Interdiction des voitures : la Fruiterie Milano est «furieuse»
Alors que certains commerçants se réjouissent de voir les artères commerciales interdites aux voitures, le propriétaire de la Fruiterie Milano ne décolère pas. Pour lui, la décision de la Ville de Montréal est tout simplement «inacceptable».
La fruiterie de Mario Zaurrini, située boulevard Saint-Laurent depuis des décennies, est une véritable institution de la Petite-Italie. Depuis le début de la crise, elle continue à servir ses clients, notamment grâce à un système de commandes à emporter. La fruiterie en prépare ainsi plus d’une vingtaine par jour.
Quand il a appris hier que les voitures ne pourraient plus circuler sur le boulevard Saint-Laurent entre Saint-Zotique et Jean-Talon, M. Zaurrini a été très surpris. Pour lui, fermer à la circulation sur une artère aussi majeure est absurde.
«C’est incompréhensible! On est furieux! La plupart de nos clients s’arrêtent en voiture sur Saint-Laurent. C’est un axe qui traverse la ville du Nord au Sud et qui ramène du monde de partout à Montréal», tone-t-il.
De plus, alors que la Ville souhaite faciliter la distanciation sociale avec ces nouveaux aménagements, M. Zaurrini craint que cela ait l’effet inverse. Selon lui, empêcher l’accès aux voitures risque surtout de créer des rassemblements.
Une décision sans consultation
Ce que M. Zaurrini reproche surtout à la Ville et à l’arrondissement de Rosemont-La Petite-Patrie, c’est de ne pas avoir demandé l’avis des commerçants. Pourtant concernés par ces nouveaux aménagements, ils n’auraient pas été consultés.
«Ils disent que les commerçants ont été consultés à travers les Sociétés de développement commercial (SDC). C’est complètement faux. On a reçu d’appel de personne. Ni de la SDC, ni de la Ville, ni de l’arrondissement», affirme-t-il.
Le propriétaire de la fruiterie Milano déplore aussi de n’avoir reçu aucun communiqué à ce sujet hier. C’est l’Association des détaillants en alimentation (ADA) qui lui a appris la nouvelle, raconte-t-il.
Pour faire front et contester la décision de la Ville, il souhaite de s’allier à d’autres commerçants mécontents. «Je vais rassembler les autres commerçants et s’il le faut je vais mettre en demeure la Ville qui ne fait que détruire la Petite-Italie», explique M. Zaurrini.
Des avis contrastés
L’arrondissement de Rosemont-La Petite-Patrie a dévoilé un plan de relance qui prévoit l’interdiction de la circulation automobile sur trois tronçons des rues Beaubien et Masson, ainsi que du boulevard Saint-Laurent.
L’objectif est de donner plus d’espace aux piétons et cyclistes, et offrir aux commerçants la possibilité d’occuper l’espace public.
Si d’autres commerçants de Rosemont-La Petite-Patrie se désolent de ne pas avoir été consultés, tous n’ont pas un avis aussi tranché que M. Zaurrini. Non loin de la Fruiterie Milano, le fleuriste Michel Folle Avoine est sceptique.
«J’ai peur que les commerces sur le boulevard Saint-Laurent ne soit pas assez diversifiés pour que ça fonctionne, confie-t-il. Il y a surtout des restaurants et de l’alimentation et plusieurs locaux vides. On ne serait pas nombreux à s’installer sur la rue.»
Sur la Promenade Masson, Roxane Mercier, propriétaire du restaurant Pot Masson trouve que l’intention de l’arrondissement est bonne, mais que beaucoup de flou persiste. Elle aimerait savoir si elle pourra ou non ouvrir sa terrasse cet été.
«Des annonces sont faites, mais on ne sait pas exactement ce qui sera permis. Le service de livraison à vélo gratuit est très apprécié, mais quand sera-t-il mis en place? Ça devient urgent que les choses se concrétisent», insiste la restauratrice.
Au moment d’écrire ces lignes, les SDC de la Petite-Italie et de la Promenade Masson n’avaient pas répondu à nos demandes d’entrevue.