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REM de l’Est: les questions se multiplient

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Photo: Collaboration/CDPQ Infra

Si le prolongement du Réseau Express Métropolitain (REM) dans le nord et l’est de Montréal a été chaudement salué lors de son annonce en décembre, de nombreux questionnements commencent à s’exprimer à son égard.

Dans une lettre ouverte publiée dans La Presse, 14 signataires s’inquiètent des impacts qu’aura le projet de la CDPQ Infra dans les quartiers où il sera déployé. À la lumière d’une phase 1 du REM «parfois brutale dans le paysage», ceux-ci craignent que la phase 2 créée une «cicatrice» urbaine.

«On ne dit pas que le projet ne doit pas se faire. On demande simplement si on peut s’assurer de faire un meilleur projet et remettre en question certaines portions du tracé. Notamment, la portion aérienne au centre-ville», soutient en entrevue Marc-André Carignan, chroniqueur et instigateur de la lettre.

Bien qu’un train souterrain serait à priori plus cher à construire, l’architecte de formation soulève qu’un projet aérien «mal fait» pourrait avoir des impacts négatifs sur la valeur immobilière du secteur visé, sur la qualité de vie des citoyens, et même sur la réputation de la Ville.

Un avis partagé par Philippe Poullaouec-Gonidec, directeur de la Chaire UNESCO en paysage urbain de l’Université de Montréal et cosignataire de la lettre ouverte. Les investissements récents de Montréal dans le secteur «en pleine effervescence» de l’Est pourraient à son avis être ternis par la portion aérienne qu’il compare à une «deuxième autoroute Métropolitaine».

«L’image modélisée du projet qui nous est présenté est fausse. La réalité, c’est que c’est une infrastructure de béton aérienne qui va passer au-dessus d’habitations et des espaces publics. (…) L’Est mérite mieux.»

Solution: comité aviseur

Afin de mettre le savoir d’experts au service du projet et de le rendre plus transparent, les signataires de la lettre proposent de mettre sur pied dès maintenant un comité aviseur.

Des experts de domaines tels l’architecture, l’urbanisme, l’économie et l’histoire agiraient à titre de «chiens de garde» du projet. Ils seraient redevables tant vis-à-vis des citoyens que de la Ville de Montréal, à qui ils remettraient des rapports de façon transparente à chaque étape du projet.

M. Carignan rappelle que la CDPQ Infra a déjà indiqué son intention de créer un comité aviseur pour cette deuxième phase. Cependant, il s’estime échaudé par celui qui a pris place lors de la phase 1 du projet.

«(Les membres du comité) ont été consultés. Mais de l’extérieur, on ne sait pas comment ils ont été consultés, ni à quelle fréquence. Il y a de grands enjeux de transparence.»

Compétition avec des modes de transport existants?

Pour François Pépin, président de Trajectoire Québec, la compétition du REM avec les modes de transport existants et son interconnexion au réseau sont des enjeux importants à considérer.

Bien que des études seront nécessaires pour évaluer les impacts escomptés du REM, M. Pépin se dit «pessimiste» quant à l’avenir des trains de banlieue sur l’île de Montréal. Il rappelle que le REM de l’Est est projeté dans le bassin du train de l’Est au niveau du boulevard Lacordaire et à Pointe-aux-Trembles.

«C’est sûr que le REM va enlever des gens des trains de banlieue, surtout si le temps de déplacement est beaucoup plus court», soutient-il.

À son avis, le projet de CDPQ Infra risque également de faire compétition à la ligne verte de métro dans l’Est, parallèle à certains tronçons projetés du REM. Même chose pour le SRB PIE-IX, situé près de l’axe Lacordaire du REM.

«On peut juste saluer qu’il y ait un projet de transport rapide dans l’Est. (…) Mais il va falloir que dans les consultations qui s’en viennent, la Caisse de dépôt explique ses choix.»

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