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Doit-on réinventer le financement de la police?

La Coalition pour le Définancement de la Police a organisé une installation artistique interactive éphémère pour sensibiliser le public à l’égard du définancement du SPVM et du réinvestissement dans les services communautaires. Après les discours, les participant.es ont été invité.es à coller de petits messages indiquant comment les fonds pourraient être réinvestis. Photo: Josie Desmarais, Métro

L’Institut de recherche et d’informations socioéconomiques (IRIS) et l’Observatoire des inégalités raciales au Québec (OIRQ) ont publié aujourd’hui une étude invitant à la révision du financement de la police au Québec.

L’étude intitulée Réinventer le financement de la police au Québec fait état de l’évolution de la criminalité parallèlement à celle du financement en sécurité publique alloué à la police dans les dernières décennies.

«Il existe désormais un consensus selon lequel le financement des services de police doit être repensé […] les autorités elles-mêmes adhèrent à cette idée», peut-on lire dans le rapport.

Selon ce dernier, plus de 60% des dépenses en sécurité publique sont destinées à la police à Montréal en 2022. Ces dépenses seraient passées de 429 M$ à 724 M$ annuellement en l’espace de 20 ans. Le budget du Service de police de la Ville de Montréal (SPVM) serait passé quant à lui de 414 M$ à 679 M$ entre 2003 et 2021.

«Le cadre financier actuel est mésadapté aux nouveaux besoins de sécurité de la population, notamment ceux qui concernent les personnes en situation d’itinérance, les personnes toxicomanes ou aux prises avec des enjeux de santé mentale et les personnes racisées ou autochtones», déclare le chercheur associé à l’IRIS et coauteur de l’étude Roberson Edouard.

Pas de lien entre les financements et la sécurité

L’étude stipule qu’il est «impossible d’établir un lien causal entre le niveau de dépenses dans les services de police et la sécurité de la population». Selon Roberson Edouard, l’investissement dans les services policiers n’entraînerait donc pas nécessairement d’augmentation du niveau de sécurité dans la population.

«[Le rapport] ne conduit pas à la conclusion que la hausse du financement des services de police aurait conduit à une baisse de la criminalité, explique-t-on. Les données analysées n’établissent pas de concordance chronologique entre les périodes de hausse du financement et celles de grandes baisses du taux des infractions.»

L’étude compare aussi l’évolution de la criminalité et du financement des services de police entre les villes de Québec et Montréal. Elle conclut que selon les données, bien que les budgets destinés à la sécurité publique et à la police soient «proportionnellement moins importants» à Québec, la sécurité des vies et des biens de la population n’y est pas compromise pour autant.

Des pistes de solutions

Après avoir dévoilé ses résultats, le rapport de l’IRIS et de l’OIRQ invite à «s’interroger sur le véritable sens et le vrai motif du financement accru des services de police».

Il conclut en invitant à redéfinir la sécurité comme étant un «bien commun», la considérant ainsi comme un droit auquel aurait accès l’ensemble de la population sans distinction «au même titre et de la même manière».

«Il faut rediriger une partie des ressources de sécurité publique vers des programmes de services sociaux et communautaires tels que le logement social, l’éducation à la petite enfance et les services communautaires afin de prévenir la criminalité et diminuer les risques de dérapages lors d’interventions policières inopportunes», affirme Roberson Edouard.

L’étude fait aussi le lien avec la ville de Seattle aux États-Unis qui, en analysant les appels faits au service d’urgence, s’est aperçu que près de la moitié des appels au service de police auraient reçu une «réponse plus appropriée» s’ils avaient été dirigés vers d’autres services publics ou communautaires.

«Il serait fortement instructif de reproduire ce type d’analyse ici pour vérifier si l’on obtient des résultats similaires, explique Roberson Edouard. Les appels sont déjà enregistrés, il suffit de s’en servir.»

De son côté, la Fraternité des policiers et policières de Montréal n’a pas souhaité commenter l’étude.

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