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Il faut faire 29 577 $ pour avoir un revenu viable

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Photo: Istock

Il faudrait entre 25 128 $ et 34 814 $ pour qu’un ménage composé d’une personne seule puisse vivre hors de la pauvreté au Québec, en 2022, en fonction de l’endroit où l’on vit. C’est ce que rapporte la 8e édition de l’étude sur le revenu viable publiée aujourd’hui par l’Institut de recherche et d’informations socioéconomiques (IRIS). L’étude montre l’impact de l’inflation et l’importance de l’accès au transport pour les plus démunis.

L’étude s’est intéressée à sept municipalités québécoises. Pour ce qui est de Montréal, le revenu viable pour une personne seule est de 29 577 $, comparativement à 28 783 $ en 2021. Il est de 41 692 $ pour un adulte avec un enfant en CPE. Pour deux adultes avec deux enfants en CPE, le revenu viable s’élève à 65 033 $.

La chercheuse à l’IRIS Julia Posca rappelle qu’une personne sur cinq vit sous le seuil du revenu viable au Québec.

Le revenu viable est une somme disponible après impôt qui permet à la population de vivre hors de la pauvreté. L’IRIS travaille sur ce seuil depuis 2015. Il calcule ainsi un panier de biens et services donnant accès à une vie digne.

«L’augmentation du salaire minimum de 13,50 $ l’heure à 14,25 $ l’heure en début de semaine est loin d’être suffisante pour atteindre le niveau du revenu viable, dit-elle. En travaillant à temps plein, il faut au moins 18 $ l’heure pour arriver. Dans certaines localités, ce taux horaire est insuffisant.»

Pour la porte-parole du Collectif pour un Québec sans pauvreté, Virginie Larivière, l’augmentation du revenu viable depuis l’année dernière s’est traduite par une plus forte insécurité alimentaire.

«Le symptôme le plus évident est l’explosion des banques alimentaires», dit-elle.

Un 500 $ insuffisant

Pour faire face à l’inflation, Québec offre une aide financière de 500 $ aux personnes ayant des revenus de 100 000 $ ou moins. L’IRIS conclut cependant que cette aide sera largement insuffisante.

«Il faudrait les bonifier et les ajuster en fonction de l’inflation plutôt que d’offrir un chèque ponctuel à tout le monde, déclare Julia Posca. Il faudrait que les protections sociales minimales offertes par l’État telles que l’aide sociale couvrent les besoins de base de façon prévisible et récurrente, et que le salaire minimum permette une sortie de la pauvreté.»

Le gouvernement aurait dû mieux cibler les personnes concernées par cette mesure, estime le Collectif pour un Québec sans pauvreté. Selon Virginie Larivière, l’argent investi par Québec dans cette mesure aurait pu être mieux dépensé.

«On a salué le fait que le gouvernement donne 500 $. Des gens qui peinent à couvrir leurs besoins de base vont avoir ce petit coup de pouce là mais, malheureusement, c’est tellement insuffisant et ça ne répond tellement pas aux besoins des gens qui sont en situation de pauvreté, dit Virginie Larivière. On a vu que parmi les plus pauvres de la société, il y en a qui n’ont pas vu la couleur de ces 500 $.»

L’importance de l’accès au transport

Alors que les prix de l’essence ont augmenté cette année, l’IRIS souligne le caractère indispensable des transports en commun. Il souligne que le calcul du revenu viable augmente «drastiquement» dans les localités où le transport en commun est limité.

«Si le service de transport en commun ne permet pas de faire ses déplacements quotidiens vers l’école, la garderie ou encore le travail, le revenu du ménage doit être suffisant pour couvrir l’achat d’une, voire deux voitures, et c’est là que le bât blesse», explique Julia Posca.

L’importance d’investir massivement dans les transports en commun est donc nécessaire en parallèle à la lutte contre les changements climatiques.

Bien que le réseau de transport en commun soit bien développé à Montréal, son coût peut avoir un impact sur les personnes les plus pauvres.

«On va toujours dire qu’à Montréal ça coûte moins cher qu’ailleurs, mais ça reste de grosses dépenses pour ce qu’on peut considérer comme un besoin de base», explique Virginie Larivière.

Les composantes du revenu viable pour un ménage composé d’une personne en 2022:

– Alimentation: 5504 $
– Vêtements: 1423 $
– Logement: 11 073 $
– Transport: 1086 $
– Soins de santé non remboursés: 1545 $
– Autres nécessités (téléphone, fournitures, vacances…): 8945 $

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