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Fermeture des frontières: une crise des systèmes d’accueil

Le milieu communautaire accueillant les demandeurs d’asile est à bout de souffle. La Coalition interquartier pour les demandeurs d’asile a dénoncé la fermeture des frontières et a lancé un cri du cœur pour accueillir dignement les demandeurs d’asile, lors d’une conférence de presse tenue le 4 avril.

Les différents paliers de gouvernement doivent adopter une politique d’hospitalité et «respecter le droit d’asile, conformément aux obligations internationales», demande la Coalition.

«Nous n’avons pas une seule fois dit qu’il faut barricader la frontière, que nous n’avions pas de place», souligne pour sa part le coordonnateur de la Coalition montréalaise des tables de quartier (CMTQ), Yves Bellavance. Il fait ici référence à l’appel à l’aide lancé par la Coalition en janvier «pour avoir les moyens d’accueillir les personnes qui demandent la protection de notre pays».

Nous avons la capacité d’accueil qu’on veut bien se donner.

Yves Bellavance, coordonnateur de la CMTQ

Le Canada et le Québec sont capables d’accueillir des réfugiés et l’ont démontré en accueillant quelque 190 000 Ukrainiens, ont fait valoir les différents groupes membres de la Coalition. Ces derniers accueillent des personnes avec différents statuts migratoires dans 14 arrondissements de Montréal.

Les membres de la Coalition ont souligné la très bonne réputation que le Canada entretient à l’international. Selon eux, le traitement réservé aux demandeurs d’asile n’y fait cependant pas honneur.

Ce ne serait pas une question de racisme qui serait à l’origine de cette position à l’égard des migrants, mais plutôt une fermeture vis-à-vis d’un statut migratoire, souligne la coordonnatrice concertation et partenariats au Centre social d’aide aux immigrants (CSAI), Sylvie Guyon.

La Coalition est unanime: la perception selon laquelle les migrants seraient des nuisances doit changer.

Cinq demandes aux gouvernements

La Coalition a réitéré les cinq demandes qu’elle avait adressées aux gouvernements en janvier dernier. Elle exige d’abord que les gouvernements assurent le financement des organismes à mission communautaire dans l’ensemble des quartiers, car «c’est l’ensemble des secteurs qui sont touchés par [cette crise du système d’accueil]», explique Jonathan Roy, de la Coalition montréalaise des tables de quartier.

La décision de 1996 du Conseil des ministres du Québec qui empêche les demandeurs d’asile d’avoir accès aux services publics doit également être annulée, fait valoir M. Roy.

La Coalition interquartier demande également que le gouvernement du Québec rende les demandeurs d’asile admissibles à tous les services du Programme d’accompagnement et de soutien à l’intégration (PASI). Les personnes ayant ce statut migratoire n’ont actuellement pas accès à des services de garde, un manque qui aurait un impact direct sur leur intégration et sur leur employabilité.

Le soutien juridique aux demandeurs d’asile doit également être renforcé, dit la Coalition. «Quand ils arrivent ici, ils sont dans des situations juridiques compliquées», rappelle M. Roy. Les accompagner juridiquement favoriserait leur intégration, soutient-il.

Finalement, la Coalition demande à ce qu’un «dispositif d’hébergement transitoire» soit mis en place, la crise vécue par le système d’accueil étant notamment exacerbée par la crise du logement ainsi que l’insécurité alimentaire.

La fermeture des frontières, un coup d’épée dans l’eau?

«Les coûts que vont engendrer la surveillance de la frontière, l’arrestation ainsi que la détention de milliers de familles dépasseront de loin les coûts de la gestion du chemin Roxham», martèle le directeur de la Table de concertation des organismes au service des personnes réfugiées et immigrantes, Stephan Reichhold.

Dans une décision datant de 1985, la Cour suprême a statué que les demandeurs d’asile sont protégés par la Charte canadienne des droits et libertés. Or, en fermant les frontières et en élargissant l’Entente sur les tiers pays sûrs (ETPS) sans offrir suffisamment de moyens aux organismes sur le terrain, les gouvernements ne respecteraient pas cette décision de la plus haute instance juridique du pays.

L’élargissement de l’ETPS et la fermeture du chemin Roxham iraient également à l’encontre du principe fondamental du non-refoulement de la Convention de Genève, ratifiée entre autres par le Canada. C’est ce que revendiquent les organismes membres de la Coalition.

«Réaffirmons le soutien au droit d’asile», scande la coordonnatrice concertation et partenariats au CSAI, Sylvie Guyon.

Cette décision de resserrer l’ETPS ressemble plus à une mesure de création d’emplois pour les réseaux internationaux de passeurs criminels qu’à une solution pour mieux gérer l’arrivée des personnes en quête de protection au Canada.

Stephan Reichhlod, directeur de la Table de concertation des organismes au service des personnes réfugiées et immigrantes

La Coalition a lancé un appel à l’aide en janvier dans le but d’avoir plus de moyens et plus de financement pour accueillir les demandeurs d’asile. En février, Québec a débloqué 3,5 M$ pour soutenir les organismes sur le terrain. De ce montant, des organismes ont obtenu 75 000$. Une somme avec laquelle on ne fait pas de miracles, soutiennent les représentants de la Coalition.

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