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Résidences pour aînés converties, un phénomène «inhumain»

À Montréal, un nombre croissant d’unités en résidence privée pour aînés (RPA) sont converties en d’autres types de logements locatifs. Le phénomène s’avère de plus en plus problématique alors que la population vieillit et que les places se font rares.

La Résidence Caroline, située sur le boulevard Gouin, est la nouvelle victime de cette tendance. Plus d’une centaine de résidents ont appris au cours des derniers mois qu’ils devraient plier bagage, selon Radio-Canada. Une situation semblable à celle de la Résidence Mont-Carmel.

À l’échelle montréalaise, ce seraient 600 places qui auraient été converties au cours des derniers mois.

Pour les propriétaires, les RPA ne sont plus des «biens communs et sociaux», mais bien «des actifs immobiliers». C’est le nœud du problème, selon le président de l’Association québécoise de défense des droits des personnes retraitées et préretraitées (AQDR), Pierre Lynch.

«Je trouve ça inhumain et extrêmement pathétique, dénonce-t-il. On ne peut pas revirer des gens de bord comme s’ils étaient des crêpes. Depuis le début de la pandémie, les aînés font les frais du gouvernement. Il est grand temps que quelqu’un tire la sonnette d’alarme.»

Une RPA, c’est comme un hôpital. C’est une microsociété avec une vocation sociale définie, qu’on ne peut démonter sans affecter des dizaines de vies humaines.

Pierre Lynch, président de l’AQDR

Vide juridique

La mairesse de Montréal-Nord, où se trouvait la Résidence Caroline, s’avoue «très préoccupée» par la multiplication des conversions de résidences pour aînés. «Plusieurs aînés vivent de véritables drames humains en raison de ces conversions, commente Christine Black. On les déracine littéralement en les coupant de leurs habitudes, de leurs amis et voisins.»

L’élue constate un «vide juridique» en matière de conversion des RPA, une observation que fait aussi l’AQDR. Les personnes âgées peuvent être dédommagées dans certains cas en faisant appel aux tribunaux, ou à au Tribunal administratif du logement [auparavant la Régie du logement], mais le problème serait surtout systémique.

«Il manque une étape au processus de certification des RPA. Il faut s’inspirer des processus utilisés pour le zonage, qui sont plus serrés. Actuellement, c’est trop facile de faire un profit rapide en se départissant d’une résidence», indique M. Lynch.

Dans le système actuel, des inspecteurs visitent les résidences à une fréquence de trois à cinq ans, indique l’AQDR. Ces longs délais permettent aux propriétaires d’effectuer des rénovations discrètement en vue de convertir leurs unités en logements locatifs sans être interceptés. Cette fréquence devrait être augmentée à une inspection par année, propose-t-on.

Par-dessus tout, c’est en politique qu’il faut orchestrer un changement de paradigme, considère Pierre Lynch. «Les aînés composent 20% de la société. Et aux élections, tous les partis proposent plusieurs initiatives pour eux. Mais pendant le reste du temps, on n’en parle plus. On nous ignore. On a pourtant fait les frais de 90% des décès de cette pandémie.»

Le gouvernement doit enfin comprendre nos attentes. Cessez de nous ignorer: assez, c’est assez.

Pierre Lynch, président de l’AQDR

Il manquerait environ 10 000 places pour les personnes âgées actuellement au Québec, selon l’AQDR. Parmi les individus en attente, 3828 nécessitent une place en CHSLD et environ 3200, des ressources intermédiaires.

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