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Exclusif – des condoms gratuits dans les cégeps

Des condoms externes et internes seront distribués aux communautés étudiantes d’une dizaine de cégeps. Photo: Unsplash, Reproductive Health Supplies Coalition

Il sera bientôt possible de retrouver des distributrices à préservatifs gratuits, tant externes qu’internes, dans une dizaine de cégeps montréalais, a appris Métro. Cette initiative est un des maillons de Parties de plaisir, une campagne plus globale de promotion d’une sexualité saine et de prévention des infections transmises sexuellement et par le sang (ITSS) chez les jeunes âgés de 18 à 25 ans.

Cela fait environ un an que Parties de plaisirs mijote, depuis que la DRSP a fait un premier test auprès de la communauté étudiante du Cégep du Vieux Montréal. Contributrice à l’implantation du projet pilote, la sexologue Myriam Daguzan Bernier témoigne de la réception positive constatée chez les jeunes.

«Les étudiants et les étudiantes sont très contents. Les jeunes disent: ‟vous nous offrez des condoms gratuitement, donc vous nous faites confiance qu’on va se protéger et vous reconnaissez qu’on a une sexualité”», mentionne-t-elle.

Cette campagne serait d’autant plus nécessaire en contexte postpandémique. Il est temps de remettre les projecteurs vers la prévention et le dépistage des ITSS chez les jeunes, selon la sexologue, qui avait été naturellement laissé dans l’ombre par la santé publique durant la période de confinement.

«Les adolescents et les jeunes adultes ont été particulièrement touchés par la pandémie. C’est une volonté de les intégrer dans une approche globale d’une santé saine, d’une pratique sexuelle sécuritaire. C’est aussi une façon pour que la santé publique ait un autre discours que: ‟Hey! Protège-toi de la covid”».

À quand la gratuité au Québec?

En France, les préservatifs «masculins» seront désormais gratuits en pharmacie pour les jeunes âgés de 18 à 25 ans ainsi que pour les mineurs, dès le 1er janvier 2023. La mise en place éventuelle d’un projet pilote de distribution de condoms externes et internes dans des cégeps par la Direction régionale de la santé publique (DRSP) de Montréal porte à croire que le Québec emboîtera le pas à la France.

En plus d’en faciliter l’accès, Myriam Daguzan Bernier croit aussi que la gratuité peut tendre à démystifier le port du préservatif lors de relations sexuelles.

«C’est sûr que s’il y a une gratuité, ça va probablement encourager son utilisation. C’est moins de frais, c’est accessible, c’est plus facile. Si tu as de la difficulté à le manipuler, tu en as peut-être pris une poignée et tu en as d’autres. Ça ne te coûtera pas de sous d’essayer.»

Moyen de contraception et de protection contre la transmission des ITSS, l’attrait du préservatif repose aussi dans le fait qu’il s’adapte à une certaine mouvance observée ces dernières années chez certaines femmes qui délaissent la contraception hormonale au profit de méthodes dites «plus naturelles», souligne la sexologue.

Effet boule de neige

Bien qu’il soit seulement au stade «d’essai» , la sexologue Myriam Daguzan Bernier perçoit déjà à l’horizon les débats indissociables de la mise en œuvre d’un tel projet.

«Si on donne des condoms, pourquoi ne pas aussi donner des serviettes hygiéniques gratuitement? Ça va tout le temps soulever des débats sur le partage des biens et l’équité dans les services et dans le matériel offerts pour la santé sexuelle et l’hygiène», avance-t-elle.

«C’est un début, concède pour sa part la directrice de Grossesse-Secours, Josiane Robert. C’est le moyen de contraception le plus facile à donner, on ne se le cachera pas, mais il ne faut pas s’arrêter au condom. L’idéal, ce serait que les moyens de contraception soient gratuits au Québec.»

Outre la distribution de condoms gratuits, un volet de sensibilisation est prévu, notamment à travers les réseaux sociaux, et des blitz de dépistage dans les cégeps seront organisés.

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