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Montréal se dote d’une «équipe tactique» pour le logement abordable

Photo: Josie Desmarais/Métro

Valérie Plante s’allie aux promoteurs immobiliers et aux organismes à but non lucratif pour créer une «équipe tactique» chargée d’accélérer le développement de logements abordables à Montréal. Ce comité d’expert pilotera les efforts pour atteindre les 60 000 logements abordables sur 10 ans promis par l’administration.

La mairesse de Montréal, Valérie Plante, en a fait l’annonce mercredi matin alors qu’elle faisait le point sur la stratégie de développement de logements abordables de la Ville. Elle était accompagnée par le vice-président du comité exécutif et responsable de l’habitation, Benoit Dorais.

Dans un contexte où la crise du logement touche plus que jamais les Montréalais et leur capacité à se loger, l’administration Plante-Ollivier estime notamment qu’il faut mettre en place de nouveaux outils pour améliorer et préserver l’abordabilité dans la métropole. «Il faut agir maintenant et avec force avant qu’il ne soit trop tard», a-t-elle affirmé.

La Ville de Montréal, avec ses partenaires, on va avoir une meilleure prise sur le prix des logements locatifs et privés, et ce, sur une longue période. Je parle de 40 ans minimum.

Valérie Plante, mairesse de Montréal

Brocolini et Angus, entre autres

Cette «équipe tactique» pour le logement abordable sera composée d’acteurs issus de milieux variés du secteur de l’habitation. On y trouvera notamment des gestionnaires et des promoteurs, mais aussi des personnes venant des institutions financières et des fonds de développement.

Elle sera coprésidée par Roger Plamondon, président du Groupe Immobilier Broccolini, et Édith Cyr, directrice générale de l’entreprise d’économie sociale Bâtir son quartier. Parmi les autres membres se trouvent la Caisse d’économie solidaire et la Société de développement Angus.

Cette démarche de concertation permettra d’élaborer de nouveaux modèles de développement, d’établir de nouveaux partenariats et de proposer des solutions pour s’assurer que les ménages montréalais puissent trouver un toit répondant à leurs besoins et respectant leur capacité à payer. 

Plus précisément, le comité d’experts se penchera sur quatre chantiers de travail thématiques, soit la stratégie foncière et immobilière de la Ville de Montréal; la fiscalité et le financement des projets; la facilitation des projets et les évolutions réglementaires; ainsi que le rôle et les mandats de la Société d’habitation et de développement de Montréal (SHDM).

D’ici cet automne, des projets pilotes vont débuter afin de faire émerger de nouveaux modèles de développement de logements abordables. Les premières rencontres des différents comités sont prévues pour la fin du mois de juin 2022. Un rapport d’étape des activités des comités sera publié au début de 2023.

Trop peu, trop tard?

De son côté, l’opposition officielle à la Ville de Montréal déplore que, après cinq ans au pouvoir, Valérie Plante en soit encore «à l’étape des discussions plutôt que d’offrir un toit aux Montréalais et Montréalaises».

Le chef d’Ensemble Montréal, Aref Salem, se serait attendu à des actions concrètes de la part de Projet Montréal plutôt que de simplement créer des comités. «La mairesse n’arrive même pas à définir de ce qu’est un logement abordable alors qu’elle en promet des milliers. À ce compte-là, tout peut être calculé comme du logement abordable pour remplir sa promesse», a-t-il déclaré.

Le Front d’action populaire en réaménagement urbain (FRAPRU) souligne d’ailleurs que les besoins en logements sociaux sont urgents. Donc, pour que cette offensive visant à s’attaquer à la crise de l’abordabilité donne des résultats, il faut s’assurer que les logements construits ou acquis répondent à ceux-ci, pense la porte-parole du FRAPRU, Véronique Laflamme.

Elle rappelle que les logements dits abordables construits par le privé sont quand même trop chers pour la moyenne des ménages locataires montréalais. En effet, selon les données du FRAPRU, leur revenu moyen est de 38 800$, tandis que celui des 100 000 ménages montréalais qui ont des besoins impérieux de logement est de 18 367$.

«Malgré nos demandes en ce sens durant la campagne électorale et après, la Ville n’a toujours pas précisé la part du 60 000 logements abordables qui sera sociale ou communautaire, hors marché privé et ça c’est crucial pour se doter des bons outils», déplore Mme Laflamme.

Depuis le début du premier mandat de l’administration Plante, la Ville de Montréal compte 12 000 nouveaux logements sociaux qui sont soit déjà habités, soit en construction ou encore en développement.

Le FRAPRU souhaite que la Ville réponde en priorité aux besoins des locataires à modestes revenus qui vivent durement les conséquences de la hausse des loyers et du mal-logement, en retirant des unités du marché, par exemple avec un programme d’achat-rénovation, ou en développant de nouvelles unités dans les premiers projets pilotes.

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