«Transmission communautaire» et explosion des tests: Montréal fortement touchée par le coronavirus
Les tests de dépistage du coronavirus se multiplient dans réseau de la santé métropolitain et ailleurs au Québec, alors que le nombre de cas confirmés à Montréal monte en flèche. Dans la seule journée de lundi, plus de 3500 personnes ont fait une demande de test à la nouvelle clinique sans rendez-vous du centre-ville.
De ce nombre, près de 1500 d’entre elles ont dû rebrousser chemin comme elles «ne répondaient pas aux critères» de la santé publique.
Selon les plus récentes données, on comptait 439 cas d’infection à Montréal, soit près de 200 de plus que la veille. C’est également tout près de la moitié des cas à la hauteur de la province, qui s’élève à 1 013 cas (en date du 24 mars, 13h00)
«Ça confirme ce dont on se doutait. On a une preuve que le virus est bel et bien implanté dans la communauté», analyse l’expert en virologie Benoit Barbeau. Celui qui enseigne aussi à l’UQAM appelle à augmenter le nombre de points de dépistage sur l’Île.
Transmission locale
Pour les autorités sanitaires montréalaises, il n’y a plus de doute: «il existe une transmission communautaire du SARS-CoV-2 à Montréal». Dans une note transmise à ses employés mardi, la Direction régionale de la santé publique a demandé à ses employés de redoubler de prudence.
Résultat: à partir de maintenant, les employés du milieu hospitalier qui constatent «de la fièvre, de la toux, de la dyspnée ou un mal de gorge» chez un patient devront prendre des mesures supplémentaires. La DRSP exige par ailleurs de donner un masque à la personne qui présente ces symptômes en plus de l’isoler «dans une chambre à pression négative».
Les autorités sanitaires métropolitaines demandent aux employés du réseau de «diffuser largement» ce message.
La présidente par intérim du Syndicat des professionnelles en soins de santé du Centre-Sud-de-l’Île-de-Montréal, Françoise Ramel, s’attend à «une surcharge» à Montréal.
«Mais, de toute manière, tout le monde est en train de travailler à 120%. Même 200%», affirme-t-elle.
Nécessité de la «pause»
La «pause» annoncée lundi par François Legault permettra d’éviter la poursuite de la transmission locale, a mentionné directeur national de la santé publique, Horacio Arruda, mardi.
«C’est normal qu’à Montréal, avec la population qu’il y a là, avec les voyages internationaux, qu’il y ait plus de transmission», a-t-il indiqué lors du point de presse quotidien du gouvernement.
Il ajoute que les enquêtes menées pour retracer l’origine des cas «sont encore faites».
«On est encore en train d’essayer de diminuer la transmission locale au maximum. Quand on dit aux gens de ne pas aller d’une région à une autre, c’est justement pour éviter de réimplanter le même phénomène ailleurs.» – Horacio Arruda, directeur national de la santé publique
Interrogée sur la montée des cas, mardi, la mairesse Valérie Plante a maintenu qu’il n’était pas encore temps de déclarer l’état d’urgence.
«En ce moment, nous ne pensons pas que c’est nécessaire. Mais si nous croyons qu’il faut procéder différemment, nous pouvons le faire», a-t-elle maintenu.
Les infirmières sur le qui vive
Sur le terrain à Montréal, les syndicats d’infirmières se disent prêts, mais craignent une pénurie de masques et de matériel de protection à court terme.
Françoise Ramel rappelle que les cas de professionnels de la santé morts par manque de protection augmentent dans le monde. Elle craint que la hausse rapide des cas se répercute sur les infirmières de la région.
«C’est honteux d’entendre qu’il y a du matériel! Les infirmières doivent quémander pour des masques», s’insurge Mme Ramel.
«Il y a une grande peur et un grand stress.» – Françoise Ramel, présidente par intérim du Syndicat des professionnelles en soins de santé du Centre-Sud-de-l’Île-de-Montréal
– Avec Zacharie Goudreault
Tout ce que vous devez savoir sur le coronavirus: abonnez-vous à notre infolettre pour recevoir tous les soirs, les nouvelles les plus importantes de la journée sur le sujet.