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Montréal peut-elle en faire plus pour créer des milieux de vie «en santé»?

La Dre Karen Lee, en conférence jeudi à Montréal. Photo: Collaboration spéciale

La plupart des villes canadiennes, dont Montréal, peuvent en faire beaucoup plus pour créer de milieux de vie «en santé». C’est du moins ce qu’avance une experte en médecine préventive de l’Université d’Alberta. Au-delà de l’omniprésence du transport collectif, le développement de commerces promouvant de saines habitudes de vie jouerait pour beaucoup.

«Pourriez-vous faire du vélo et vous déplacer facilement tout en vous alimentant correctement dans tous les quartiers de Montréal? Non, ce qui prouve assez facilement qu’on doit mettre plus de mesures en place, comme partout ailleurs», explique à Métro la Dre Karen Lee, en marge d’une conférence organisée jeudi par le Conseil régional de l’environnement (CRE-MTL).

Considérée comme une sommité internationale en santé publique, la spécialiste a fait paraître en janvier son livre «Fit Cities» (en français, adapter les villes). L’autrice a depuis entamé une tournée dans plusieurs métropoles nord-américaines. Son objectif: «éradiquer les causes d’une pandémie de vie malsaine».

Un parcours «inspirant» pour Montréal

Au tournant des années 2000, après avoir travaillé pour le groupe Centers for Disease Control and Prevention (CDCP) aux États-Unis, Karen Lee est embauchée par la Ville de New York, alors dirigée par l’administration de Michael Bloomberg. Elle y devient rapidement un pilier dans le développement d’aménagements actifs et la lutte contre l’obésité chez les jeunes.

«On a mis beaucoup d’efforts pour créer des nouvelles voies cyclables sécuritaires, développer le bus là où le métro ne passait pas. On a piétonnisé des secteurs importants comme Times Square. Ce sont des changements bons pour la santé de tout le monde.» -La Dre Karen Lee, à propos de son expérience new-yorkaise

Appelé à réagir, le directeur général par intérim au CRE-MTL, Emmanuel Rondia, affirme que le parcours de Karen Lee est innovant. «Ça démontre tout l’impact que peuvent avoir des aménagements urbains et des actions de sensibilisation afin de favoriser les saines habitudes dans nos milieux de vie», dit-il.

«C’est inspirant de voir le chemin parcouru par New York au cours de la dernière décennie. À Montréal, la révision du plan d’urbanisme est imminente. On a une belle occasion d’intégrer la santé des citoyens au cœur de la planification urbaine», ajoute-t-il.

L’insécurité alimentaire au cœur du débat

Si plusieurs efforts sont faits à Montréal en matière de transport actif, encore trop peu d’éléments inciteraient le citoyen à adopter un mode de vie sain. «Encourager les gens dans nos aménagements à utiliser les escaliers, par exemple, et à choisir l’option santé autant que possible, c’est majeur», insiste Karen Lee.

À Montréal, la Ville aurait ainsi tout intérêt à implanter des politiques favorisant l’alimentation locale et saine. «On est souvent beaucoup trop exposés à des grandes chaînes ou à de la restauration rapide. Surtout à l’extérieur du centre-ville, raisonne l’experte. Ça prend une approche collaborative entre les municipalités, les experts, les citoyens, pour s’attaquer à ce problème.»

Il y a deux ans, la mairesse Valérie Plante annonçait la création d’un Conseil du système alimentaire, sur lequel siègent plusieurs partenaires, afin de s’attaquer au phénomène de l’insécurité alimentaire. Celui-ci touche environ 11% des résidents de Montréal.

«On a 30% de la population qui doit payer très cher pour son logement. Ces personnes ont moins d’argent pour mettre de la nourriture dans leur frigo.» -Valérie Plante, mairesse de Montréal, en faisant référence au nombre grandissant de personnes qui ont recours à des banques alimentaires.

Idem pour la directrice de santé publique de Montréal, Mylène Drouin. Celle-ci déplore que plusieurs personnes n’aient encore «pas accès à des fruits et des légumes de qualité».

«On regarde de plus en plus les food swamps ou les marais alimentaires. Donc, cette densité de fast-foods ou de commerces avec des aliments de faible qualité nutritive», avait-elle dit. Depuis sa fondation, en mai 2018, le Conseil du système alimentaire montréalais (CSAM) a mis sur pied trois marchés solidaires.

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