Montréal est-elle prête pour les prochaines élections municipales?
Plusieurs élus ont soulevé des questions lundi quant aux mesures qu’entend prendre la Ville de Montréal pour adapter les prochaines élections municipales au contexte de la pandémie, qui devrait faire grimper la facture de cet exercice démocratique.
La Ville a prévu dans son dernier budget une dépense totale de 14 M$ pour la tenue des prochaines élections municipales, en novembre 2021. Il s’agit du même montant qu’avait prévu la Ville pour le dernier scrutin, en 2017.
Or, à la fin du mois d’août, le gouvernement Legault a élaboré un protocole sanitaire qui vise à réduire les risques de propagation de la COVID-19 lors de la tenue d’une élection municipale. Celui-ci demande notamment aux municipalités de la province d’augmenter le nombre de locaux où seront répartis les bureaux de vote afin de faciliter le respect de la distanciation physique par les électeurs. Les villes devront aussi installer des «stations de désinfection» pour les mains, en plus de fournir des masques de procédure et une protection oculaire au personnel électoral.
Un récent arrêté ministériel prévoit aussi un élargissement de la plage horaire pour le vote par anticipation. Il sera par ailleurs possible de tenir le scrutin municipal sur deux jours, soit le 7 novembre 2021 ainsi que le jour précédent.
C’est donc dire que la pandémie pourrait faire gonfler la facture des prochaines élections municipales, à Montréal comme dans plusieurs autres villes du Québec, comme Saguenay.
«Déjà, en posant ces gestes, de facto, vous êtes en train de défoncer le montant budgétaire que vous avez adopté la semaine passée», a lancé lundi après-midi le maire de l’arrondissement de Saint-Laurent, Alan DeSousa, pendant la séance du conseil municipal.
Évaluation des coûts
À la Ville, on indique qu’une évaluation aura lieu pour déterminer quelles sommes supplémentaires devront être débloquées en prévision des prochaines élections municipales, dans le contexte de la pandémie.
«En ce sens, lorsque l’ensemble des paramètres seront connus, un dossier sera présenté au comité exécutif afin d’obtenir les sommes additionnelles requises pour assurer le bon déroulement de l’élection. Aucune date n’est encore arrêtée à cet égard», indique la Ville dans un courriel à Métro, mardi.
«Nous savons d’emblée qu’il y aura des montants supplémentaires nécessaires.» -Lionel Perez, chef d’Ensemble Montréal
Vote par correspondance
Le gouvernement Legault entend par ailleurs interdire la présence de bureaux de votes itinérants dans les résidences privées pour aînés (RPA), dans le contexte de la pandémie. En revanche, Québec compte élargir l’accès au vote par correspondance aux résidents des RPA et des CHSLD. Le vote par la poste sera aussi possible pour les personnes atteintes du coronavirus ou en attente du résultat d’un test de dépistage, entre autres.
Plusieurs élus aimeraient toutefois que le vote par correspondance soit accessible à tous les Montréalais l’an prochain. Une mesure qui nécessiterait la mobilisation de ressources humaines et financières importantes, selon un rapport de la Commission de la présidence du conseil de la Ville déposé à la fin août.
«On ne fait pas beaucoup de progrès au Québec. On a déjà démontré que d’avoir le vote par correspondance, ça augmente la participation [aux élections]», a martelé lundi le conseiller indépendant de Snowdon, Marvin Rotrand. L’élu a souligné à titre d’exemple les dernières élections américaines, où le taux de participation a atteint 66,2% cet automne, du jamais vu en 120 ans. Plusieurs États ont d’ailleurs modifié leurs lois cette année pour élargir l’accès au vote par correspondance en raison de la crise sanitaire.
«J’invite l’administration [de Valérie Plante] à pousser pour rendre le vote par correspondance accessible à tous ceux qui le souhaitent», a également réclamé M. DeSousa.
La balle est dans le camp de Québec
La Ville assure qu’elle entend continuer ses discussions avec Québec concernant la possibilité d’élargir l’accès au vote par correspondance.
«Nous faisons des démarches politiques pour que le gouvernement comprenne bien la réalité montréalaise, qu’il comprenne bien notre échéancier serré», a assuré la responsable de la démocratie et de la transparence au comité exécutif, Émilie Thuillier.
En 2017, lors de l’élection municipale qui a mené Valérie Plante au pouvoir, 42,5% des Montréalais ont exercé leur droit de vote.