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Itinérance: un moratoire réclamé sur la fermeture des ressources temporaires

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Des tentes abritant des itinérants sont présentes depuis plusieurs semaines près de la rue Notre-Dame Est, dans le quartier Hochelaga-Maisonneuve. Photo: Josie Desmarais/Métro

L’opposition officielle et des organismes pressent la Ville de Montréal de mettre sur pause la fermeture des refuges temporaires pour personnes en situation d’itinérance mis en place dans les derniers mois en raison de la crise sanitaire.

La Ville, en collaboration avec la Santé publique et divers organismes, a ouvert dans les derniers mois quelque 700 places pour les sans-abri dans divers bâtiments publics laissés vacants en raison des mesures de confinement. Il s’agit notamment de centres sportifs et d’hôtels de la métropole.

En raison du déconfinement, la Ville a toutefois décidé d’élaborer un plan de transition de 6 à 12 mois qui prévoit de reloger les sans-abri qui ont adopté ces ressources temporaires vers d’autres bâtiments afin que celles-ci puissent retrouver leur vocation initiale.

Depuis, l’aréna Maurice-Richard a cessé d’accueillir des sans-abri le 15 juillet. Cela a ensuite été le cas deux semaines plus tard du Centre Jean-Claude Malépart, dans le quartier Centre-Sud, et de l’hôtel l’Abri du voyageur, entre autres.

Une note envoyée le 23 juillet par la Santé publique aux organismes en itinérance de la métropole fait aussi état de la fermeture le 30 juillet d’un refuge temporaire au YMCA Centre-ville, a constaté Métro.

Pas assez d’alternatives

Or, l’administration municipale semble tarder à trouver des alternatives à ces refuges temporaires, à l’exception de l’hôpital Royal-Victoria, qui aura comme mission d’accueillir des personnes en situation d’itinérance désirant entamer leur réinsertion sociale. L’établissement avait servi d’unité d’isolement pour les sans-abri atteint de la COVID-19 pendant la première vague, mais celle-ci a cessé ses activités le mois dernier.

«Ce n’est pas assez», laisse tomber à Métro la directrice du Foyer pour femmes autochtones de Montréal, Nakuset. Cette dernière constate déjà les effets de cette transition sur les personnes autochtones en situation d’itinérance qui bénéficient des services du centre de jour de Résilience Montréal, au square Cabot. En raison de la pandémie, de nombreux refuges traditionnels ont dû réduire considérablement leur capacité afin de respecter les règles de distanciation physique en vigueur.  

«On doit être capable de référer les gens aux bonnes ressources et on ne peut pas le faire présentement […] Les femmes autochtones n’ont pas assez d’endroits où aller», soupire Nakuset.

Moratoire exigé

Face à cette situation, le parti Ensemble Montréal presse la Ville d’imposer un moratoire à la fermeture de ces ressources d’hébergement temporaires.

«La crise du logement est exacerbée par la COVID en ce moment, ce qui fait qu’il y a plus de familles à la rue. Ce n’est pas le temps de fermer des ressources», martèle à Métro le porte-parole en itinérance de l’opposition officielle, Benoit Langevin.

Ce dernier réclame également que la Ville crée une table ronde afin qu’elle puisse s’asseoir avec les différents organismes du milieu. Celle-ci viserait à élaborer «un plan d’action rapide pour stabiliser les ressources en vue de la deuxième vague pandémique».

«Je ne crois pas que ce soit une option de changer à tout bout de champ de ressources», ajoute l’élu.

À l’instar du président sortant de la Mission Old Brewery, M. Langevin craint d’ailleurs que la fermeture de ces ressources temporaires n’entraîne une augmentation du nombre de campements improvisés, à l’instar de celui-ci actuellement en place dans le quartier Hochelaga, près de la rue Notre-Dame Est.

«Il faut non seulement arrêter de fermer [les refuges temporaires], il faut aussi en ouvrir plus. Ce n’est pas suffisant. Il y a des personnes meurent dans la rue.» -Nakuset, directrice du Foyer pour femmes autochtones de Montréal

Trois nouveaux refuges

En entrevue, le maire de Mercier–Hochelaga-Maisonneuve, Pierre Lessard-Blais, a confié à Métro que trois nouveaux refuges temporaires verront le jour, soit un au centre-ville, un dans l’Est de Montréal et un autre dédié aux Autochtones en situation d’itinérance. Une annonce à cet effet devrait avoir lieu d’ici la fin du mois.

L’élu de Projet Montréal assure d’ailleurs qu’il n’y a «pas de liens directs» entre le plan de transition de la Ville et le campement de la rue Notre-Dame. «Ce sont des personnes qui préfèrent dormir à l’extérieur pour différentes raisons», souligne M. Lessard-Blais, qui assure que des lits sont libres dans les ressources actuellement en place.

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