Racisme systémique: déjà 5000 participants à la consultation de l’OCPM
Environ 5000 personnes, dont plus de 3000 en ligne, ont participé à la consultation sur le racisme systémique depuis son lancement en mai dernier. Un engouement qui témoigne, d’après l’Office de consultation publique de Montréal (OCPM), de la nécessité de s’attaquer aux biais en matière d’équité à l’emploi et de politiques publiques, mais aussi au manque d’information en la matière.
«Il y a énormément de gens qui veulent s’exprimer et s’il y a un constat, c’est que ça ne peut plus continuer comme ça», explique à Métro la présidente de l’organisme paramunicipal, Dominique Ollivier. Son groupe affirme que plusieurs personnes ne saisissent pas encore la différence entre les termes «systémique» et «systématique».
«Certains remettent en question le fait que ça existe, la discrimination systémique, au Québec, soutient la présidente. Soyons clairs: quand on parle de discrimination systémique, on parle de forces d’un même système qui agissent pour faire en sorte que des personnes soient exclues du système.»
Pourtant, les exemples parlent d’eux-mêmes, soutient l’OCPM. Le cas des femmes dans la police serait très probant. «Il n’a jamais été dit que les femmes devraient être moins nombreuses, mais tant que les critères physiques étaient de 1,80m et 200 livres, elles étaient largement exclues», observe Mme Ollivier.
La forte participation à la consultation viendrait à la fois d’organismes communautaires, de groupes autochtones ou encore du monde des affaires, qui réclament tous des mesures «concrètes».
Jusqu’ici, le tiers des discussions (33%) concernaient l’emploi, alors que le cinquième d’entre elles (21%) traitaient de profilage racial. Le logement (13%) et la lutte aux inégalités (11%) suivent de peu. Quelque 34 activités ont déjà eu lieu.
Des avenues envisageables
Pour la secrétaire-analyste de la consultation publique, Youla Pompilus-Touré, les 300 solutions déjà collectées par l’OCPM ciblent différentes facettes. «Plusieurs visent le changement des politiques, alors que d’autres plaident pour un meilleur accès à l’information dans certains groupes de population, avance-t-elle. L’accompagnement et l’élimination des biais quand on parle d’emploi reviennent aussi souvent.»
Bon nombre d’organismes envisagent notamment que la Ville de Montréal – dont l’octroi de contrats publics a atteint presque 3 G$ en 2018 – «utilise ses leviers pour inciter ses fournisseurs à intégrer plus de personnes issues de la diversité au sein de ses services», rappelle la responsable.
Créer un programme municipal de parrainage et de stages pour les communautés marginalisées pourrait se révéler un tremplin social «très intéressant» pour les nouveaux arrivants, d’après elle.
Des pressions sur les suivis
L’OCPM ne s’en cache pas: la plupart des participants sont conscients que plusieurs rapports et consultations ont déjà eu lieu sur le racisme et la discrimination systémiques.
«Aux yeux du public, ce n’est pas clair ce qu’on peut vraiment changer. Il y aura énormément de pression sur les suivis cette année. Sinon, on est en droit de s’attendre à un certain désabusement.» -Dominique Ollivier, présidente de l’OCPM
Si la rétroaction demeure «hors du mandat» de l’OCPM jusqu’ici, la Ville de Montréal est pour sa part tenue de réagir à la problématique dans les 90 jours suivant la fin de la consultation.
«Il va falloir qu’il y ait une déclaration claire des services et des autorités pour affirmer leur intention de mettre en place certaines mesures», envisage la présidente.
Près de 40% des Montréalais seraient issus de l’immigration chez les 18-35 ans. Dans la deuxième génération, ce chiffre atteint environ 20%. C’est dans l’arrondissement de Saint-Laurent où la population semble la plus touchée, alors que 56% des jeunes proviennent de l’immigration.
C’est l’ancien candidat de Projet Montréal, Balarama Holness, qui est à l’origine de cette consultation. Sa pétition avait recueilli plus de 15 000 signatures en ligne.