, a laissé entendre Mme Plante.