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Profilage: Montréal blâme la pandémie pour des actions retardées

Des agents du SPVM Photo: Josie Desmarais/Métro

La mise en oeuvre d’actions pour lutter contre le profilage racial et social à Montréal s’est vue retardée par la pandémie, affirme la Ville. Mais plusieurs actions ont tout de même été déployées, souligne le Service de la diversité et de l’inclusion sociale (SDIS).

Lors d’une assemblée publique virtuelle tenue par la Commission de la sécurité publique (CSP) mardi matin, le SDIS a présenté son rapport annuel 2020 des actions prises par les différentes instances de la Ville pour lutter contre le profilage racial et social. Ce service est notamment chargé de la mise en oeuvre de 42 engagements de l’administration Plante en la matière, formulés à la suite d’une importante consultation publique tenue en 2017.

Moins de minorités dans la formation policière

Depuis 2019, la majorité des engagements ont été réalisées ou sont en cours de réalisation. Cependant, la pandémie a été un défi de taille pour la mise en œuvre de certaines actions contre le profilage, en plus d’avoir exacerbé les enjeux auxquels font face les populations vulnérables, souligne la Ville de Montréal. 

En effet, en raison de la crise sanitaire, l’École nationale de police du Québec n’a pas été en mesure de former les 17 candidats de la formation «AEC Diversité policière», retardant leur embauche d’un an. Cela fait en sorte que le SPVM a embauché moins de policiers issus des minorités visibles en 2020 (17%) qu’en 2019 (24%). 

Au total, le nombre de policiers qui indiquent faire partie d’un groupe autochtone, d’une minorité visible ou ethnnique a légèrement augmenté, passant de 12,4% à 13,3%. 

Un projet pilote est aussi en cours dans le quartier Saint-Michel pour rejoindre des élèves du secondaire issus de la diversité et les inciter à choisir la formation policière. 

Formation en désescalade ralentie

Par ailleurs, les mesures sanitaires qui sont entrées en vigueur dès mars 2020 ont ralenti la tenue de formations sur la désescalade et l’endiguement destinées aux agents du SPVM.

Du côté de la STM, la totalité des activités de formation ont été suspendues en 2020. De nouvelles formations devraient être toutefois déployées à l’automne 2021. 

Par ailleurs, la première grande campagne de sensibilisation auprès du grand public montréalais sur l’intégration et l’emploi des personnes immigrantes a tout de même pu être déployée. 

Des actions demandées contre les crimes haineux

Une coalition d’organisations communautaires représentant les minorités raciales et religieuses a de nouveau exhorté la Ville de Montréal à renforcer l’unité des crimes haineux de son service de police en embauchant des agents issus des minorités et à adopter de meilleures pratiques pour lutter plus efficacement contre les crimes haineux.

Les organismes sont revenus à la charge en présentant leurs demandes lors d’une conférence de presse mardi matin, soulignant qu’une recrudescence d’actes haineux se fait sentir à Montréal.

Pour eux, l’attaque récente contre un centre communautaire musulman ainsi que les nombreux incidents racistes anti-asiatiques réaffirment l’urgence d’adopter des mesures fortes pour assurer la protection des membres des communautés montréalaises vulnérables aux crimes haineux.

Le directeur des affaires publiques du Québec du Conseil national des musulmans canadiens, Yusuf Faquiri, et la présidente du Conseil canadien des femmes musulmanes (chapitre de Montréal), Farida Mohamed, pensent que l’unité des crimes haineux de la police de Montréal doit être plus efficace.

«Le service de police se doit d’être proactif.  Cela requiert davantage de ressources et un usage plus efficace de ces ressources. Par exemple, il faudrait qu’il y ait des policiers issus de nos communautés pour mieux nous rejoindre», dit Mme Mohamed. 

Le module sur les crimes haineux compte actuellement deux enquêteurs et deux agents-conseils, dont aucun n’est issu de minorités racialisées et religieuses.

Motion rejetée le mois dernier

Le mois dernier, le conseiller indépendant à la Ville de Montréal Marvin Rotrand a présenté une motion au conseil municipal. 

Celle-ci demande que le module «incidents et crimes haineux» du Service de police de la Ville de Montréal (SPVM) soit pourvu de policiers issus des communautés affectées avec les compétences culturelles et linguistiques requises pour faire adéquatement ce travail, en plus  de réclamer une meilleure collecte et diffusion des données.

La motion a toutefois été référée à la Commission de la sécurité publique pour étude, ce que déplore Marvin Rotrand. «La Commission n’a pas encore commencé à travailler sur la motion et il est peu probable qu’elle revienne au Conseil avec un rapport avant la fin du mandat actuel en septembre», indique l’élu.

M. Rotrand a de nouveau soumis sa motion pour un vote le 19 avril. Selon lui, ce n’est pas une question partisane.

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