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Réouverture des usines: «gros défis» de réorganisation à Montréal

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Durant la relance, les manufacturiers seront autorisés à rouvrir avec 50 employés et 50% du reste de son personnel excédentaire à cette limite. Le 25 mai, tous les travailleurs pourront revenir. Photo: Courtoisie MP Repro

Alors que la réouverture des entreprises manufacturières du Québec s’est amorcée lundi, des milliers d’employés dans les usines ont rapidement fait le constat que leur quotidien ne sera plus le même. Nouvelles conditions de travail, nouveaux aménagements et horaires modifiés: l’industrie montréalaise fait face au déconfinement et à ses réalités changeantes.

«Les manufacturiers sont prêts à repartir. Le mot d’ordre a bien été diffusé: on continue de se protéger», indique la présidente du regroupement Manufacturiers et Exportateurs du Québec (MEQ), Véronique Proulx. Durant la relance, les manufacturiers seront autorisés à rouvrir avec 50 employés et 50% du reste de son personnel excédentaire à cette limite. Le 25 mai, tous les travailleurs pourront revenir. Selon des données de MEQ, environ 100 000 employés ont ainsi repris le travail ce lundi.

Mme Proulx affirme que l’industrie a subi de grandes pertes pendant la crise.

«Une baisse de 20 à 50 % des revenus est prévue. La réouverture des usines est une étape importante de la reprise économique, d’autant plus que nos concurrents, nos clients et nos fournisseurs hors Québec ont continué d’opérer.» -Véronique Proulx, de MEQ

Plus de mesures

«Le plus gros défi aujourd’hui, c’est la réintégration de l’équipe complète», lâche Sebastian Strozynski, le directeur général de Pharmacos Machinerie, une entreprise montréalaise spécialisée dans l’emballage pharmaceutique.

Pendant la crise, Pharmacos Machinerie a continué d’employer le tiers de ses effectifs pour produire du matériel essentiel, dont des médicaments et du gel désinfectant. Avec peu d’employés, le contexte était facilitant, mais cette semaine sera le vrai test, dit le DG. «Les règles de distanciation et les mesures de protection étaient plus faciles à respecter en petit nombre. Aujourd’hui, on passe à 85-90% de notre personnel, avec un seul horaire. Et il faut garder les mêmes mesures», illustre-t-il.

D’ailleurs, la validation des lignes de production, qui s’effectue chaque jour par les clients, se fait maintenant à distance. Les cafétérias, les salles de bain ainsi que les chaînes de montage sont aussi désinfectées avant et après chaque utilisation.

«On va tenir des réunions chaque vendredi pour voir comment la semaine a été, s’il y a des améliorations à apporter. N’importe quelle suggestion va être la bienvenue. Il ne faut pas minimiser les enjeux.» -Sebastian Strozynski, de Phamarcos Machinerie

Des risques limités au maximum

Chez Ridha Cosmétiques, la gestionnaire Louise Deveau abonde relativement dans le même sens. «Plus le nombre d’employés est grand, plus les directives doivent être claires, dit-elle. Ce n’est pas toujours possible d’imposer la distanciation en fonction du travail effectué, donc il faut parfois changer les installations en place, porter le masque, mettre des plexiglass. Il y a un paquet d’éléments», dit-elle.

La situation serait toutefois plus aisée pour l’entreprise de LaSalle, vu sa plus petite taille, elle qui n’a presque pas modifié sa production pendant la pandémie.

«On essaie de limiter le plus possible les risques, pour les employés et la clientèle. Quand on sort d’ici, chacun va chez soi et on ne va pas plus loin. C’est une sorte d’entente tacite.» -Louise Deveau, de Ridha Cosmétiques

Malgré tout, la boutique de vente de l’entreprise demeurera fermée pour «un bon moment encore». Des commandes en ligne sont prises avec les clients, qui peuvent toutefois venir les chercher sur place, «sans qu’il n’y ait aucun contact».

Un «blitz» qui inquiète au-delà de la réouverture des usines

Aussi durement affectée par la fermeture de ses activités depuis plusieurs semaines, l’industrie de la construction rouvrait lundi la plupart de ses chantiers au Québec. Bon nombre de gestionnaires souhaiteraient faire un «blitz agressif» de travaux pour rattraper les retards causés par la crise de la COVID-19. Une situation qui inquiète toutefois plusieurs syndicats.

Carl Dufour, le président du CSD Construction, demande au gouvernement Legault «d’être logique dans son approche et de ne pas céder à la pression, surtout pour les travaux de rues et routes qui peuvent attendre». «On est d’accord avec l’urgence de reprendre certains travaux, mais la reprise doit se faire de manière intelligente», dit le porte-parole.

Son groupe craint que l’augmentation du trafic automobile, causé par les baisses d’achalandage dans le transport collectif, ajoutera au défi. «On s’attend à ce que les automobilistes vivent encore plus d’impatience avec l’augmentation des travaux. C’est cette impatience qui est la plus dangereuse», conclut-il.

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