Achalandage en baisse: que fait-on avec les 300 bus hybrides?
Alors que l’achalandage a chuté drastiquement à la Société de transport de Montréal (STM) et que la situation financière de la Ville écope de la crise du coronavirus, un élu remet en question l’arrivée au cours des prochains mois de 300 nouveaux bus hybrides sur les routes de la métropole.
Comme promis par Projet Montréal lors de la dernière campagne électorale, ces véhicules devraient arriver progressivement dans les garages de la STM d’ici l’automne. La société de transport a déjà accueilli une soixantaine de ces véhicules, qui font partie d’un contrat d’envergure accordé en juin 2018 à Nova Bus.
Achalandage
Le conseiller indépendant de Snowdon et ancien vice-président de la STM, Marvin Rotrand, remet toutefois en question l’échéancier serré prévu pour l’arrivée de ces véhicules. Depuis la fin du mois de mars, l’achalandage a chuté de 80 à 90% dans le réseau de la STM en raison de la pandémie. Dans le Grand Montréal, cette baisse d’achalandage aura entraîné des pertes financières d’au moins 165 M$ d’ici la fin du mois de mai, selon des prévisions de l’Autorité régionale de transport métropolitain.
«La STM et la Ville ne peuvent même pas garantir que lorsque la STM aura les 300 bus, ils auront l’argent pour les opérer», soulève M. Rotrand.
Dans une lettre acheminée à Marvin Rotrand en réponse à ses questions, le vice-président de la STM, Craig Sauvé, a d’ailleurs indiqué qu’il est actuellement «beaucoup trop tôt» pour offrir des prévisions sur l’achalandage du transport en commun pour l’ensemble de l’année en cours, ni pour 2021.
«Il n’y a aucune garantie que l’achalandage reviendra à ce qu’il était dans les prochaines années», constate M. Rotrand. Dans ce contexte, la Ville devrait selon lui analyser la possibilité de reporter sur une plus longue période de temps l’arrivée de ces bus hybrides à la STM.
L’élu a d’ailleurs réussi à faire adopter mardi soir, en séance du conseil municipal, une motion amendée qui prévoit que la Ville demande au gouvernement fédéral de créer un fonds d’urgence de plusieurs milliards de dollars afin d’assurer la «viabilité» des sociétés de transport pendant la crise sanitaire et d’épauler financièrement les municipalités.
Distanciation physique
Bien que la crise sanitaire pourrait créer un manque à gagner de plus d’un demi-millard dans les finances de la Ville, cette dernière n’entend pas repousser la date d’arrivée de ces 300 bus.
«L’offre de service étant un des leviers pour stimuler l’achalandage et l’activité économique, il serait contre-productif dans le contexte de reporter l’arrivée des bus», indique la lettre de M. Sauvé, dont Métro a obtenu copie.
Une position que partage l’expert en planification des transports à l’UQAM, Pierre Barrieau, qui s’attend à une hausse de l’achalandage à la STM en raison du déconfinement.
«Si on veut la plus grande distanciation physique possible tout en ayant une relance économique, ça nous prend ces bus-là.» -Pierre Barrieau, expert en planification des transports
Un défi de taille
C’est donc un défi de taille qui attend Nova Bus. Le 23 mars, l’entreprise de Saint-Eustache a dû interrompre ses activités en raison de la pandémie. Celles-ci ont ensuite repris le 11 mai, mais à capacité réduite. Puis, ce lundi, le gouvernement Legault a levé toutes les restrictions concernant les entreprises manufacturières.
«On a pu reprendre nos activités cette semaine comme elles étaient avant la pandémie», souligne la porte-parole de Nova Bus, Emmanuelle Toussaint.
La Ville reconnaît toutefois que la crise sanitaire pourrait retarder la livraison de ces véhicules.
«Les 300 bus, on continue à les recevoir, mais effectivement, l’usine de Nova Bus a pris des ralentissements, donc on évalue la situation pour voir comment on peut les accueillir et les déployer à la suite de cette crise. Il y a beaucoup de travail qui se fait là-dessus», a indiqué M. Sauvé lundi, en séance du conseil municipal.
Des discussions sont d’ailleurs en cours entre Nova Bus et la STM afin de «revoir le calendrier de livraisons» de ces véhicules, confirme une porte-parole de la société de transport, Amélie Régis.