Soutenez

Les vues du CRACH: l’embourgeoisement sous les feux de la rampe

Photo: Gracieuseté, Iulia Nastase

Le Collectif de recherche et d’action sur l’habitat (CRACH) présente, en novembre, trois projections de films portant sur les études urbaines au Cinéma Moderne.

Ce collectif entend répondre à certaines des insatisfactions qu’il perçoit dans ce domaine de recherche. Depuis sa fondation, le CRACH tente donc de contribuer «de manière indépendante à la connaissance des phénomènes liés aux évolutions du capitalisme urbain» et vise ainsi à «proposer un ensemble d’alternatives politiques et sociales».

Avec son festival Les vues du CRACH, il souhaite souligner, par la diffusion de documentaires d’actualité, «l’importance de se mobiliser pour le droit au logement et la défense des locataires», indique par courriel la chercheuse principale du collectif, Violaine Jolivet. L’embourgeoisement de quartiers de Montréal – et de Marseille – est assurément le protagoniste des films à l’affiche.

Le 8 novembre dernier, l’établissement du boulevard Saint-Laurent projetait les deux premières œuvres du court festival. Le documentaire de Iulia Nastase, HOMA ou Hochelaga? se penche sur la mixité sociale et l’embourgeoisement du quartier Hochelaga. Au travers d’entretiens avec des résidents, des élus et des organismes locaux, Mme Nastase nous amène à la rencontre de la réalité d’un quartier qui s’embourgeoise.

La genèse du film HOMA ou Hochelaga? remonte à 2014 quand, en arrivant à Montréal, Iulia Nastase trouve une chambre dans «le coin pauvre d’Hochelaga». Elle n’est pas chauffée et n’a pas de fenêtre: les propriétaires ont divisé une chambre en deux pour faire plus de place. Vivant la réalité du quartier, au fil du temps, elle se demande «d’où vient ce besoin de faire à tout prix du profit sur le dos des locataires».

Les années passent et «des gens nouveaux, mieux habillés» arrivent dans le quartier. Les élus se mettent à parler de «mixité sociale». Dans son documentaire, Mme Nastase démystifie le concept lors d’un tournage s’étalant de 2019 à 2021. Elle amène le spectateur à la rencontre des habitants d’Hochelaga et des enjeux liés au quartier.

Le moyen métrage La clef de friches, réalisé par TRAMES, suivait la première projection. Ce film offre un regard critique sur deux friches industrielles reconverties en espaces verts «qui s’avèrent être des projets déconnectés des besoins locaux des populations tout en favorisant l’embourgeoisement». On parle ici du Campus MIL dans Parc-Extension et du parc Frédérick-Back dans Saint-Michel.

Ce n’est pas la cinématographie qui est mise de l’avant par ces deux documentaires, mais plutôt les recherches fondamentales qui en constituent les bases. En plus des thématiques générales abordées, les deux films présentés aux vues du CRACH ont en commun la recherche académique sur lesquels les récits sont fondés.

TRAMES, à qui on doit la réalisation de La clef des friches, est un laboratoire du Département de géographie de l’Université de Montréal, alors que le film de Iulia Nastase est le résultat d’un mémoire de maîtrise en géographie, réalisé à l’UdeM également. «Le message vient d’une artiste engagée», dit la maître en géographie.

Il est temps que les politiques et la société civile commencent à prendre au sérieux les implications dramatiques que la gentrification a sur la population locale des quartiers montréalais.

La réalisatrice d’HOMA ou Hochelaga, Iulia Nastase

«Le droit au logement est un droit fondamental à une vie décente», dit celle qui refuse de laisse l’enjeu quitter le cœur des débats sociopolitiques.

«Aux dernières élections, les élus ont évité de parler de cette problématique épineuse qu’est la crise du logement, critique-t-elle, mais nous […] sommes là et nous allons continuer à pointer du doigt le manque d’action et d’humanité de la part de nos politiques.»

Quand est-ce que vous allez ouvrir vos oreilles pour vraiment entendre la voix du peuple qui vous a réélu?

La réalisatrice d’HOMA ou Hochelaga, Iulia Nastase, s’adressant aux élus

Le 15 novembre prochain, c’est le documentaire La bataille de la plaine, portant sur la réappropriation d’un quartier de Marseille contre «un projet de requalification prévu par la municipalité», qui sera projeté. Le 22 novembre, Les vues du CRACH braqueront à nouveau les projecteurs sur Montréal lors de la projection de Je me souviens du temps où personne ne joggait dans ce quartier, un documentaire sur l’embourgeoisement de Parc-Extension.

Inscrivez-vous à notre infolettre et recevez un résumé, dès 17h, de l’actualité de Montréal.

Articles récents du même sujet

Mon
Métro

Découvrez nos infolettres !

Le meilleur moyen de rester brancher sur les nouvelles de Montréal et votre quartier.