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Coronavirus: les pertes pour les sociétés de transport du Grand Montréal évaluées à 165 M$

Une dame porte un masque dans le métro.
Photo: Pablo Ortiz/Métro

Les pertes financières des sociétés de transport en commun du Grand Montréal devraient atteindre 165 M$ d’ici la fin du mois alors que la crise du coronavirus a fait chuter leur achalandage de façon drastique.

Depuis la mi-mars, l’achalandage a chuté de 80 à 90% dans le réseau de transport en commun de la région métropolitaine en raison de la pandémie. Or, la tarification des usagers est une source de financement importante pour les sociétés de transport. Dans le Grand Montréal, près de 30% des revenus de celles-ci proviennent en temps normal de la vente de titres de transport.

Ainsi, après avoir perdu près de 15 M$ en mars, les sociétés de transport du Grand Montréal ont perdu environ 75 M$ avril. Dans ses plus récentes projections, fournies à Métro mardi, l’Autorité régionale de transport métropolitain (ARTM) anticipe également des pertes de 75 M$ pour le mois de mai.

Ainsi, le «manque à gagner» des sociétés de transport de la région en matière de revenus tarifaires devrait atteindre «un peu plus de 165 M$» d’ici la fin du mois, indique l’ARTM par courriel.

À la fin mars, la Société de transport de Montréal (STM) avait réduit son service de métro et de bus de 20% pour compenser en partie la baisse d’achalandage. La fréquence du métro est toutefois de retour à la normale ce lundi. La STM déploie également quotidiennement 1225 bus sur la route à l’heure de pointe, bien «que la baisse d’achalandage soit toujours de l’ordre de 73 %», indique-t-elle par courriel. 

«Éventuellement, la STM va manquer d’argent. Cette situation n’est pas durable», prévient le conseiller indépendant de Snowdon et ancien vice-président du conseil d’administration de la société de transport, Marvin Rotrand. 

Aide financière d’urgence

La situation de Montréal fait écho à celle qui affecte la plupart des grandes villes du pays. Devant ce constat, une cinquantaine d’organismes à travers le pays ont envoyé lundi une lettre au gouvernement de Justin Trudeau pour demander une aide financière d’urgence pour les sociétés de transport en commun. Autrement, écrivent-ils, celles-ci risquent d’être «incapables» de maintenir un service «adéquat» pour la population.

Selon l’Association canadienne du transport urbain, au moins 400 M$ par mois seraient nécessaires pour permettre aux sociétés de transport du pays de compenser la baisse de leur achalandage. C’est sans compter les dépenses effectuées notamment par la STM dans le but de distribuer des milliers de masques à ses usagers et pour installer des distributeurs de désinfectant dans son réseau du métro.

«Les municipalités risquent d’avoir à augmenter les impôts fonciers de manière importante», prévient à Métro le président de Trajectoire Québec, François Pepin. 

Des sociétés de transport pourraient également décider d’augmenter la tarification de leurs usagers. Or, une telle mesure créerait un «cercle vicieux» en diminuant encore plus l’achalandage du transport collectif, estime M. Pepin.

«On ne peut pas se permettre de laisser décliner les sociétés de transport collectif parce qu’éventuellement, il va y avoir un retour à la normale [avec la reprise de l’économie]», souligne à Métro le directeur général pour le Québec de la Fondation David Suzuki, Karel Mayrand. 

«Ce serait peut-être l’occasion de revoir le financement des sociétés de transport pour les rendre moins vulnérables.» -Karel Mayrand, directeur général de la Fondation David Suzuki au Québec

Financement des sociétés de transport

Les signataires réclament en outre qu’Ottawa revoit sa participation financière à plus long terme dans le transport en commun. Actuellement, le gouvernement fédéral finance la construction d’infrastructures à cet égard, mais ne contribue pas aux frais d’exploitation, qui n’ont cessé de croître dans les dernières années.

Au cabinet de la ministre de l’Infrastructure et des Collectivités, Catherine McKenna, on assure que des discussions sont en cours avec les provinces, les municipalités et les sociétés de transport, pour évaluer leurs besoins.

«Nous travaillons avec les provinces pour nous assurer qu’elles disposent des ressources nécessaires pour poursuivre leur travail», a indiqué son attachée de presse, Chantalle Aubertin, sans toutefois s’avancer sur une aide financière d’urgence aux sociétés de transport en commun. 

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