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Itinérance: le communautaire en demande plus

Photo: iStock

Dévoilé il y a quelques jours par le CIUSSS du Centre-Sud-de-l’Île-de-Montréal (CCSMTL) et la Ville de Montréal, le plan d’actions concertées pour l’itinérance montréalaise ne fait pas l’unanimité auprès du milieu communautaire. Ce dernier demande davantage de places en hébergements d’urgences et plus de logements culturellement sécurisés.

La vice-présidente développement social à Centraide Grand Montréal, Marie-Lyne Brunet, salue la vision à plus long terme de ce plan contrairement à ceux présentés antérieurement. Elle soutient cependant la nécessité d’adopter une vision plus globale de l’itinérance pour comprendre les différents visages qu’elle peut prendre.

«C’est un premier pas, car c’est un soutien à plus long terme que les dernières mesures hivernales […], mais il faut vraiment aller plus loin pour que ça donne un réel impact et qu’on n’ait pas à refaire systématiquement la même chose chaque année, dit-elle. Des fois, quand on lance des plans très ciblés, ça manque un peu de vision globale sur ce qui amène ces personnes-là à la rue».

Marie-Lyne Brunet appuie l’importance de créer plus de places en services d’hébergement d’urgence (SHU) et la nécessité de développer davantage de services adaptés aux réalités des personnes et à leurs besoins spécifiques. Cela passe notamment par plus de ressources pour les personnes avec des animaux, les couples, les personnes victimes de discriminations et les membres des communautés autochtones.

Selon elle, les institutions ont besoin d’entendre les préoccupations et les besoins grandissants du milieu communautaire tout en leur donnant plus de moyens.

Il faut que le milieu communautaire soit autour de la table, mais il faut aussi lui donner les moyens d’être autour de la table.

Marie-Lyne Brunet, vice-présidente développement social à Centraide Grand Montréal

Des centaines de lits demandés

Au total, le plan prévoit 1623 places en services d’hébergement d’urgence. Pour la directrice du Réseau d’aide aux personnes seules et itinérantes de Montréal (RAPSIM), Annie Savage, ce plan ne reflète pas la réalité du terrain et n’apporte «rien de nouveau sous le soleil» face à un nombre de places en hébergement d’urgence nettement insuffisant.

«[1623 places] c’est à peu près le même nombre qu’on avait au plus haut de l’hiver dernier et on se rappelle que la situation était critique, les ressources débordaient et les besoins n’étaient pas répondus, dit-elle. Ce n’est qu’une bonne vieille stratégie du CIUSSS qui a servi du réchauffé pour détourner le vrai message».

Selon Annie Savage, ce sont des centaines de places supplémentaires qu’il faudrait ajouter pour répondre adéquatement à la demande. Elle pointe aussi du doigt le manque d’imputabilité dans ce plan à l’égard de la Ville et du CCSMTL.

«À un moment donné, il faut trouver des solutions et ça ne peut pas juste reposer sur les épaules du réseau communautaire qui est saturé et à bout de souffle, ajoute-t-elle. Il faut que la Ville arrête de dire que c’est la responsabilité du provincial pour agir […] et il faut que ce dernier arrête d’attendre après Montréal pour libérer des locaux».

Le plan prévoit aussi la mise en place d’un «outil web» pour surveiller en temps réel les places disponibles dans les différents refuges. Il permettra de diriger les personnes là où on peut les accueillir via un système de transport. Or, Annie Savage rappelle qu’un système de navette existe déjà. Selon elle, l’«outil web», bien qu’il permettra de connaître les places disponibles dans les différentes ressources, ne permettra pas forcément de trouver une place qui répond aux besoins et aux réalités de chacun.

Plus de logements culturellement sécurisés

La directrice générale de Projets autochtones du Québec (PAQ), Heather Johnston voit aussi chaque soir ses refuges remplis au maximum de leur capacité. Selon elle, il y a un besoin criant de logements culturellement sécurisés pour répondre aux besoins des personnes autochtones.

«En plus du manque de lit dans les refuges il y a un manque de logement permanent avec des services culturellement sécurisés pour la communauté autochtone, dit-elle. La raison pour laquelle on est débordé dans le refuge, c’est qu’on n’a pas de logements où mettre les gens, tout le monde en cherche un, car personne ne veut être dans un refuge».

Cette année, seulement cinq places en logements subventionnées auraient été mises à sa disposition pour les 500 personnes qui fréquentent ses deux refuges.

La directrice aimerait voir davantage de logements où les personnes sont accompagnées dans leur processus de réintégration notamment via de l’aide en santé mentale. Heather Johnston déplore des financements qui ne vont pas au-delà de 2024, ce qui s’ajoute à un manque de main-d’œuvre qui touche sévèrement le milieu communautaire.

«La plus grande crise, quelque soit le budget que l’on m’envoie, c’est la pénurie d’intervenants, il est presque impossible de recruter un intervenant qualifié et expérimenté […] même pour du personnel administratif, c’est un casse-tête, dit-elle. Dans nos services, on est au bout du rouleau».

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