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Des parents se dissocient du recours collectif contre des écoles privées

Des enfants arrivent à l'école primaire Coeur-Immaculé-de-Marie le matin. Photo: Josie Desmarais/Métro

Des parents se retirent d’un recours collectif jugé abusif, lancé par d’autres parents contre des écoles privées. Ils déplorent un manque de solidarité pour les efforts déployés par les écoles pendant la pandémie.

Le recours collectif visant 113 écoles privées du Grand Montréal a été autorisé par la Cour supérieure du Québec. On déplore que le plein prix des frais de scolarité ait été facturé pendant la période de confinement, alors que les écoles étaient forcées d’offrir de l’enseignement à distance.

Le recours initié par deux parents du collège Charles-Lemoyne demande un remboursement partiel des droits de scolarité de base payés pendant la période de la mi-mars à la fin juin 2020. Il obtient l’appui de 47 000 parents, mais il ne fait pas l’unanimité.

«C’est cheap en maudit», lance au bout du fil un père qui a souhaité garder l’anonymat. Il souligne que, pendant la pandémie, les écoles et professeurs ont dû s’adapter à une situation changeante. Les parents auraient pu avoir à «payer plus cher», avance-t-il, car les écoles ont dû acheter des logiciels et des professeurs ont consacré plus de temps à préparer leurs cours dans un format en ligne.

Le gouvernement a décrété l’état d’urgence parce que nous étions en pandémie. Tout le monde devait rester à la maison confiné. C’était un contexte mondial. Tout le monde a payé pour: travailleurs, employeurs, employés. Les garderies aussi ont été fermées. Va-t-on les poursuivre aussi?

Une mère de deux enfants

Une mère de deux enfants – qui s’est retirée du recours – explique que, si son plus jeune a eu quelques difficultés de concentration, ses professeurs ont été présents et «très créatifs» dans leur enseignement. Elle raconte à Métro qu’un professeur de géographie de l’école de ses enfants organisait des bingos éducatifs, le soir, et déposait des bonbons aux domiciles des gagnants.

Pour M. Thibault, père de deux enfants scolarisés dans le privé qui a demandé qu’on n’utilise pas son prénom, il y a aussi une question d’éthique et de solidarité avec le système éducatif à considérer alors qu’une pandémie mondiale sévissait.

Si l’idée, c’est de demander un remboursement pour des services qui n’ont pas été offerts pour cause d’enseignement à distance, c’est effectivement désespérant comme poursuite. […] Un minimum de solidarité dans ces temps difficiles est apprécié, il me semble.

M. Thibault, papa de deux enfants

«Ce recours offre surtout une caricature d’une certaine portion de la population qui croit que tout lui est dû», ajoute-t-il. Il précise que l’école de ses enfants a «très bien joué son rôle» et que l’enseignement à distance a pu «développer l’autonomie» de ses enfants.

Il est à noter que si les écoles privées sont financées en partie par les frais de scolarité payés par les parents, le système privé est subventionné à 60% par le gouvernement.

Une demande «raisonnable» disent les avocats

En entrevue à Radio-Canada ce matin, Me Sébastien Paquette, l’un des avocats qui représentent les parents, a souhaité clarifier les intentions du recours. Celui-ci vise une «réparation», dit-il.

Les dépenses de transport, de nourriture et d’activités extra-scolaires ont été remboursées aux parents, souligne l’avocat des parents. Mais il ajoute qu’il est raisonnable de demander «un léger remboursement» des frais de scolarité de base, car «le service n’a pas été rendu».

Nous, on ne lance pas la pierre aux écoles et aux professeurs, qui ont fait un travail extraordinaire. Sauf qu’à la fin de la journée, un remboursement a lieu d’être. Ce qu’on demande, c’est un pourcentage.

Me Sébastien Paquette, cabinet Champlain Avocats

«Les écoles ne peuvent pas garder 100% de la facture. Ce qu’on dit, c’est qu’il y a un service qui a été grandement différent dans sa nature et dans sa quantité qui a été rendu. […] On paye pour un plein service. Si on ne l’a pas, on s’entend et on baisse un tout petit peu la facture», explique-t-il.

Interrogé sur la possibilité d’un retour de taxes pour les parents qui scolarisent leurs enfants au public, Me Paquette indique que «si l’analogie peut être faite, le système est entièrement différent».

La Cour supérieure avait déjà rejeté une demande collective intentée par des étudiants d’université pour les cours à distance donnés lors du confinement.

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