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Coronavirus: l’exode vers la banlieue touche particulièrement Griffintown

logement Griffintown
De nombreux logements résidentiels sont en construction dans le quartier Griffintown. Photo: Josie Desmarais/Métro

Le nombre de ménages qui quittent Griffintown et le centre-ville pour aller s’installer en banlieue de Montréal est en forte augmentation, constate un rapport, qui fait aussi état d’une hausse importante du nombre de logements locatifs disponibles dans la métropole.

Métro a obtenu sous embargo les résultats d’une vaste étude menée par la Société canadienne d’hypothèques et de logement (SCHL), mise en ligne aujourd’hui. Celle-ci dresse un portrait des impacts de la pandémie sur la mise en vente de copropriétés dans le Grand Montréal ainsi que sur le marché locatif.

Après avoir diminué pendant la première vague du coronavirus, le nombre de condos mis en vente a remonté en moyenne de 15% dans la région métropolitaine entre avril et août 2020, par rapport à la même période l’an dernier. Cette croissance varie toutefois grandement d’un secteur à l’autre. Ainsi, elle n’est que de 4% en banlieue, contre 24% dans la ville de Montréal.

«Depuis le début de la pandémie, on a constaté qu’il y avait plus de gens qui achetaient dans la banlieue qu’auparavant», souligne à Métro l’analyste Francis Cortellino, de la SCHL.

Quitter Griffintown pour la banlieue

C’est d’ailleurs dans le quartier Griffintown (+141%) que la hausse des copropriétés rendues disponibles pour les acheteurs a été la plus forte depuis le début de la pandémie, constate la SCHL, qui se base sur des données de Centris.

La SCHL constate pourtant que le nombre d’inscriptions provenant d’investisseurs n’est pas plus importante cette année que dans le passé. C’est donc dire que de nombreux ménages propriétaires dans ce quartier de l’arrondissement du Sud-Ouest ont décidé de se départir de leur logement dans les derniers mois.

Les données colligées par la SCHL permettent d’ailleurs de confirmer une hausse du nombre de résidents de Griffintown et d’une partie de Ville-Marie qui ont quitté leur logement dans les derniers mois pour aller s’établir dans une maison unifamiliale à l’extérieur de l’île de Montréal.

«C’est le seul secteur où on voit une telle hausse des transactions pour aller en banlieue.» -Francis Cortellino, analyste à la SCHL

Le centre-ville écope

Globalement, dans Ville-Marie, les inscriptions de condos à vendre ont augmenté de 16% d’une année sur l’autre. Cette hausse est toutefois beaucoup plus marquée au centre-ville, où elle atteint 40%. Des chiffres qui font écho à la popularité grandissante du télétravail, de même qu’à la chute du tourisme et du nombre d’étudiants étrangers, qui ont grandement affecté le coeur de la métropole dans les derniers mois.

«C’est sûr que l’environnement de travail et la possibilité d’avoir un logement plus grand peuvent influencer [les départs vers la banlieue]», estime M. Cortellino

Dans les autres quartiers centraux, la hausse des ventes atteint entre autres 23% dans le Plateau-Mont-Royal, 39% dans Rosemont–La Petite-Patrie et 72% dans Villeray–Saint-Michel–Parc-Extension.

Dans un tel contexte, devrait-on s’attendre à une baisse de la valeur des logements à vendre à Montréal? Il est trop pour le dire, répond l’analyste. Pour l’instant, précise-t-il, les prix des logements continuent d’augmenter dans la métropole.

«Si la tendance continue, c’est sûr qu’on pourrait avoir moins de pression sur les prix [des logements à Montréal]», ajoute-t-il cependant, en référence aux départs de nombreux Montréalais vers la banlieue.

Plus de logements à louer

Le rapport constate par ailleurs une forte augmentation du nombre de logements mis en location sur la plateforme Centris dans les derniers mois dans les quartiers centraux de Montréal. Une situation qui ne serait pas étrangère à la chute du tourisme, qui aurait incité des propriétaires de logements qui louaient ceux-ci sur des plateformes comme Airbnb à se tourner vers la location à long terme.

«Il n’y a pas beaucoup d’étudiants dans les secteurs centraux présentement. Les locations à court terme reviennent probablement dans la location à long terme», soulève M. Cortellino.

Ainsi, l’ajout de nouvelles unités de logement à louer à long terme a gonflé de 37% d’avril à août 2020 à Montréal, par rapport à la même période l’an dernier. Cette hausse se fait particulièrement sentir dans les quartiers centraux, qui attirent normalement beaucoup d’étudiants et de travailleurs étrangers. Il s’agit principalement de Ville-Marie (+59%), de Rosemont–La Petite-Patrie (+67%), du Plateau-Mont-Royal (+45%) et du Sud-Ouest (+52%).

Dans ces secteurs, ce sont ainsi plusieurs milliers de logements locatifs qui ont fait leur arrivée sur le marché dans les derniers mois. Une situation qui pourrait entraîner une hausse du taux d’inoccupation des logements, qui a chuté à un creux de 1,5% l’an dernier.

«Dans l’ensemble, on peut prévoir une hausse du taux d’inoccupation dans le Grand Montréal, analyse M. Cortellino. Mais peut-être que dans certains secteurs, ce sera plus élevé que dans d’autres.»

La prochaine période des déménagements pourrait ainsi s’avérer plus clémente pour les locataires montréalais l’an prochain, qui auront probablement moins de difficultés à trouver un logement disponible.

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