Le prix des loyers continue d’augmenter à Montréal
La croissance du prix des loyers s’accélère à Montréal. Les citoyens doivent en moyenne travailler trois heures de plus par mois pour parvenir à le payer, dévoile la Société canadienne d’hypothèques et de logement (SCHL) dans un nouveau rapport.
Les données utilisées prennent en compte un loyer fixé à 30% du revenu brut de son résident, pour un appartement locatif de deux chambres. Malgré cette hausse de 3,9%, le loyer moyen se situe à 932 $ à Montréal, l’un des plus bas pour une grande ville au Canada.
En dépit de la construction soutenue de logements locatifs, la disponibilité d’unités abordables demeure un enjeu. En 2021, environ 13% des appartements étaient considérés comme abordables pour les ménages les moins fortunés, soit les ménages dont le revenu s’élève à moins de 25 000 $ (20% des ménages).
Le taux d’inoccupation augmente
Le taux d’inoccupation dans la grande région métropolitaine de Montréal se situe à 3%, une augmentation de 0,3%. L’inoccupation sur l’île est plus élevée, à 3,7%. Le centre-ville commence tranquillement à retrouver sa popularité, alors que 6,3% des logements y sont inoccupés, une diminution d’environ 4%.
Le marché est considéré comme équilibré avec un taux d’inoccupation de 3%.
«La reprise progressive de la migration internationale et le retour des cours en présentiel ont fait diminuer le taux d’inoccupation au centre-ville, mais à un niveau supérieur à ce qu’il était avant la pandémie», analyse l’économiste Francis Cortellino.
En copropriété, le prix moyen d’un logement se situe à 1420 $. Le taux d’inoccupation pour ce type d’unité s’avère plus bas, à 1,4%.
Illusion
«Il ne faut pas laisser leurrer par le taux général de logements inoccupés», considère le Front d’action populaire en réaménagement urbain (FRAPRU). Celle-ci s’explique par l’absence d’étudiants dans la métropole durant la pandémie et du ralentissement de l’immigration à l’international.
De plus, le taux d’inoccupation demeure bas pour les logements destinés aux familles. «Pour les familles avec enfants, les logements locatifs sont encore plus rares, estime la porte-parole Véronique Laflamme. Ce sont les loyers se louant plus de 1000$ par mois qui sont les plus nombreux».
La rareté des logements locatifs s’étend, alors que les loyers, eux, augmentent à un rythme accéléré. Comment le gouvernement caquiste de François Legault peut-il continuer à nier l’existence d’une crise du logement? Elle est au contraire plus vive que jamais.
Véronique Laflamme, porte-parole du FRAPRU.
Reprise variable
À l’échelle canadienne, les taux d’inoccupation varient dans les différents centres urbains. Cela s’explique par la relance économique qui diffère d’une région à l’autre. «Les loyers ont augmenté dans les Maritimes, en Colombie-Britannique et au Québec. Dans d’autres marchés, comme Toronto, la demande de logements locatifs continue d’être dépassée par l’offre», constate l’économiste en chef de la SCHL, Bob Dugan.
La tendance à la hausse du prix des loyers ne frappe pas seulement Montréal. La moyenne des marchés canadiens connaît une hausse de 3%. Il faut en moyenne débourser 1167 $ par mois pour un logement de deux chambres au pays.
L’abordabilité demeure une préoccupation partout au pays, car peu de logements sont offerts aux locataires à faible revenu.
Bob Dugan, économiste en chef à la SCHL
Initiatives demandées
Ce ne sont pas que les centres urbains qui sont frappés par la crise du logement. Pour affronter la crise, l’Union des municipalités du Québec (UMQ) a adopté une déclaration, demandant au gouvernement des initiatives concrètes.
Parmi celles-ci, on retrouve la création de 4500 logements sociaux par année, un soutien accru aux organismes et municipalités en plus de financement supplémentaire au programme AccèsLogis. Le dépôt du nouveau budget provincial représente «une occasion une fois pour toutes de faire preuve d’audace et d’améliorer nos façons de faire en matière de logement», estime l’UMQ.
«Un logement n’est pas un bien comme un autre. En 2022, il est inacceptable de laisser des familles, des jeunes ou des personnes moins nanties sans toit abordable, et surtout, les obliger à se serrer la ceinture à la fin de chaque mois», considère le vice-président de l’UMQ, Guillaume Tremblay.