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Sans bail au 1er juillet, des locataires demandent l’aide de Québec

Des locataires affichent des draps blancs en solidarité avec les personnes qui craignent de ne pas pouvoir verser leurs loyers, le 1er avril.
Des locataires affichent des draps blancs en solidarité avec les personnes qui craignent de ne pas pouvoir verser leurs loyers, le 1er avril. Photo: Collaboration spéciale

Des inquiétudes grandissantes se font sentir à l’approche du 1er juillet au Québec. Plusieurs locataires ont signifié leur intention de ne pas renouveler leur bail bien avant le début de la pandémie de coronavirus. Des organismes pressent le gouvernement Legault de mettre sur pied un plan d’urgence, qui inclurait entre autres la prolongation des baux encore disponibles.

«Cette crise sanitaire est arrivée à un bien mauvais moment pour le milieu du logement», observe le porte-parole du Regroupement des comités logement et associations de locataires (RCLALQ), Maxime Roy-Allard.

Le cœur du problème, dit-il, est que les avis de renouvellement sont envoyés aux locataires au début mars, de manière générale. «Plusieurs d’entre eux souhaitaient déménager, alors ils ont signé. Aujourd’hui, ils se retrouvent à chercher un logement sans pouvoir faire de visites, dans un contexte très délicat. Ce n’est vraiment pas l’idéal», ajoute le responsable.

Au Front d’action populaire en réaménagement urbain (FRAPRU), l’organisatrice communautaire Véronique Laflamme abonde dans le même sens.

«On raccourcit davantage la recherche de logements. Ça rajoute encore plus de pression sur les locataires, qui avaient déjà beaucoup de difficulté, à Montréal en particulier», considère-t-elle.

Prolonger les baux, soutenir les offices municipaux

Au-delà des sommes à investir, l’essentiel dans le contexte est de prolonger les baux «qui n’ont pas été reloués à d’autres locataires, et que les gens veulent renouveler en fin de compte», affirme le RCLALQ.

«Ça prend un mot d’ordre général, rapidement. Se lancer dans des milliers de déménagement, ce n’est pas une bonne idée si on veut vraiment limiter les contacts et la transmission du virus», insiste Maxime Roy-Allard à ce sujet. Les offices municipaux, qui gèrent entre autres les habitations à loyer modique (HLM) et les citoyens sinistrés, devront par ailleurs être mieux financés, croient les organismes.

«On voit que les villes s’activent plus rapidement déjà, mais ça prend quelque chose de provincial, pour que tous les locataires aient accès aux ressources. Sinon, la crise du coronavirus va durement exacerber la crise du logement.» -Maxime Roy-Allard, du RCLALQ

«Trop tôt», juge Québec

Interpellé par Métro lors de son point de presse quotidien jeudi, le premier ministre François Legault a soutenu qu’il était «peut-être un peu trop tôt pour parler de mesures» à cet égard.

«Ça fait partie du suivi. Est-ce que dans certains cas, on va reporter les déménagements, est-ce qu’on veut prolonger les baux? On n’est pas là pour l’instant, mais on n’exclut rien pour le moment. On va regarder ça dans les prochaines semaines», dit-il.

«On suit la situation de très près, dans chacune des régions du Québec.» -François Legault, premier ministre du Québec

Le chef de la CAQ ajoute qu’il y aura un «effet domino, qui dépendra de quand on va recommencer la construction domiciliaire pour ceux qui devaient déménager». «Les chèques de 2000$ vont commencer à être distribués par le fédéral. C’est possible pour les gens de payer leur loyer», ajoute-t-il.

Des craintes pour la santé mentale

Au Regroupement des ressources alternatives en santé mentale du Québec (RRASMQ), la co-coordonnatrice Anne-Marie Boucher se dit aussi très inquiète.

«C’est déjà moins évident de trouver du logement quand t’as un historique de psychiatrie ou de santé mentale, mais là, plusieurs de nos membres sont sans logement pour l’été. Ils vivent beaucoup de stress, ça vient les fragiliser davantage», dénonce-t-elle.

«Il y a énormément de personnes au Québec dont l’état de santé se dégrade à cause de la situation actuelle. Ça va prendre une initiative gouvernementale pour repousser la date du déménagement.» -Anne Marie Boucher, du RRASMQ

Montréal évalue plusieurs mesures

Appelée à réagir, l’attachée de presse au cabinet de la mairesse de Montréal, Catherine Cadotte, indique que l’administration Plante «se préparait à une pénurie de logements cet été, avant même la crise sanitaire actuelle».

«C’est pourquoi nous avons presque doublé les services de référence de l’Office municipale de l’habitation de Montréal. Nous suivons de près l’évolution de la situation sanitaire et nous évaluons présentement quelles autres mesures pourront venir en aide aux familles et aux populations vulnérables de la métropole», promet Mme Cadotte.

La priorité sera que les mesures de la Ville soient «complémentaires aux actions du gouvernement, dans l’intérêt des locataires», argue-t-elle.

Hier soir, la députée libérale d’Anjou, Louise Thériault, a quant à elle sommé Québec d’autoriser également la reprise des constructions résidentielles «déjà amorcées» et dues pour le 31 juillet, en particulier si un achat ou un bail a déjà été conclu.

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