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Le Canadien de Montréal en finale: l’occasion de faire partie du mythe

Une foule compacte de milliers de personnes suivait attentivement le match opposant le Canadien de Montréal et les Golden Knights de Las Vegas. Photo: Josie Desmarais/Métro

«Combien de personnes qui étaient peut-être indifférentes au hockey sont devenues soudainement un peu plus attentives?», se demande le sociologue Frédéric Boisrond, alors que pour la première fois depuis 1993, les Canadiens de Montréal accèdent à la série finale de la coupe Stanley.

L’événement soulève les passions de la population québécoise, au point de susciter un engouement qui ne se limite pas qu’aux amateurs réguliers de hockey. Beaucoup de Québécois reviennent dans le giron, portés par le mouvement actuel. Jeudi dernier, soir de fête nationale, ils étaient des milliers agglutinés devant le Centre Bell pour démontrer leur soutien à leur équipe favorite. 

Professeure au Département de communication sociale et publique de l’UQAM, Anouk Bélanger affirme que le phénomène actuel – du jamais vu depuis 28 ans – permet à toute une génération qui a été bercée par la Sainte-Flanelle d’enfin «faire partie du grand mythe».

«Ceux qui sont nés après 1993 n’ont pas de souvenir d’avoir vécu une coupe Stanley, alors qu’ils se font raconter que ça fait partie de nous, que nous faisons partie de ça et qu’on devrait être fiers, dit-elle. Mais, en fait, ils n’ont jamais été témoin de cette fierté-là.»

Des fans engagés émotionnellement

Frédéric Boisrond et Anouk Bélanger indiquent que les fans du Canadien sont tellement impliqués à encourager leur équipe qu’ils ne sont plus que de simples spectateurs passifs. «Plus on est engagé émotivement, plus on s’approprie ce qui va être chaque succès et chaque défaite de la dernière étape des séries», explique Mme Bélanger.

En effet, les supporters ont l’impression de contribuer personnellement à l’issue de chaque match et se croient utiles à la performance de l’équipe. «Ça leur donne l’impression qu’ils font partie de quelque chose de plus grand qu’eux, de quelque chose qui les dépasse, ajoute M. Boisrond. C’est notre équipe, c’est nos héros. Et on devient un des héros, chacun de nous devient un de ces héros-là.»

Par son succès, le Canadien de Montréal offre aussi une occasion de se rassembler, peu importe l’âge, le sexe ou l’origine du supporter. «Tout le monde est invité à la grande fête», ajoute Anouk Bélanger.

Et ce sentiment d’effervescence est tellement fort lors d’un match qu’il domine tout le reste, ajoute la sociologue. «Il n’y a plus d’autres tensions qui existent. On est juste fiers d’être Montréalais», dit-elle en repensant à la victoire du CH jeudi dernier. 

Un sentiment amplifié par la pandémie

Par ailleurs, le contexte actuel de sortie de la pandémie ajoute à la joie ressentie et invite encore plus de personnes à faire partie du mouvement, souligne Anouk Bélanger. 

«Ce qui nous a rassemblés pendant douze mois, c’est surtout les restrictions. Et là, ce qui nous rassemble, c’est une possibilité de marcher ensemble dehors, de crier, de fêter, d’occuper les espaces publics», mentionne-t-elle.

Selon Frédéric Boisrond, l’événement sportif est aussi un exutoire. «Ça nous permet d’oublier que nous sommes en pandémie. Ça nous permet d’oublier tout: nos difficultés financières, nos problèmes de couple, nos problèmes familiaux», illustre-t-il.

La première mise au jeu de cette finale qui oppose le Canadien de Montréal au Lightning de Tampa Bay se fera ce soir à Tampa Bay. 

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