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Encore bien du chemin à faire pour le vélo à Montréal

L’utilisation du vélo à Montréal est en constante progression. L’étude intitulée L’état du vélo au Québec en 2005 révèle que le nombre de Montréalais qui utilisent leur bicyclette comme mode de transport ne cesse d’augmenter.

Les «cyclistes utilitaires», – c’est ainsi que l’on nomme ceux qui ont troqué la voiture pour le vélo -, ne l’ont pourtant pas toujours facile. Le réseau cyclable montréalais présente des faiblesses qui peuvent rebuter les non-initiés tentés par l’expérience du cyclisme utilitaire.

«Le dossier du cyclotourisme a beaucoup bougé au cours des dernières années, mais celui du cyclisme utilitaire stagne un peu, a indiqué à Métro Roger Sarazin, fondateur de l’organisme Vélo quatre saisons (V4S), qui cherche à encourager et à développer le cyclisme utilitaire. C’est bien beau de dire qu’on peut traverser le Canada en vélo sur une piste cyclable, mais quand vient le temps d’en faire tous les jours, c’est loin d’être évident.»

À Montréal, quelque 110 000 personnes utilisent leur vélo comme mode de transport principal, ce qui correspond à environ 8 % de la population. À ce nombre s’ajoutent les 131 000 personnes (10 % de la population) qui ont adopté le vélo comme mode de transport occasionnel. En tout, 241 000 Montréalais (18 % de la population) utilisent le vélo pour se déplacer.

«On a remarqué une augmentation notable du nombre de cyclistes utilitaires au cours des dernières années, a noté Patrick Howe, directeur des relations publiques pour Vélo-Québec. Pourtant, le réseau cyclable montréalais n’a pas évolué beaucoup en 20 ans.»

Pistes cyclables recherchées
Montréal compte près de 400 km de pistes cyclables, mais le réseau présente plusieurs failles. «Les gens qui travaillent à Montréal ont souvent de la difficulté à faire le trajet en vélo entre leur demeure et leur lieu de travail, particulièrement s’il n’est pas situé au centre-ville», a fait remarquer Roger Sarazin.

M. Sarazin, qui réside à Bois-des-Filion, se rend régulièrement en vélo à l’Institut Teccart, situé sur la rue Hochelaga, où il travaille. Le trajet de 24 km en voiture se rallonge de 10 km en vélo.

«En ce moment, pour se rendre de façon sécuritaire d’un point A à un point B, il faut sortir une carte et trouver un chemin qui passe par des pistes cyclables et des petites rues, a-t-il dit. Les trajets finissent souvent par être plus longs et assez compliqués.»

Richard Bergeron, chef du parti Projet Montréal et fervent adepte du vélo, croit d’ailleurs que l’état du réseau cyclable montréalais empêche plusieurs cyclistes d’utiliser davantage leur vélo pour se déplacer.

«Les pistes cyclables sont nécessaires à Montréal pour passer d’un cyclisme d’exception à un cyclisme banal, a-t-il déclaré. Avec l’ajout de pistes cyclables, le pourcentage de gens qui utiliseraient épisodiquement leur vélo atteindrait 30 % ou 35 %. Et le nombre de personnes qui utiliseraient leur vélo tous les jours triplerait.»

En plus du nombre de pistes cyclables jugé insuffisant, l’un des principaux problèmes du réseau cyclable montréalais est le manque de raccordement entre les différents arrondissements de la ville.

«Les arrondissements qui sont mal liés au centre-ville constituent un vieux problème, a rappelé Patrick Howe. Ça fait longtemps qu’on presse la Ville pour qu’elle règle le problème. On sait que la Ville est en train de préparer un plan pour répondre à nos demandes. L’annonce devrait être faite incessamment, peut-être au printemps.»

Des solutions?
Le Plan de transport 2007 de la Ville de Montréal prévoit plusieurs interventions sur le réseau cyclable, dont certaines ont déjà été entamées. La Ville prévoit entre autres quintupler le nombre de places de stationnement pour vélos.

L’une des premières actions entreprises par la Ville sera de doubler la superficie du réseau cyclable pour la faire passer à 800 km d’ici cinq à sept ans. Quoique a priori de bon augure, ce Plan soulève certains questionnements au sein de la communauté.

«Il faut aller plus loin, a nuancé Patrick Howe. Il faudrait par exemple implanter des mesures d’apaisement de la circulation, en réduisant la vitesse des voitures à 40 km/h  dans les rues, par exemple.»

«J’ai jugé le Plan de transport très sévèrement quand il a été déposé, a ajouté Richard Bergeron. On parle de construire 400 km de pistes cyclables, mais 1 km de piste coûte 1,5 M$. Pourtant, je n’ai jamais entendu dire qu’on injecterait 600 M$!»

M. Bergeron a ainsi émis de sérieux doutes sur ce que la Ville entend offrir aux cyclistes. «Ça ne donne rien de peinturer des lignes par terre comme on vient de le faire sur la rue Viger, a-t-il affirmé. Ça ne coûte pas grand-chose à la Ville de peinturer l’asphalte, et après elle, se vante d’avoir ajouté des voies cyclables.»

La cohabitation entre les automobilistes et les cyclistes cause aussi certains maux de tête à ces derniers. «Malheu­reusement, on constate que les automobilistes sont rois, que les piétons viennent ensuite et qu’en bas de la liste, très loin, il y a les cyclistes.»

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