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Les sociétés de transport pourraient perdre plus de 75 M$ en avril

Transport
L'achalandage sur le réseau de la STM a «chuté» de manière importante. Photo: Archives Métro

Des baisses de revenus de plus de 75 M$ sont envisageables en avril pour les sociétés de transport de la région de Montréal, révèlent des chiffres de l’Autorité régionale de transport métropolitain (ARTM). Les fortes baisses d’achalandage de la clientèle ces dernières semaines, dues au confinement général de la population, frappent durement le secteur.

«On calcule une variation de l’achalandage d’environ 80 à 90% à la baisse dans l’ensemble des réseaux. Si ça se poursuit sur l’ensemble du mois, cette baisse pourrait représenter un manque à gagner d’un peu plus de 75 M$. Il faut toutefois rappeler que c’est une évaluation préliminaire», explique à Métro le porte-parole de l’ARTM, Simon Charbonneau.

D’abord révélée par le Journal de Montréal vendredi, cette «première évaluation» démontre aussi que les baisses tarifaires ont été d’environ 14 M$ en mars, portant le total à près de 90 M$ de pertes. «La situation de la région de Montréal n’est pas unique, note le responsable. On assiste sensiblement au même phénomène au Canada, à Toronto, Vancouver et Calgary. Nous devons solliciter l’aide des gouvernements pour faire face aux impacts sans précédent d’une telle crise.»

«Les organismes de transport et les municipalités ne peuvent assumer seuls un tel fardeau.» -Simon Charbonneau, porte-parole de l’ARTM

Québec et Ottawa appelés à l’aide

D’ailleurs, l’ARTM affirme avoir déjà entamé des démarches auprès de Québec pour obtenir une aide financière. «Le transport collectif est essentiel à tout plan de reprise économique. Certaines instances du transport collectif ont aussi interpellé le gouvernement fédéral», martèle M. Charbonneau.

Appelée à réagir, l’attachée de presse au cabinet du ministre des Transports, Florence Plourde, se fait prudente. «Pour ce qui est des déficits des sociétés de transport, à ce stade, il est trop tôt pour se prononcer. La situation touche l’ensemble des opérateurs au Québec. Des échanges auront lieu à ce sujet», indique-t-elle.

À la Ville de Montréal, le directeur des communications Youssef Amane souligne que l’administration municipale «travaille déjà sur les scénarios d’impacts et de relance, afin d’être prêts lorsque nous aurons passé de l’autre côté de la courbe».

Éviter à tout prix des «coupures majeures»

Pour l’expert en planification urbaine des transports, Pierre Barrieau, la situation appelle à des investissements d’urgence. «Les coûts d’opération doivent certes avoir diminué, mais aucunement de manière suffisante pour arriver à l’équilibre budgétaire, juge-t-il. Ce sont des sommes vraiment significatives.»

Le spécialiste appelle le gouvernement Legault à imiter les États-Unis, qui ont ouvert la semaine dernière un programme d’aide pour les systèmes de transport collectif urbain.

«Québec n’a pas le choix de soutenir d’urgence le secteur. Sinon, pour la STM par exemple, ça va être très difficile de compenser sans faire des coupures majeures de fréquence, ce qui n’est aucunement souhaitable.» -Pierre Barrieau, expert en planification des transports

Des changements d’habitude en transport?

Joint par Métro, le conseiller municipal de Snowdon, Marvin Rotrand, estime à «un peu moins de 70 M$» les pertes financières de la STM dans le dernier mois. «C’est une menace à la viabilité de leurs opérations», dit celui qui a siégé sur le C.A de la société de transport pendant plusieurs années.

À ses yeux, c’est surtout Ottawa qui devrait faire preuve de leadership. «C’est un problème qui est plus grand que la capacité des provinces de payer», dit-il. Selon lui, le gouvernement Trudeau devrait, tel que réclamé par l’Association canadienne du transport urbain (ACTU), mettre sur pied un fonds d’urgence de 1,2 G$ pour éponger les pertes au Canada. L’élu déposera une motion non-partisane à ce sujet, au prochain conseil municipal, le 20 avril.

«Les gens ne vont pas revenir immédiatement dans les transports collectifs après la pandémie, évoque M. Rotrand. Ça va prendre du temps pour rehausser la confiance des usagers. Avec la réorganisation du travail à prévoir, il va y avoir une diminution du nombre de voyages, même après la COVID-19.»

«Ça va prendre des années pour rebâtir l’achalandage. La menace majeure, c’est la peur.» -Marvin Rotrand, conseiller de Snowdon, qui appelle les opérateurs à «revoir rapidement» leur plan stratégique.

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