Prolongement de la ligne bleue: Valérie Plante réclame une loi spéciale
La mairesse de Montréal, Valérie Plante, presse le gouvernement Legault de créer une loi spéciale afin de faciliter les expropriations dans le cadre du projet de prolongement de la ligne bleue du métro, qui font l’objet de contestations.
«Il est plus que temps que le projet de la ligne bleue soit réalisé. Ça fait depuis 1988 que la population de l’Est l’attend. [À la suite de] l’échec du projet de loi 61, on s’attend à ce qu’il y en ait un sur la table pour la rentrée parlementaire», a déclaré Mme Plante dans une série de publications sur les réseaux sociaux.
La semaine dernière, le ministre des Transports, François Bonnardel, a fait part de son inquiétude quant à l’avenir de ce projet. Pendant l’étude des crédits budgétaires 2020-2021, il a souligné que plus de 500 cas d’expropriation sont en suspens, dont 250 jugés problématiques. L’élu de la Coalition avenir Québec craint ainsi que ces constations entraînent une hausse des coûts du projet et des délais supplémentaires. La Société de transport de Montréal (STM) a d’ailleurs reconnu, la semaine dernière, que l’échéancier de 2026 pour compléter ce prolongement pourrait être revu.
«Ça va prendre de la flexibilité de la part de tous les acteurs pour mettre en place des solutions techniques et financières afin de réaliser ce projet de métro jusqu’à Anjou. Et bien entendu, on souhaite maximiser le développement urbain autour des stations de métro», a ajouté Mme Plante.
«Toutefois, on a besoin d’une loi spéciale pour accélérer le processus d’expropriation et planifier le plus rapidement possible le développement aux abords des stations. Tous les partis doivent y travailler.» -Valérie Plante, mairesse de Montréal
Projet de 2,5 G$
Cette déclaration survient alors que le promoteur Cadillac Fairview, un des copropriétaires des Galeries d’Anjou, veut réaliser un vaste projet immobilier et commercial évalué à 2,5 G$ auquel s’intégrerait une station de métro et d’autobus.
Ce projet se veut ainsi une riposte à celui de la STM. Celle-ci souhaite exproprier plus du quart des terrains qui appartiennent aux Galeries d’Anjou, ce qui devrait entraîner le retrait de près de 2000 places de stationnement et la fermeture de plusieurs commerces locaux. La STM souhaite ainsi disposer de l’espace nécessaire pour aménager un terminus d’autobus et un vaste stationnement incitatif. Ce à quoi s’oppose le promoteur des Galeries d’Anjou.
Questionné par Métro, le cabinet de Mme Plante a réitéré son souhait de «favoriser le développement urbain autour des futures stations de la ligne bleue».
«Le projet de Cadillac Fairview devra être étudié de façon approfondie, considérant les opportunités qu’offre ce projet du métro, mais aussi ses contraintes», ajoute son attachée de presse, Geneviève Jutras.
Un nouveau projet de loi
Quant à la demande de la mairesse pour l’utilisation d’une loi spéciale, Mme Jutras indique que celle-ci vise «d’abord et avant tout» à faire avancer le prolongement de la ligne bleue.
«Les gens de l’Est ont assez attendu. C’est pourquoi nous demandons une loi spéciale», conclut-elle.
Questionné par Métro, le ministère des Transports a souligné que le gouvernement Legault déposera cet automne un nouveau projet de loi «visant l’accélération des investissements en infrastructures». Celui-ci viendra remplacer le controversé projet de loi 61, dont Québec a annoncé l’abandon la semaine dernière.
«Le ministre François Bonnardel a la responsabilité de trouver un terrain d’entente pour le terminus de la ligne bleue et éviter d’innombrables batailles judiciaires, à moins que sa solution implique une loi autoritaire et des coûts astronomiques», a pour sa part réagi sur les réseaux sociaux le porte-parole du Parti libéral du Québec en matière de transports, Pierre Arcand.
Le projet de prolongement de la ligne bleue prévoit l’ajout de cinq nouvelles stations du métro entre Saint-Michel et Anjou sur une distance de 5,8 km. Sa facture devrait s’élever à au moins 4,5 G$.