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Couvre-feu: Valérie Plante demande une exemption pour les itinérants, Québec dit non

Valérie Plante
Photo: Josie Desmarais/Métro

La mairesse de Montréal, Valérie Plante, a joint sa voix aux partis d’opposition à l’Assemblée nationale, mardi, en demandant une exemption aux itinérants dans l’application du couvre-feu. Elle a toutefois reçu une fin de non-recevoir de Québec.

«Comme l’ensemble des Montréalais et Montréalaises, j’ai été profondément choquée d’apprendre la mort de M. André», a déclaré d’emblée la mairesse de Montréal, Valérie Plante, lors d’un point de presse tenu vers 11h30 devant l’hôtel de ville.

Elle faisait ainsi référence à Raphaël André. L’homme Innu en situation d’itinérance a été retrouvé sans vie dimanche matin par des agents du Service de police de la Ville de Montréal dans une toilette chimique située à l’angle de la rue Milton et de l’avenue du Parc. Il avait 51 ans.

«J’ai une pensée très spéciale aujourd’hui pour la famille de Raphaël André et je suis très déçue et désolée de cet incident tragique», a ajouté Mme Plante.

Le décès de M. André a amené une multiplication des appels en faveur d’une exemption pour les itinérants quant à l’application du couvre-feu, qui s’applique de 20h à 5h. Des élus des trois partis d’opposition à l’Assemblée nationale ont notamment pressé Québec d’agir en ce sens, tandis qu’une pétition réclamant une telle exemption a déjà obtenu plus de 11 000 appuis jusqu’à maintenant.

Mme Plante a donc ajouté sa voix à plusieurs autres, mardi, en demandant elle aussi aux itinérants de pouvoir circuler sans crainte la nuit dans les rues de la métropole.

«Ce que je demande au gouvernement du Québec, c’est de donner une exemption aux personnes en situation d’itinérance, concernant le couvre-feu. Ce que je veux, c’est que les gens se sentent en sécurité à Montréal. Je ne veux pas exacerber cette vulnérabilité qui est déjà présente.» -Valérie Plante

Des refuges à pleine capacité

Valérie Plante précise toutefois qu’elle «n’encourage pas les gens à dormir dans la rue» en plein hiver, bien au contraire.

«Mon message, c’est d’aller dans les ressources. C’est pour ça qu’on crée toujours plus de lits, des haltes-chaleur et des ressources. Parce que les gens ont froid et ils ont le droit d’avoir accès à un lit et à un toit», a-t-elle dit.

Or, le taux d’occupation des refuges d’urgence de la métropole atteint 95% en moyenne, a indiqué Mme Plante. Raphaël André a d’ailleurs perdu la vie à quelques pas du refuge La Porte ouverte, qui a dû cesser d’opérer la nuit peu de temps avant Noël en raison d’une éclosion de COVID-19 entre ses murs.

Dans un tel contexte, la mort de l’homme était «prévisible», a affirmé mardi la présidente de la Table des organismes communautaires montréalais de lutte contre le sida, Sandra Wesley.

«La mairesse de Montréal et les autres personnes [dans le milieu politique] sont responsables de ce décès-là. Et j’espère qu’ils prendront leur responsabilité et feront des changements immédiats et drastiques dans la façon dont on traite les personnes en situation d’itinérance, en particulier en contexte de couvre-feu», a-t-elle laissé tomber en marge d’une conférence de presse virtuelle, en matinée.

Mme Plante estime toutefois qu’il serait «injuste» de blâmer la Ville pour cette situation, rappelant au passage que l’itinérance est «avant tout une responsabilité provinciale».

Elle a par ailleurs assuré qu’une nouvelle ressource verra le jour prochainement pour débloquer «plus de 100 lits» additionnels pour les sans-abri. Elle affirme aussi que la Ville travaille avec La Porte ouverte afin de permettre la réouverture de sa halte-chaleur la nuit «le plus vite possible».

La mairesse a d’autre part confirmé que des sans-abri ont commencé à recevoir un vaccin contre la COVID-19 mardi matin, au Grand Quai du Vieux-Port de Montréal.

«Malgré un nombre record de lits, ce qu’on se rend bien compte, c’est qu’il y a des [refuges] qui débordent.» -Valérie Plante, mairesse de Montréal

Québec dit non à une exemption

Actuellement, la police privilégie l’accompagnement des sans-abri vers des refuges lorsque ceux-ci circulent à l’extérieur après 20h. La mairesse Valérie Plante a d’ailleurs fait état d’environ 400 interventions en ce sens de la part du SPVM, depuis le début de la pandémie.

Quelques itinérants ont tout de même reçu une amende de 1550$ pour non-respect du couvre-feu, dans les derniers jours.

Questionné au sujet de cette demande d’exemption au couvre-feu pour les itinérants, François Legault s’est montré froid à l’idée.

«J’ai très confiance aux policiers. Ils ne font pas exprès pour donner une contravention aux itinérants. Si on mettait dans le règlement qu’on ne peut pas donner une contravention aux itinérants, n’importe qui dirait qu’il est un itinérant pour ne pas recevoir une contravention», a-t-il réagi en conférence de presse, à 13h.

Il faudra donc voir quelles mesures entend prendre la Ville, face à ce refus de Québec. «J’espère que je n’aurai pas à aller contre le décret», a d’ailleurs glissé mardi Mme Plante lors de son point de presse, un peu plus tôt.

«Il faut demander au SPVM de ne pas donner de contraventions aux itinérants», martèle pour sa part le responsable des dossiers en matière d’itinérance à Ensemble Montréal,  Benoit Langevin. Ce dernier réclame aussi que la Ville bonifie l’Équipe mobile de référence et d’intervention en itinérance (ÉMRII) et d’autres ressources spécialisées au SPVM, dans le cadre de l’application du couvre-feu.

«On n’a pas une carte d’identité qui dit qu’on est itinérant de profession. Donc, c’est très compliqué pour les policiers», évoque l’élu d’opposition.

«Je fais confiance aux policiers. Ils ne sont pas là pour donner des amendes aux itinérants. Ils sont là pour les rediriger vers des refuges», martèle pour sa part M. Legault.

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