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Montréal injecte 557 M$ pour remplacer toutes les entrées d’eau de plomb

La mairesse de Montréal, Valérie Plante Photo: Josie Desmarais/Métro

Montréal a injecté mercredi 557 M$ dans un nouveau plan d’action pour augmenter le rythme de remplacement des entrées d’eau de plomb, alors que le gouvernement Legault promet d’abaisser les normes de concentration maximale de plomb dans l’eau potable.

D’ici 2030, l’administration de la mairesse Valérie Plante estime devoir changer près de 50 000 entrées d’eau dans le domaine public et plus de 24 000 sur des propriétés privées. Les constructions d’après-guerre, les duplex, les triplex ainsi que les CPE ou garderies seraient priorisées. Environ 516 M$ seront réservés aux infrastructures publiques.

«Je ne veux plus qu’il y ait de moitiés de solutions. Je veux des résultats complets», a martelé la mairesse Valérie Plante lors d’une mêlée de presse.

Montréal obligera les propriétaires privés à prendre en charge le remplacement de leurs vieux tuyaux de plomb. Si certains refusent de s’y plier, la Ville effectuera elle-même les travaux, mais leur refilera une facture pouvant aller de 2000$ à 5000$. Seuls 10% des propriétaires visés auraient déjà entamé des démarches depuis l’adoption de la première mouture du plan d’action, en 2007.

«Notre dernier plan n’a pas rempli les espoirs escomptés. Force est d’admettre que du côté privé, il y a un décalage», a reconnu la chef de Projet Montréal, appelant les propriétaires à «faire leur part» cette fois. Une enveloppe de 15 M$ sera dédiée à l’inspection des bâtiments privés.

Un long processus

D’ici la fin 2019, Montréal projette déjà d’avoir remplacé plus de 20 000 entrées d’eau dans l’espace public. Un montant de 12 M$ sera tout de même investi pour enclencher un «dépistage accéléré» des édifices restants. Environ 100 000 bâtiments seraient toujours potentiellement exposés à la contamination au plomb. De ce nombre, l’administration estime que près de la moitié devront être traités dans la prochaine décennie.

Mercredi, la Ville a mis en ligne une carte interactive afin que les citoyens puissent voir si leur bâtiment est concerné.

« On prend ça très au sérieux. C’est un geste très fort qu’on annonce pour régler le problème. Mais je vous rassure: la qualité de l’eau à Montréal est excellente.» -Valérie Plante

Quelque 12 M$ iront aussi dans la distribution de filtres aux locataires et 2 M$ au dépistage des points d’eau dans les parcs et les bâtiments municipaux.

Un risque «faible», mais une prévention nécessaire

Pour la directrice régionale de santé publique de Montréal, Mylène Drouin, l’heure n’est pas à la panique. «Le risque individuel, est il est faible, d’autant plus que l’exposition au plomb a considérablement diminué dans les dernières décennies», observe-t-elle.

Malgré tout, l’experte juge le plan d’action de la Ville «ambitieux», dans la mesure où un risque pour la santé demeure réel «lors d’exposition à de faibles doses sur une longue période». Surtout pour les jeunes enfants et les femmes enceintes.

«La science nous dit de tout faire pour réduire les concentrations auxquelles certains groupes pourraient être exposés.» -Mylène Drouin

Même son de cloche pour le Dr David Kaiser, qui soutient qu’il n’y a pas de seuil sécuritaire d’exposition au plomb. «Par rapport à d’autres contaminants, on ne peut pas tracer une ligne. C’est pour ça qu’on s’intéresse à des concentrations même très faibles. Au niveau populationnel, il y a quand même des risques.», analyse-t-il.

Québec baissera la norme

Pour se conformer aux nouvelles recommandations de Santé Canada, le gouvernement Legault a aussi annoncé mercredi qu’il diminuera la norme de concentration maximale de plomb dans l’eau «dans les plus brefs délais». Les standards passeront de 10 à 5 microgrammes par litre.

Québec demande aux municipalités de présenter un «plan d’action» concret et cohérent afin de réduire la présence du plomb dans l’eau à l’échelle de la province.

Aucun échéancier précis n’a toutefois été présenté mercredi au niveau provincial. Aucun investissement supplémentaire ne sera non plus autorisé.

Le ministre délégué à la Santé, Lionel Carmant, a toutefois affirmé que la méthode d’échantillonnage de l’eau sera revue.

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