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Le CTI dénonce les conditions des travailleurs d’entrepôts à Montréal

travailleurs entrepôts
Des travailleurs d'entrepôts de Montréal dénoncent les conditions dans les centres de distribution qui gèrent le flux des produits. Photo: Wang He/Getty Images

Rémunération au-dessous du salaire minimum, rythme éreintant, absence de formation et d’équipements de sécurité: le Centre des travailleurs et travailleuses immigrants (CTI) dresse un sombre portrait des conditions de travail des employés d’entrepôts à Montréal.

Dans un nouveau rapport dévoilé samedi et basé sur le témoignage de 42 employés de l’entrepôt, le CTI n’hésite pas à parler d’une «hyperexploitation d’une main-d’œuvre composée en grande partie de migrants» à statut précaire, notamment de demandeurs d’asile.

Une manière pour les employeurs de profiter de salariés «flexibles et bon marché», peut-on lire dans les conclusions de l’enquête menée en partenariat avec l’Association des travailleurs et travailleuses d’agences de placement (ATTAP).

«Le travail dans les entrepôts à Montréal est structuré de manière à ce que les employés aient une capacité minimale d’organisation collective», déplore Mostafa Henaway, organisateur communautaire au Centre des travailleurs et travailleuses immigrants.

Absence de sécurité au travail

Selon le rapport, environ 4 travailleurs sur 10 ont déclaré ne pas avoir reçu de formation sur la santé et sécurité au travail. Pourtant, près de 43 % des employés sondés considèrent que leur lieu d’emploi n’est pas sécuritaire. Une problématique qui n’est pas sans impact sur les accidents puisque plus du quart des répondants ont affirmé avoir déjà subi une blessure.

Mohammed Barry, qui a travaillé dans plusieurs entrepôts à Montréal, figure parmi les victimes. En 2013, un de ses collègues l’a accidenté en conduisant un transpalette. Depuis, il doit vivre avec un orteil en moins, des limitations fonctionnelles et prendre des médicaments à vie.

«Tu n’es pas bien formé. L’employeur t’explique rapidement comment prendre la palette, comment allumer la machine et où transporter le matériel. Il n’y a aucune sécurité, même pas un masque ou des gants pour la poussière», témoigne le travailleur.

M. Barry garde également un souvenir «traumatisant» des pressions exercées à son égard lors de ses heures de travail. «Tu n’as pas le temps de manger et si tu manques cinq minutes, on te coupe une demi-heure ou une heure de ta paie. C’est de l’exploitation», s’insurge-t-il en précisant que les congés de maladie et les vacances sont tout aussi inexistants.

Comme lui, 14 % des répondants ont déclaré avoir été victimes de harcèlement psychologique au cours de leur emploi.

«La plupart des employés ont peur d’être rapatriés et que le gouvernement pense qu’ils sont en train de se rebeller. Ils ne savent pas quels sont leurs droits et ce qu’il faut faire», fait valoir Mohammed Barry.

Les employés peinent d’autant plus à faire respecter leurs droits lorsqu’ils ont été recrutés par l’intermédiaire d’une agence de placement. «Normalement, les normes et les relations de travail sont établies selon une relation bilatérale, donc entre l’employeur et l’employé. Avec l’intermédiaire des agences, la responsabilité devient floue», explique Cheolki Yoon, membre du conseil d’administration du CTI.

«Tu deviens un ballon qu’on lance entre les compagnies et les agences», poursuit M. Barry.

Décret de convention collective sectorielle réclamée

Le Centre des travailleurs et travailleuses immigrants plaide ainsi pour que le gouvernement provincial adopte un décret de convention collective sectorielle. Celui-ci permettrait de protéger équitablement les droits de tous les travailleurs d’entrepôts même s’ils ne sont pas syndiqués.

Le CTI demande également à Québec d’inclure les dispositions relatives aux agences de placement dans le décret.

Il insiste pour que le ministère du Travail, de l’Emploi et de la Solidarité sociale s’attaque au problème d’ici Noël. Car si les employés doivent jongler avec de mauvaises conditions à l’année, les abus sont encore pires dans le temps des Fêtes et lors des grands événements commerciaux comme le «Vendredi fou». «Il y a une surcharge intense», insiste M. Yoon.

Environ 15 600 personnes travailleraient dans un entrepôt dans la grande région de Montréal.

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