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Des lacunes dans l’entretien des bâtiments patrimoniaux à Montréal

L'édifice patrimonial William-Watson-Ogilvie. Photo: Wikicommons, Jeangagnon

La Ville de Montréal ne dispose pas d’une connaissance «complète» des bâtiments patrimoniaux sur son territoire et de leur état de conservation, déplore sa vérificatrice générale.

Les bâtiments patrimoniaux municipaux ne sont pas recensés ni qualifiés de façon uniforme, ce qui limite les interventions pour les maintenir en état et les remettre en valeur, conclut la vérificatrice de Montréal, Michèle Galipeau, dans son rapport annuel déposé lundi au conseil municipal. Il n’existe aucun standard d’entretien ni programme d’entretien préventif spécifiques aux bâtiments patrimoniaux, constate-t-elle également.

L’inventaire de la Ville ne recense que 2654 bâtiments patrimoniaux municipaux et privés à Montréal, alors que le Bureau de la vérificatrice générale estime qu’il y a environ 87 000 bâtiments construits avant 1940 sur le territore.

Le déficit d’investissement, le manque d’entretien des bâtiments patrimoniaux municipaux et l’insuffisance d’incitatifs au maintien en bon état des bâtiments patrimoniaux privés accentuent la vulnérabilité de certains d’entre eux et peuvent mener à leur perte.

Extrait du rapport annuel de la vérificatrice générale de la Ville de Montréal

En ce qui concerne les bâtiments patrimoniaux appartenant à des propriétaires privés, les mesures de la Ville pour assurer leur maintien en bon état sont insuffisantes, indique Mme Galipeau. La Ville ne serait pas en mesure d’identifier avec précision lesquels de ces immeubles sont vacants ou en mauvais état.

«Ce manque d’entretien affecte l’état de conservation et la valeur du parc immobilier de la Ville qui nécessiteront des interventions de restauration plus importantes et plus coûteuses dans le futur», affirme Mme Galipeau dans son rapport, craignant des démolitions partielles ou totales. «À terme, ce manque d’entretien se répercutera également sur la transmission des bâtiments patrimoniaux aux générations futures.»

Malgré tout, la vérificatrice générale note que la Ville a entrepris des démarches pour recenser les bâtiments municipaux et privés datant d’avant 1940 sur le territoire de l’agglomération d’ici 2026, pour se conformer à des nouvelles dispositions de la Loi sur le patrimoine culturel.

Un «travail titanesque», admet la Ville

Identifier les quelque 85 000 bâtiments patrimoniaux manquants dans son inventaire d’ici 2026 sera un «travail titanesque», a reconnu la présidente du comité exécutif de la Ville de Montréal, Dominique Ollivier, mardi, en conférence de presse. Réussir à trouver les ressources et la main-d’œuvre pour faire un recensement exhaustif d’ici trois ans «sera un défi», a-t-elle ajouté.

Comment la Ville compte-t-elle s’attaquer au déficit d’entretien constaté par la vérificatrice générale? «C’est la question qui tue», a admis Mme Ollivier.

On fait de notre mieux. On prend nos responsabilités, mais il faut gérer selon la capacité de payer des Montréalais.

Dominique Ollivier, présidente du comité exécutif de la Ville de Montréal

Une remise en état exhaustive du parc immobilier patrimonial de la Ville coûterait plusieurs milliards, a-t-elle souligné. «Jusqu’à quel point peut-on augmenter les taxes?»

Par ailleurs, rappelons que la Ville de Montréal a resserré la vis aux propriétaires de bâtiments vacants, patrimoniaux ou non, en proposant des modifications à son Règlement sur l’occupation et l’entretien des bâtiments la semaine dernière. Les propriétaires auront l’obligation d’inscrire leur bâtiment vacant dans un registre, au risque de se voir imposer une amende pouvant aller jusqu’à 250 000 $. Environ 150 des 800 immeubles vacants sur le territoire montréalais seraient des bâtiments patrimoniaux, selon la Ville.

La présidente du comité exécutif de la Ville de Montréal, Dominique Ollivier, et le directeur général de la Ville de Montréal, Serge Lamontagne. Nicolas Monet/Métro.

Un portrait «très alarmant» selon l’opposition

Le portrait de la vérificatrice générale est «très alarmant», a fustigé le conseiller d’Ensemble Montréal, Abdelhaq Sari.

Le déficit d’entretien des bâtiments des bâtiments patrimoniaux municipaux représente plus de la moitié du déficit total d’entretien des bâtiments du Service des immeubles de la Ville de Montréal, a-t-il souligné. «On n’a pas vraiment l’argent pour gérer ce déficit-là.»

Le conseiller du district Marie-Clarac a également vivement critiqué le manque de proactivité de l’administration de Projet Montréal, qui serait en «réaction».

«L’inventaire des bâtiments patrimoniaux est une obligation légale du Québec et on ne l’a même pas présentement, a-t-il affirmé. Projet Montréal ne l’aurait pas fait de son propre chef sinon.

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