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Voies réservées pour bus et vélos: Montréal persiste et signe

STM bus
Un autobus de la STM. Photo: Pablo Ortiz | Métro

Malgré les inquiétudes soulevées par ce projet, la Ville de Montréal entend aller de l’avant en gonflant le nombre de voies réservées pour bus où les vélos auront aussi l’autorisation de circuler.

«Nous espérons que ces voies réservées pourront être mises en œuvre dès que possible», assure le responsable de la mobilité à la Ville, Éric Alan Caldwell, dans une lettre envoyée lundi au conseiller indépendant de Snowdon, Marvin Rotrand.

Actuellement, on compte cinq voies réservées aux bus et aux vélos à Montréal. Celles-ci se situent sur les axes Viau, Wellington, Maurice-Duplessis, Léger et Thimens. La Société de transport de Montréal (STM) a toutefois indiqué en juillet son intention de permettre un tel partage de la voie sur près de la moitié de ses voies réservées.

«Les premières discussions de la STM avec la Ville de Montréal ont permis d’identifier une liste d’environ 25 voies réservées qui pourraient être ouvertes aux vélos dès que les plans de marquage et signalisation signés et scellés seront disponibles», précise M. Caldwell. Un objectif que la Ville souhaite atteindre au cours de l’année 2021.

Enjeu de sécurité

L’élu de Projet Montréal n’a pu indiquer quels axes feront l’objet d’un tel réaménagement, précisant que des «discussions techniques» sont en cours avec la STM à cet effet. Il assure toutefois que seules les voies suffisamment larges et où circulent un maximum de 20 bus à l’heure seront considérées, le tout «afin d’assurer à la fois la sécurité des cyclistes et la performance des bus».

Des critères qui satisfont la STM. «Nous croyons que cela limitera les impacts sur le service de bus. Mentionnons qu’en milieu urbain, les vélos et les bus ont des vitesses comparables, donc peu d’interactions», affirme une porte-parole, Amélie Régis.

Une position que ne partage toutefois pas Marvin Rotrand.

«Les bicyclettes et les bus ne collaborent pas bien. Le but des voies réservées et d’augmenter l’efficacité des bus, quand on ajoute des cyclistes, on ralentit le transport en commun», martèle l’ancien vice-président du conseil d’administration de la STM.

«Ça rend le transport en commun moins attrayant et en plus, c’est dangereux.» -Marvin Rotrand, conseiller indépendant de Snowdon

Un projet qui tarde, selon Vélo Québec

Dans les dernières années, le syndicat des chauffeurs de bus de la STM s’est opposé à maintes reprises au partage des voies réservées entre les bus et les vélos. «Nous demeurons très inquiets quant à l’impact de ce genre de mesures sur la sécurité de nos membres, des usagers du transport et des cyclistes», a d’ailleurs souligné son président par intérim, Daniel Leroux, dans une lettre datant du 4 août.

«On le sait bien que ça ne fait pas l’affaire du syndicat. C’est pour ça que ça bloque depuis des années», réplique à Métro la chargée de programmes chez Vélo Québec, Magali Bebronne, qui aurait souhaité voir ce projet prendre forme plus tôt. Elle souligne que plusieurs cyclistes demeurent près de voies réservées pour bus où ils ne peuvent circuler sans risquer d’écoper d’une amende.

«Il faut réaliser qu’on parle quand même de conducteurs professionnels, ajoute-t-elle au sujet des chauffeurs de bus de la STM. Ça reste plus sécuritaire pour les cyclistes de partager la voie avec des conducteurs professionnels qu’avec monsieur et madame Tout-le-Monde.»

Retarder les bus

Du côté de Trajectoire Québec, on ne s’oppose pas au partage des voies réservées.

«C’est sûr qu’avec l’augmentation du nombre de cyclistes et la pandémie [qui a changé les habitudes de déplacement], qu’il y ait une collaboration sécuritaire des voies entre les bus et vélos, c’est une bonne chose», estime son président, François Pepin.

Ce dernier demande toutefois à la Ville de bien analyser les impacts qu’auront celles-ci sur le service offert par la STM dans les prochains mois.

«Si c’est un aménagement qui n’est pas adapté et que c’est le bus qui suit le vélo, ça pourrait avoir un impact sur la ponctualité et l’achalandage», prévient M. Pepin.

Dépenses inconnues

Éric Alan Caldwell, qui a décliné la demande d’entrevue de Métro, n’a pas chiffré le montant que la Ville entend dépenser pour modifier la signalisation et le marquage au sol des voies qui feront l’objet d’un tel réaménagement.

«Pour le moment, les voies concernées n’étant pas choisies, les budgets nécessaires pour la réalisation de ces élargissements ne sont pas encore déterminés», fait-il valoir dans sa lettre.

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