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Pauvreté: Montréal n’était pas prête à faire face au coronavirus

Pauvreté
Photo: Archives Métro

Malgré la croissance économique des dernières années, Montréal n’était pas prête à faire face à la crise du coronavirus, qui pourrait aggraver les enjeux de pauvreté et d’insécurité alimentaire contre lesquels plusieurs organismes se battent depuis des années.

Dans les dernières années, la métropole a connu une croissance économique enviable marquée par la création de nombreux emplois, notamment dans les secteurs technologiques. Montréal a aussi connu une croissance de sa population supérieure à celle du reste de la province, en bonne partie grâce à l’immigration.

«On constatait des progrès en éducation et les conditions de vie, en général, s’amélioraient», a souligné mardi le président-directeur général sortant de la Fondation du Grand Montréal, Yvan Gauthier. Ce dernier a pris part à une conférence virtuelle en avant-midi avec le président de la Chambre de commerce du Montréal métropolitain, Michel Leblanc.

M. Gauthier a alors présenté les grandes lignes de l’édition spéciale du rapport «Signes vitaux du Grand Montréal 2020». Ce document de 80 pages dresse un portrait de l’évolution de différents enjeux sociaux dans la métropole sur une période de 20 ans, entre 2000 et 2019. 

Lutte contre la pauvreté à Montréal

Sur le plan de la lutte à la pauvreté, le rapport constate certaines avancées dans les dernières années. Toutefois, ce sont encore aujourd’hui 12 Montréalais en emploi sur 100 qui souffrent d’insécurité alimentaire. Pour les familles monoparentales, ce pourcentage grimpe même à 23%.

Par ailleurs, bien qu’il ait diminué dans les dernières années, le taux de prestataires de l’aide sociale âgés de moins de 65 ans sur l’île de Montréal était de 7,4% l’an dernier. Il reste ainsi plus élevé que la moyenne provinciale, qui est de 5,3%.

«On n’a pas su bien répartir les bénéfices de la croissance», constate M. Gauthier. Ce dernier craint d’ailleurs que la pandémie de coronavirus ne vienne annuler les avancées accomplies dans les dernières années.

«La pandémie est vraiment une catastrophe parce que ça vient briser notre élan, créer de la détresse immédiate, la mort, la peur, la maladie et de l’insécurité financière. Et aussi parce qu’on sait que se relever va prendre du temps», a-t-il déclaré. 

Yvan Gauthier parle donc d’une «occasion manquée» pour la métropole, qui n’a pas su se préparer adéquatement à un tel choc, selon lui.

«On n’en a pas fait assez. La réalité, c’est que nous n’avons pas su profiter de ces années de forte croissance pour bâtir une communauté résiliente et capable d’amortir les chocs chez les plus fragiles», soulève-t-il. 

Les organismes écopent

Cette crise affecte aussi durement les organismes caritatifs. Selon un récent rapport d’Imagine Canada, 73% de ceux-ci rapportent une baisse des dons reçus, tandis que 38% ont vu leurs revenus chuter depuis le début de la pandémie de coronavirus. Des répercussions «significativement supérieures» pour ces organismes d’aide que celles de la récession économique de 2008-2009, souligne le document.

La Fondation du Grand Montréal a d’ailleurs débloqué environ 8 M$ au cours des trois derniers mois pour supporter des organismes de la région métropolitaine.

«Les difficultés économiques vont amplifier la détresse sous toutes ses formes. Il faudra que chaque geste de relance soit orienté vers un développement à long terme et inclusif.» -Yvan Gauthier, président-directeur général de la Fondation du Grand Montréal

Relance économique

Alors que la métropole entreprend depuis quelques semaines une relance progressive de son économie, Québec et Ottawa ont des opportunités à saisir, estime M. Gauthier.

«Les gouvernements doivent être conscients de leur responsabilité économique et surtout sociale, et mieux orienter leurs actions vers des objectifs de développement durable», estime-t-il. Les différents paliers de gouvernement pourraient notamment mettre en place des plans pour lutter contre l’insécurité alimentaire et prioriser l’environnement dans la relance économique, a-t-il précisé. 

«On doit tous agir ensemble, et non plus en silo. Nos décisions d’aujourd’hui déterminent déjà notre avenir», a conclu M. Gauthier.

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