Relance économique: Montréal pressée d’impliquer davantage les femmes
La Ville de Montréal doit s’assurer d’impliquer davantage les femmes dans sa planification de la relance économique de la métropole, pressent des élues, alors que la crise sanitaire vient exacerber les inégalités entre les sexes.
La pandémie, qui a ébranlé l’économie, a frappé de façon disproportionnée les femmes. Au Québec, les femmes ont perdu 238 100 emplois de mars à juin 2020, contre 209 100 pour les hommes, selon Statistique Canada.
Les femmes ont par ailleurs plus tendance à avoir un emploi à temps partiel que les hommes, ce qui rend leur situation financière plus vulnérable. Elles sont aussi surreprésentées dans le réseau de la santé, qui a durement écopé de la crise sanitaire dans les derniers mois.
«Et même lorsque les femmes conservent leur emploi, elles sont plus sollicitées que les hommes pour prendre soin des enfants», soulève également la leader de l’opposition officielle à l’hôtel de ville, Karine Boivin-Roy, en entrevue à Métro mardi matin. Cette dernière est à l’origine d’une motion «pour une relance égalitaire des Montréalaises», qui recevait au départ l’appui de six autres élues d’Ensemble Montréal.
Pendant la séance du conseil municipal, une version amendée de ce document a finalement fait l’objet d’un vote unanime mardi après-midi.
«Votre motion, elle est pertinente et on a bien l’intention de la mettre en application», a alors assuré la mairesse de Montréal, Valérie Plante.
«C’est un discours très responsable et humain qu’on doit toujours porter, qui est de ne laisser personne derrière.»-Valérie Plante, mairesse de Montréal
Des comités paritaires
La Ville de Montréal a mis en place plusieurs comités dans les derniers mois pour faciliter la relance économique de la métropole, après plusieurs mois de confinement au printemps dernier. Les femmes y sont toutefois peu présentes. La motion initiale souligne notamment qu’une seule femme siège sur le comité de relance économique présidé par le fiscaliste Luc Godbout, qui compte 12 membres. Celui-ci a déposé son rapport de recommandations en juin.
Les élues signataires pressent donc la Ville de s’assurer d’atteindre la parité «dans chacun des comités de relance post-COVID qu’elle forme». Le document demande aussi que les femmes «soient parties prenantes des décisions relatives à la gestion de la pandémie».
À cet égard, le Conseil des Montréalaises recommandait le mois dernier, dans un avis mis en ligne, que la représentation des femmes dans les instances décisionnelles de la Ville, comme le comité exécutif et les commissions permanentes, atteigne entre 40 et 60% d’ici cinq ans. L’avis demande aussi que la Ville, à titre d’employeur, augmente la présence des femmes dans les postes «où elles sont peu nombreuses», notamment dans les cols bleus et le Service de police de la Ville de Montréal.
«Il faut réaffirmer le rôle de Montréal comme métropole qui veut prioriser l’égalité.» -Karine Boivin-Roy, leader de l’opposition officielle à l’hôtel de ville
Plan d’action
La motion demande par ailleurs de mandater le Service du développement social et de la diversité afin d’élaborer, d’ici le printemps 2021, un plan d’action visant une participation égalitaire des hommes et des femmes à la Ville. Celui-ci comprendrait des mesures claires et un «mécanisme de reddition de comptes rigoureux» afin que des changements s’opèrent sur le terrain.