Les milléniaux beaucoup plus nombreux à acheter une propriété à Montréal
Les milléniaux montréalais ont été nombreux à s’acheter une première propriété depuis le début de la pandémie, créant une pression à la hausse sur les prix, en particulier dans les secteurs situés aux extrémités de la métropole.
Après une forte baisse des ventes et des achats de propriétés un peu partout au pays pendant le confinement qui a marqué la première vague de la pandémie de COVID-19, le marché immobilier a repris de plus belle dans la deuxième partie de l’année 2020. Il a même dépassé des niveaux «pré-pandémiques», constate la Société canadienne d’hypothèques et de logement (SCHL), dans un rapport publié jeudi.
En raison de la pandémie, le pouvoir d’achat de nombreux ménages a augmenté, malgré les répercussions économiques de la pandémie. Une situation qui s’explique en partie par les différents programmes d’aide gouvernementaux mis en place – comme la subvention salariale d’urgence – de même que par «la forte baisse des dépenses des ménages». Ceux-ci ont notamment réduit les dépenses qu’ils attribuaient avant la pandémie à des voyages à l’étranger et à des sorties dans des restaurants et des bars.
«Il y a une frénésie dans le marché immobilier», lance d’ailleurs à Métro l’économiste Joanie Fontaine, de la firme JLR Solutions foncières. «Les taux d’épargne ont bondi», constate-t-elle.
Les milléniaux font le saut
Les jeunes de 25 à 35 ans au pays sont particulièrement nombreux à troquer la location d’un appartement pour l’achat d’une propriété, alors que le télétravail a la cote, constate un rapport de l’agence immobilière Royal LePage mis en ligne jeudi.
Au Québec, la moitié des milléniaux sont déjà propriétaires, indique cette analyse. De ce nombre, 18% ont acheté leur propriété depuis le début de la pandémie dans la province, à la mi-mars 2020. Un pourcentage qui grimpe à 28% à Montréal.
«Le pourcentage des jeunes qui étaient propriétaires de leur logement était plus bas [à Montréal] que dans le reste du pays. Donc, il y avait du rattrapage à faire là», analyse le vice-président et directeur général pour le Québec à Royal LePage, Dominic St-Pierre, en entrevue à Métro.
Ce sont par ailleurs 68% des répondants montréalais actuellement locataires qui comptent s’acheter une propriété d’ici cinq ans, selon ce rapport. Ce dernier se base sur un sondage en ligne mené en début d’année par la firme Léger auprès de 2000 Canadiens âgés entre 25 et 35 ans.
Les prix explosent, sauf au centre-ville
Cette forte demande survient toutefois à un moment où les propriétaires plus âgés sont plus réticents à vendre leur propriété, préférant attendre la fin de la pandémie. Dans ce contexte, l’inventaire se réduit et les prix augmentent dans plusieurs régions du pays.
À Montréal, une nouvelle analyse de la firme JLR Solutions foncières indique que le prix médian au pied carré des copropriétés en revente a atteint 436$ sur l’île de Montréal, en 2020. Cela représente une hausse de 14% par rapport à 2019.
«Cette augmentation constitue de loin la plus importante hausse des dernières années», souligne le rapport. En 2019, cette croissance avait atteint 8%.
La pandémie a par ailleurs eu pour effet de déplacer la demande sur le marché de la revente de copropriétés. Ainsi, la hausse des prix a été plus basse au centre-ville de Montréal et pourrait même baisser en 2021 dans le contexte de la pandémie, indique le rapport. Pendant ce temps, les prix augmentent rapidement dans des arrondissements en périphérie du coeur de la métropole. C’est notamment le cas à Montréal-Nord, à Rivière-des-Prairies–Pointe-aux-Trembles ainsi que dans l’Ouest-de-l’île.
«Normalement, plus on s’éloigne du centre-ville et plus le marché se tempère. Là, c’est l’inverse.» -Dominic St-Pierre, vice-président et directeur général de Royal LePage
Les impacts du REM de l’Est
Le rapport de Royal LePage fait d’ailleurs état d’un désir croissant des milléniaux de faire l’acquisition d’une propriété dans des secteurs moins denses, qui proposent des propriétés plus grandes et un accès à plus d’espaces verts. Un besoin qu’ils peuvent combler sans sortir de l’île, rappelle M. St-Pierre.
«Il y a l’est de l’île et l’ouest de l’île qui représentent la première banlieue [de Montréal] et on voit que l’effervescence est aussi forte là que sur la Rive-Sud», souligne-t-il.
Joanie Fontaine souligne d’ailleurs que le projet de Réseau express métropolitain dans l’est et le nord-est de la métropole pourrait contribuer à gonfler les prix dans les arrondissements concernés.
«Le transport en commun stimule toujours la croissance des prix», rappelle-t-elle.