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Handicap: Montréal double son budget pour l’adaptation des logements

Handicap: Montréal double son budget pour l’adaptation des logements
Le responsable de l'habitation, Robert Beaudry, a dévoilé ces changements au PAD jeudi, lors d'une annonce dans le Hall de la Maison de la culture Janine-Sutto. Photo: Josie Desmarais/Métro

L’administration Plante doublera en avril son budget pour adapter les logements des personnes en situation de handicap à Montréal, augmentant le financement de 16 000$ à 35 000$ par unité. Avec un budget annuel de 5 M$, la Ville espère ainsi «inciter les propriétaires» à entamer des travaux d’accessibilité universelle lorsque nécessaire, alors que plusieurs organismes déplorent leur réticence dans la métropole.

«On ne demande plus une contribution de la poche des propriétaires. À partir d’aujourd’hui, la subvention de la Ville peut complètement couvrir l’ensemble des travaux», a indiqué jeudi le responsable de l’habitation au comité exécutif, Robert Beaudry. D’après l’élu, le Programme d’adaptation de domicile (PAD) devient ainsi «plus flexible».

Les montants accordés pourront aller jusqu’à 45 000$ par logement si celui-ci est occupé par «un plus grand nombre» de personnes en situation d’handicap. Une résidence pour aînés ou des foyers familiaux pourraient être concernés par cette exception.

Si jusqu’ici, les bénéficiaires du programme ne pouvaient que présenter une demande pour une cuisine, un salon ou une salle de bain, Montréal leur permettra désormais de le faire pour un bureau et un atelier. «C’est primordial d’agir sur tous les fronts, surtout dans un contexte de pénurie de logement. Et ça inclut l’inclusion par l’emploi également», illustre M. Beaudry.

Dorénavant, les personnes immigrantes et «sans-papier» auront aussi accès à du financement pour effectuer des travaux d’accessibilité dans leur logement.

La Ville fixera par ailleurs des «montants maximums» de subvention en fonction de la division des unités du logement. Ainsi, un maximum de 12 000$ pourra être octroyé pour des travaux sur le logement et ses accès, alors qu’un total de 30 000$ sera disponible afin d’optimiser les équipements de l’habitation. Cela inclut des plateformes élévatrices, des fauteuils d’escalier ou encore des intercoms, notamment.

Un accueil mitigé chez le RAPLIQ

Appelé à réagir, le secrétaire général au Regroupement des activistes pour l’inclusion au Québec (RAPLIQ), Martin Dion, affirme qu’il veut «voir des preuves sur le terrain» avant de crier victoire.

«Rien ne nous dit dans combien de temps les délais d’attente du programme vont être réduits. Il n’y a pas vraiment de dates, ni d’échéanciers mis de l’avant. On aimerait avoir ces détails-là.» -Martin Dion, secrétaire général au RAPLIQ

Il soutient que le temps d’attente pour effectuer des travaux d’accessibilité universelle est parfois très dur à vivre.

«C’est parfois si long pour certains de nos membres qu’ils ont le temps de se ramasser en CHSLD ou en institution. C’est inacceptable. On ne peut pas se permettre d’attendre aussi longtemps», insiste M. Dion.

Sur place, jeudi, la Montréalaise Marie Turcotte, qui vit avec une situation d’handicap, a livré un vibrant plaidoyer pour l’amélioration de sa mobilité.

«L’autonomie, ça se décline par la liberté et le pouvoir de choisir ce que je veux manger ce soir, comment je veux le cuisiner, et quand je veux manger. C’est de prendre sa douche au moment où je le désire. C’est la fierté d’accomplir quelque chose», a-t-elle dit.

Bonne nouvelle à court terme, dit Ex æquo

Appelée à réagir, l’agente de défense des droits en habitation chez Ex æquo, Mélanie Beauregard, parle d’une «bonne nouvelle» à court terme. «On a été consultés et on sent que nos revendications ont été écoutées, du moins en partie», fait-elle valoir.

La question de «l’impact sur les propriétaires» de logements doit effectivement être adressée d’urgence, soutient la porte-parole. «La réalité, c’est que les gens qui ont besoin du PAD sont souvent locataires. Et généralement, les propriétaires ne sont pas tenus d’accepter d’adapter leur logement», ajoute-t-elle.

«Il faut que le programme de la Ville démontre davantage aux propriétaires la nécessité d’investir pour le logement adapté. C’est un exercice difficile, mais réalisable.» -Mélanie Beauregard, agente de défense des droits en habitation chez Ex æquo

«Dans toutes les nouvelles constructions, il doit y avoir ce souci d’accessibilité universelle. Ce ne sont pas seulement les personnes en situation de handicap qui sont concernées. Il y a aussi les familles, et les personnes âgées», conclut la responsable.

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