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Grève au port de Montréal: l’intervention immédiate d’Ottawa réclamée

Des travailleurs manifestent après le déclenchement d’une grève générale illimitée annoncée par le syndicat des débardeurs du port de Montréal (SCFP 375)
Des travailleurs manifestent après le déclenchement d’une grève générale illimitée annoncée par le syndicat des débardeurs du port de Montréal (SCFP 375). Photo: Pablo A. Ortiz/Métro

La Chambre de commerce du Montréal métropolitain (CCMM), le Conseil du patronat du Québec (CPQ), la Fédération canadienne de l’entreprise indépendante (FCEI), la Fédération des chambres de commerce du Québec (FCCQ) et Manufacturiers et Exportateurs du Québec (MEQ) demandent l’intervention immédiate du gouvernement fédéral pour permettre le retour aux activités normales du port «dans les plus brefs délais».

Les cinq organisations représentant les milieux des affaires et économiques ont tenu une conférence de presse commune lundi en début d’après-midi pour faire le point sur la situation, estimant que ce n’est pas le temps de prendre l’économie en otage. L’heure est à la relance mondiale.

La grève au port de Montréal, deuxième plus grand du Canada, a été déclenchée à 7h00 ce matin. La pierre d’achoppement sont les horaires de travail des débardeurs, qui nuiraient à la conciliation travail-famille. Ceux-ci, selon leur syndicat, travaillent 19 jours consécutifs sur 21, 365 jours par an, sauf les congés fériés et quand où le port est fermé, selon Radio-Canada. Il n’a pas été possible de parler à un représentant du Syndicat des débardeurs.

«[…] Il est urgent que le gouvernement fédéral et la ministre du Travail interviennent pour favoriser un retour normal aux opérations dès que possible.» -Charles Milliard, de la Fédération des chambres de commerce du Québec

Des conséquences pour l’économie

«La situation actuelle qui se déroule au port de Montréal, depuis plusieurs semaines, a un impact direct et important sur les activités des entreprises de transport, de même que sur leurs employés et leurs clients. C’est près de 6300 entreprises de transport qui dépendent de cette infrastructure, pour certains transporteurs, les activités portuaires représentent plus de 70% de leurs opérations», rappelle l’Association du camionnage du Québec (ACQ).

Le secteur des transports, malgré son statut de «service essentiel», se retrouve dans une position fragile en raison de la pandémie. «Depuis le début de l’année, notre industrie a été frappée de plein fouet.

Des transporteurs se retrouvent actuellement dans une situation précaire. Plusieurs d’entre eux sont à bout de souffle», souligne Marc Cadieux, pdg de l’ACQ.

«Maintenant, des transporteurs vont devoir dire à des camionneurs qu’ils n’ont plus de travail pour eux», craint M. Cadieux.

La grève, qui survient dans une période particulièrement difficile, touchera tout le monde, de manière directe ou indirecte. Car tous dépendent du transport, que ce soit pour l’alimentation, l’habillement ainsi que les marchandises ou les fournitures diverses.

«L’annonce de la grève générale illimitée va continuer de prendre les entreprises en otage, alors que plusieurs entrepreneurs tentent actuellement de sauver leur entreprise. C’est une très mauvaise nouvelle qui a des impacts incommensurables, que l’on pense à l’autonomie alimentaire du Québec ou aux enjeux des chaînes logistiques, les impacts sont multiples dans toutes les régions et les conséquences seront importantes», affirme Karl Blackburn, président et chef de la direction du Conseil du patronat du Québec.

Du côté du port, on s’inquiète grandement des conséquences de cette grève. «L’APM est très préoccupée par cet arrêt de travail pour la santé et la sécurité du public dans cette période de pandémie mondiale, car les activités portuaires sont essentielles à la bonne marche de l’économie et pour le ravitaillement, entre autres, des produits alimentaires et autres biens essentiels. Un arrêt des opérations portuaires a des répercussions importantes pour les entreprises canadiennes qui dépendent du commerce international et, ultimement, pour l’approvisionnement en biens et produits pour les citoyens.»

L’Administration portuaire de Montréal dit souhaiter que les parties en arrivent à s’entendre rapidement.

Du côté du Syndicat des débardeurs (SCFP section locale 375), un communiqué précise qu’on entend «poursuivre les négociations en présence de la médiatrice et maintiendra ouvert le canal de communication entre les parties touchant une possible trêve».

La convention collective entre le syndicat et la partie patronale est échue depuis le 31 décembre 2018.

Pour un règlement rapide

«Compte tenu de l’importance du port de Montréal, ce sont les entreprises de tout le pays qui peuvent faire les frais de cette grève. L’intervention du gouvernement du Canada pour assurer la poursuite des activités portuaires est nécessaire», estime François Vincent, vice-président pour le Québec de la FCEI.

Avec 12 ministres venant du Québec, dont le premier ministre lui-même, la grève pourrait se régler rapidement, croit Michel Leblanc, président et chef de la direction de la Chambre de commerce du Montréal métropolitain, bien qu’il se dise préoccupé par le fait que syndicat «fait ce qu’il avait annoncé».

Il s’inquiète aussi du fait que le gouvernement semble se fier à la bonne foi des parties pour régler ce conflit. «En ce moment 40 000 conteneurs sont soit au port, soit détournés vers d’autres ports. C’est énorme», dit-il, ajoutant que ce dossier doit se régler d’ici la fin de la semaine. Il rappelle le conflit de 2010 avait duré 6 jours. Six jours de trop.

Il faut arrêter de se dire que ce dossier se réglera par la bonne volonté. Le rôle du gouvernement, affirme-t-il, est d’imposer un «ultimatum très clair. Cela doit être résolu d’ici la fin de semaine.»

«Le rôle du gouvernement pour régler ce dossier est d’imposer l’arbitrage ou d’ordonner le retour au travail. La ministre [Mélanie] Joly [du Développement économique] est très consciente des impacts de cette grève, a ajouté M. Leblanc. «Nos cabinets se parlent mais je n’ai pas parlé à  la ministre [Filomena Tassi, ministre du Travail]. C’est à elle de prendre la décision d’intervenir.»

La ministre fédérale du Travail, Filomena Tassi, ne s’est toujours pas prononcée relativement à ce dossier. Métro a contacté son bureau parlementaire en fin d’après-midi lundi.

En début de soirée lundi, Jérémy Ghio, directeur des communications du cabinet de la ministre du Développement économique et des Langues officielles Mélanie Joly, a fait savoir que la ministre, en vacances, «regarderait le dossier» demain, mardi, et que son bureau fera une déclaration dans la journée.

Quant au bureau du ministre fédéral des Transports, Marc Garneau, un message a été laissé à l’intention de son chef de cabinet.

À très court terme, «un tsunami de pression» s’en vient sur les 11 ministres québécois du gouvernement Trudeau, assure le président et chef de la direction de la Chambre de commerce du Montréal métropolitain.

Rappelons que le port de Montréal, c’est 6300 entreprises de transport, 19 000 emplois et des retombées annuelles de 2,6 milliards de dollars.

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