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Violence conjugale: cri du coeur des maisons d’hébergement pour femmes

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Selon SOS violence conjugale, la violence subtile constitue parfois une prémisse à la violence physique. Photo: Archives Métro

Les maisons d’hébergement pour femmes victimes de violence conjugale lancent un cri du coeur au gouvernement Legault alors que la demande, croissante, et des problèmes de recrutement menacent la qualité des services offerts.

«On est débordés! On est vraiment à bout de souffle», soupire Annick Brazeau, directrice de la maison d’hébergement Pour Elles des Deux Vallées, à Gatineau.

Le Regroupement des maisons d’hébergement pour femmes victimes de violence conjugale a tenu, hier, une conférence de presse à Montréal, où les établissements «débordent» le plus.

«Il y a des régions en crise où on manque de lits. Parfois, il faut mettre des matelas par terre pour répondre à la demande», souligne la directrice. 

Le Regroupement représente 43 maisons d’hébergement au Québec. L’an dernier, elles ont hébergé près de 2800 femmes et 2200 enfants.

«On doit souvent refuser des demandes parce qu’on n’a pas de places», a précisé à Métro la coordonnatrice de la maison d’hébergement Secours aux femmes de Montréal, Nicole Richer. L’établissement, qui compte 12 lits, a connu un taux d’occupation moyen de 95% l’an dernier. 

Manque de fonds

En plus de manquer de lits disponibles, les maisons d’hébergement doivent réduire leurs services externes. Les maisons membres du Regroupement ont traité plus de 62 000 demandes d’aide, soit au téléphone ou en ligne, sur une période d’un an. Plusieurs de ces ressources accompagnent les victimes de violence conjugale dans leurs démarches juridiques.

«On doit faire des choix déchirants», avoue Mme Brazeau, qui demande à Québec de bonifier le financement offert aux maisons d’hébergement.

La maison Secours aux femmes de Montréal estime que son budget devrait s’élever à un peu plus de 1 million de dollars (M$) par an afin de répondre à la demande. Or, le gouvernement Legault lui a accordé 740 000$ pour l’année en cours. 

«La différence est énorme […]. On ne peut pas offrir tous les services qu’on voudrait parce qu’on n’a pas suffisamment de subventions», dit Mme Brazeau. 

Pénurie de main-d’oeuvre

Les maisons d’hébergement éprouvent des problèmes de recrutement. Trop d’intervenantes délaissent ces maisons pour le réseau de la santé ou le secteur privé, qui offrent de meilleures conditions et des salaires plus élevés.

«On a de la difficulté à offrir les mêmes avantages […], donc c’est difficile de recruter des intervenantes», résume Annick Brazeau, qui souhaiterait bien offrir de meilleurs salaires à ses employés. «On y va avec les budgets qu’on nous donne.»

«Il faut que le gouvernement nous donne les moyens de mieux faire notre travail parce que la demande, elle augmente.» -Annick Brazeau

Rencontre à venir

La ministre de la Santé et des Services sociaux, Danielle McCann, a confirmé, hier, qu’elle rencontrera des représentantes du Regroupement «au cours des prochaines semaines».

«La ministre est préoccupée par les enjeux des ressources d’hébergement pour femmes. Nous allons analyser comment on peut mieux soutenir ces ressources», a indiqué à Métro son attaché de presse, Alexandre Lahaie. 

Par le biais du Plan d’action gouvernemental en matière de vioßlence conjugale, Québec prévoit y allouer 86 M$ d’ici 2023.

 

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