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«Tout est possible» pour les minorités visibles, croit Fady Dagher

Le chef du SPVM participait, dimanche dernier, à une cérémonie de célébration du Mois de l'histoire des Noirs par des agents et employés civils noirs de la police de Montréal. Photo: Jean Numa Goudou/Métro

Dans les années 1990, le jeune Fady Dagher est envoyé au Québec par son père, homme d’affaires ivoirien d’origine libanaise, pour y suivre des études en comptabilité et gestion afin de pouvoir reprendre l’entreprise familiale. Celui qui est aujourd’hui numéro un de la police de Montréal a alors 17 ans et ne rêve absolument pas d’une carrière dans les forces de l’ordre, jure-t-il en entrevue avec Métro.

Un jour, le jeune étudiant, qui travaille dans un magasin pour avoir un peu d’argent de poche, voit arriver un policier, bien pimpant dans son uniforme.

Je me suis dit: wow! Je lui ai demandé si je pouvais patrouiller avec lui et il m’a dit oui. Et j’ai eu la piqûre; c’était le coup de foudre!

Fady Dagher, directeur du SPVM

Grâce au programme conventionnel du Service de police de la Ville de Montréal (SPVM), une fois ses études terminées, Fady Dagher entre au sein de la police en 1992. Il y gravira les échelons jusqu’à la tête de l’institution.

Au Bureau de la communauté haïtienne de Montréal (BCHM), où Métro l’a rencontré lors d’activités avec des policiers noirs dans le cadre du Mois de l’histoire des Noirs, la salle fourmille d’agents en uniforme. La majorité des agents présents sont eux aussi passés par le programme conventionnel.

Des designers de chez Jacob’s, des ingénieurs, des sociologues, des comptables, des enseignantes de français qui portent l’uniforme et une arme à la ceinture aujourd’hui.

Cela ne m’étonne pas et, d’ailleurs, c’est très intéressant qu’ils arrivent avec un bagage utile à la fonction policière, car nos familles s’attendent à ce qu’on fasse tout sauf être policier, en raison de nos pays d’origine.

Fady Dagher, directeur du SPVM
Fady Dagher dans son «costume de EMBA» de l’Université McGill-HEC

«Obama en 2008»

Fady Dagher détient une maîtrise en administration des affaires pour gestionnaires (EMBA) de l’Université McGill-HEC. Il cumule presque 30 ans d’expérience dans le milieu policier. Il a été patrouilleur, enquêteur et superviseur avant de devenir gestionnaire, avec un goût pour l’innovation qui l’a amené à mettre en place des pratiques et des projets d’amélioration du service à la clientèle, mais aussi pour mieux faire connaître la fonction policière.

C’est en 2008, à la suite de l’élection de Barack Obama comme président des États-Unis, qu’il commence à rêver à la tête du SPVM. «Le jour de son élection, mon papa, qui était mon mentor, m’appelle avec sa voix sérieuse de vieux sage et il me dit: Fady, maintenant, tout est possible. Et depuis lors, j’envisageais de devenir le chef de la police de Montréal, je commençais doucement à me préparer», raconte le directeur.

Un écriteau avec cette phrase, «Tout est possible», est d’ailleurs bien visible dans le bureau de Fady Dagher, au grand quartier général de la police.

Fier de ses racines

Mais Fady Dagher n’est cependant pas au bout de ses peines comme minorité visible, lui à qui l’on reproche encore d’avoir obtenu ce poste en raison de son appartenance à cette catégorie de la population. «Je déteste cela», lance-t-il sans filtre.

On m’a dit: ah, Fady, tu as été choisi chef de police parce que tu fais partie des minorités visibles. J’ai dit: pardon?

Fady Dagher, directeur du SPVM

«Je suis très fier de faire partie des minorités visibles, très fier de mes racines, très fier si cela donne espoir aux communautés culturelles, mais allez voir mes compétences, ce que j’ai fait dans ma carrière et j’ai dû bûcher deux fois plus pour réussir», conclut l’actuel chef du SPVM.

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